Le coup d'état de Macron oblige à réinventer une vraie politique classe contre classe !
Article rédigé par Brigitte Bouzonnie
1)- Alain Badiou écrit : "Je suis d'accord avec tout ça. Si on veut décrire le coup d'état de Macron du point de vue de sa signification de classe, on écrit ce que Marx a écrit à propos de Napoléon III dans "La lutte des classes en France" publiée en 1850...ça a été un peu la même chose. Car la légitimation du coup d'état est évidemment destinée, en dernier ressort, et dans les deux cas, à une mainmise renforcée et complète de la caste politique française, qui prend les formes qu'on a dites.
Beaucoup d'intellectuels sociodémocrates, j'en ai croisé récemment, ne veulent pas croire que ça se passe comme ça. Ils pensent que c'était une inéluctable modernisation de la vie politique française, livrée à des forces archaïques. Pour beaucoup de ces andouilles, qui sont aussi des malfaisants, il faut bien le dire, le côté "fondé de pouvoir du capital"des gouvernements n'est même pas un problème. Ils assument qu'un homme politique puisse être un larbin de l'oligarchie, en se disant que ça marche comme ça aujourd'hui. Mais en vérité, ils ont peur que reprenne la vraie politique, celle qui, la résurrection de la lutte entre les deux voies étant opérée, les obligerait à dire qui ils sont vraiment, et à ne pas s'abriter, sous prétexte de démocratie, derrière les fatalité de l'ordre existant"(sic) (Cf Éloge de la Politique, édition Café Voltaire-Flammarion, 2017).
2)-Brigitte Bouzonnie : "Il n'y a jamais que 2 partis à prendre : celui de la Bourgeoisie triomphante; celui des salariés victimes d'appauvrissement" disait en substance Paul Nizan. Et Elsa Triolet renchérissait : "les barricades n'ont que deux côtés". En 2018, il n'y a pas besoin d'être marxiste pour constater que la Classe dirigeante s'est emparée de la France pour la gérer et l'exploiter à son profit, comme il n'a pas été possible de le faire depuis les années noires de la Collaboration.
Claude Bourdet, grand résistant, écrivait : "Quand le vieux Maréchal pointait "les mensonges qui nous ont fait tant de mal", ce n'était pas seulement le socialisme et les efforts de justice du Front National, mais l'idée même d'égalité et de démocratie" (sic) (cf "L'aventure incertaine", édition du félin, 1998). Aujourd'hui, "les mensonges qui nous ont fait tant de mal" pour la Classe dirigeante, c'est le code du travail, l'emploi à vie des fonctionnaires, le principe même du suffrage universel "un homme, une voix" mis au rancart au profit du "vote utile" contre le FN, c'est à dire en fait, la mort du suffrage universel, tel qu'il a été conçu en 1848.
Le coup d'état démocratique opéré par Macron, larbin de l'oligarchie clarifie de façon extraordinaire le jeu politique actuel. Face aux contre réformes à marche forcée du nouveau pouvoir (réforme du code de travail, réforme de l'assurance chômage, réforme de l'enseignement supérieur, réforme des retraites…), -autant de milliards versés directement dans la poché des grands patrons du CAC40, qui n'arrivent plus à dépenser tout leur argent tellement ils en ont, comme le patron d'Amazon-, la seule stratégie possible, raisonnable, cohérente, est de se mobiliser toutes et tous contre Macron. Par tous les moyens.
C'est ce qu'écrivait hier mon amie Nathalie, et je partage son analyse 5 sur 5, lorsqu'elle dit : "On ne les (dirigeants de la FI) entend pas sur la pauvreté, le chômage, ou très peu. Les syndicats n'ont pas pu, pas voulu faire le coup de force que beaucoup espéraient. Ils avaient tout l'été pour organiser une grève dure à la 1995 pour la rentrée. Résultat = peanuts. Je vois de plus en plus de SDF. Je vois des jeunes, étudiants peut être, faire les poubelles. Je vois que tout augmente sur les biens courants. On supprime les emplois aidés ou on complique leur mise en application, et les associations caritatives (sur lesquelles l'Etat se défausse depuis des années) ne peuvent plus rien faire. Alors on attend quoi ? la précarité généralisée ? Non on veut une reprise en main sérieuse notamment de ceux qui sont supposés nous défendre" (sic).
Au lieu de quoi, Mélenchon, les autres élus et dirigeants de la FI ont abandonné de façon pusillanime le terrain de la critique sociale. Capitulant honteusement devant Macron à qui ils donnent du "Monsieur" large comme une avenue : ainsi Quatennens, invité mercredi soir de BFM-TV se félicite même d'être "d'accord avec Macron"(sic), pour reprendre son triste début d'intervention. De son côté, Mélenchon hier chez Pujadas, LCI, appelle de façon fugitive "à la lutte"(sic) : sans qu'on sache de quelle lutte et de quelles revendication il s'agit.
En vérité, la seule chose qui compte pour eux c'est d'être réélu, et donc de ne pas trop critiquer Macron. Ils laissent un boulevard au microbe Hamon, incapable de réfléchir par lui-même, juste bon à manger à tous les râteliers idéologiques du moment. Mais qui a le flair élémentaire de dénoncer la pauvreté actuelle : 15 millions de pauvres selon nos calculs, soit un taux de pauvreté de 30%, si on inclut les conjoints et les enfants, selon les chiffres du Secours Populaire.. Et les Dirigeants de la FI, au lieu de hurler au plagiat de ce petit voleur à la tire, le laissent faire comme s’il s’agissait d'une gaminerie de bac à sable sans importance.
Je maintiens ce que j'ai déjà écrit. Les jeunes (surtout les jeunes éduqués) sont demandeurs d'une offensive politique clairement anti Macron, anti système.
On nous impose aujourd'hui une société fondée sur l'hyper individualisme, où chacun est livré à soi-même. Les gens sont malades de la société libérale. A vouloir un individu "hyper moderne", la société 2017 crée une bipolarisation de l'individu contemporain : ceux qui souffrant des névroses du trop plein : l'individu conquérant totalement préoccupé par sa quête forcenée de réussite sociale. Et ceux qui souffrent de la névrose du trop vide : le chômeur désaffilié socialement.
En réponse au chômage et à la pauvreté de masse, il faut créer des millions d’emplois : d’abord pour reconstruire un secteur industriel digne de ce nom. On rappelel que depuis 1974, le secteur de l’industrie a perdu 2,5 millions d’emplois souvent qualifiés. Mais aussi deux millions d’emplois dans le secteur associatif dit non marchand, afin de développer des emplois d’intérêt général, redonnant vie à un site, une région. C’est ce que propose le programme de notre Rassemblement “Pouvoir au Peuple”, ainsi que le pouvoir à la base, pour décider des choix de production et de consommation.