L'antisémitisme fantasmé, arme du pouvoir pour décaniller ses adversaires politiques !!
Article rédigé par Brigitte Bouzonnie. Compte rendu de l'excellent ouvrage d'Alain Badiou et Éric Hazan : "L'antisémitisme partout aujourd'hui en France", La Fabrique Éditions, 2011.
Compte rendu de l’excellent ouvrage d'Alain Badiou et Éric Hazan : "L'antisémitisme partout aujourd'hui en France", La Fabrique Éditions, 2011.
C'est dit : selon l'éclairé journal Le Point, les Gilets Jaunes constitueraient la nouvelle "France moisie, antisémite". De fait, ils ne sont pas les premiers, comme expliquent Alain Badiou et Éric Hazan dans un petit livre de combat intitulé : "l'antisémitisme partout", La Fabrique éditions, 2011. En effet, las de se faire traiter "d'antisémite", «"responsable de pogroms" dans toutes les revues qui comptent du moment, "Le Figaro", "Le Monde", et livres divers, Alain Badiou et Éric Hazan ont décidé de riposter. Passer à l'attaque. Montrer de quel côté de la barricade parlent les accusateurs, parmi lesquels Finkielkraut, dont le nom revient souvent dans ce petit livre rafraichissant. Quel est leur passé ? Quelles sont leurs raisons politiques,? Quels avantages personnels ils tirent de leurs mensonges ?
1)-Qui sont ces nouveaux inquisiteurs ?
Pour Badiou et Hazan, ces nouveaux inquisiteurs viennent de la gauche : Claude Lanzmann par exemple, résistant et qui s'est battu courageusement pendant la guerre d'Algérie. Glücksmann, ex-maoïste comme Jean-Claude Milner. Pierre-André Taguieff, proche des situationnistes. Alexandre Adler, ancien responsable communiste, Jean Birnbaum, responsable du Monde des Livres, ex-militant à LO. Et bien sûr Alain Finkielkraut, dont le fond de commerce est l'antisémitisme réel ou fantasmé, auteur dès 2003 d'un ouvrage intitulé : "Au nom de l'Autre, Réflexion sur l'antisémitisme qui vient", Paris, Gallimard, 2003. N'hésitant pas à qualifier l'année 2002 "d'année de cristal", ce qui lui valu de se faire rembarrer vertement par Simone Veil elle-même... !
Leur but est de "disqualifier les figures d'une pensée véritablement progressiste et révolutionnaire" comme hier Alain Badiou et Éric Hazan. Comme aujourd'hui, avec le mouvement des Gilets Jaunes : eux qui ont fait ce que tout le monde croyait impossible : un mouvement de révolte frontale et sur la durée contre Macron. Un flic raconte : "Macron nous a dit de tenir jusqu'au mois de juin"(sic). Même le Pouvoir est résigné à avoir les Gilets Jaunes tous les samedis pendant 7 mois et demi, jusqu'à l'été. Et ce n'est pas faute d'avoir utilisé contre eux l'ultra violence des LBD, des tanks, les bombes de désencerclement comme celle qui a tué Rémi Fraisse, des lacrymos "qualité" supérieure, coups de matraque, mensonges médiatiques XXL, le gros bobard qui tâche, sondages truqués, etc.
En un mot, ces nouveaux croisés contre l'impie antisémite, sont du côté du Pouvoir. On les retrouve dans les allées de l'Elysée. Chouette, la stigmatisation d'antisémitisme et les prébendes du Pouvoir sont du même côté de la tartine ! Glücksmann, ex-stalinien, reçoit même la Légion d'honneur de Sarkosy. Finkielkraut est reçu triomphalement à l'Académie Française. Ca roule pour les porte étendards de l'antisémitisme. Si Bernard Lavilliers chantait des causes perdues (sur des rythmes tropicaux, Finkielkraut défend une cause "bien payante", lui offrant une émission en vue sur France Culture. Des livres devenus des best seller et une place d'académicien : n'en jetez plus...!
Comme écrivent les auteurs de ce livre, leur construction intellectuelle, quoiqu'un peu bancale, "permet à une foule de gens pressés de fréquenter les allées du Pouvoir. Ils rendent à cette machine (étatique) et à ses maîtres le service éminent de les protéger "intellectuellement" ( de leurs vrais intellectuels critiques). De leur donner la conscience tranquille à peu de frais. Tout en monnayant une petite liberté critique. En outre, étant du côté du manche, ils jouissent d'un grand pouvoir de nuisance contre ceux (Badiou, Gilets Jaunes), qui n'ont pas la même position" (sic).
2)-Les victimes de ce soi disant reproche d’antisémitisme :
En lisant ce petit livre, on ne peut qu'être surprise du nom des victimes, accusés d'antisémitisme fantasmatique : hier, Jean-Claude Milner n'hésitait pas, au cours d'une émission de France Culture de Finkielkraut de traiter Pierre Bourdieu "d'antisémite"(sic). Le "crime" du grand sociologue étant d'être attaché au mot "ouvrier", et de méconnaître le rôle historique central du "juif". Autres victimes : Serge Halimi, auteur des "Chiens de garde", Jacques Bouveresse, (Schmock ou le triomphe du journalisme), Pierre Bourdieu à nouveau à cause de son livre Sur la télévision sont qualifiés d'antisémites par Nicolas Weill. Badiou se fait traiter de "négationnisme" pour les mêmes raisons. Eric Hazan de "responsable de pogrom", excusez du peu. Des procès sont intentés à Daniel Mermet, Edgar Morin, Danielle Sallenave pour "incitation à la haine raciale".
Finkielkraut s'en prend aussi à la jeunesse des quartiers populaires qualifiée "d'antisémite", déclarant : "Une sorte de sauvagerie s'est installée à la périphérie de nos grandes villes"(sic). On le voit : le mot "antisémite" est celui qui a "le moins de rapport avec la réalité". Exactement ce qui se passe aujourd'hui avec les Gilets Jaunes : le reproche d'antisémitisme est certainement la dernière chose que l'on puisse reprocher aux GJ.
Nos inquisiteurs mettent en oeuvre une chaîne de "raisonnements" suivants : "l'anticapitalisme a pour noyau l'antiaméricanisme. L'antiaméricanisme a pour centre l'antidémocratisme, et l'antidémocratisme a pour pivot l'antisémitisme. C'est ce "qu'explique" BHL : "l'antiaméricanisme français, cette passion française dont on ne rappellera jamais assez qu'elle apparut, chez nous, dans la mouvance des fascisme français des années trente, ce délire idéologique qui masque mal des sentiments aussi douteux que la haine de la démocratie Tocquevillienne..., le fantasme d'un pays cosmopolite vivant sous la loi du lobby juif"(sic) ("BHL, Récidives, Paris, 2004).
Le but de la manoeuvre, "tous ces procédés, si tirés par les cheveux qu'ils soient, finissent par former une rhétorique d'intimidation, dont le seul but est de coller sur des "adversaires" l'étiquette antisémite avec l'idée qu'une fois appliquée, on ne pourra pas plus s'en défaire, comme le capitaine Haddock et son célèbre sparadrap !!"(sic)
Au passage, on remarquera que trois "nouveaux philosophes" figurent dans cette équipe d'inquisiteurs patentés, docteurs en antisémitisme : BHL, Glucksmann, Jean-Claude Milner. Sans parler de Finkielkraut, dont les idées anti totalitaires sont cousines de celles des nouveaux philosophes. L'antisémitisme collé comme le sparadrap du Capitaine Haddock sur tout opposant un peu rugueux vis à vis du Pouvoir, (Gilets Jaunes) c'est la poursuite, par d'autres moyens, de la Nouvelle Philosophie, visant à désorienter les consciences à la fin des années 70 : et alors que le mouvement social post 68ard commencer à refluer : baisse du nombre de journées individuelles non travaillées, baisse du nombre de cartes à un syndicat. L'objectif est de faire oublier le primat de la question sociale (l'opposition riches et pauvres) mise au rancart, au profit de la question raciale.
La Bourgeoisie nous a imposés les nouveaux philosophes exactement comme elle nous impose aujourd'hui la querelle perpétuelle de l'antisémitisme vu partout, y compris dans les lieux les plus improbables, à savoir les Gilets Jaunes, qu'elle cherche à décaniller à n'importe quel prix. Querelle qui perdure, parce que personne, à l'exception d'Alain Badiou et Eric Hazan, n'oppose une lecture lutte des classes à cette entreprise de mise à mort symbolique d'un adversaire, qui a l'antisémitisme pour argument écran...!.