L'américanisation de la vie française, c'est la fin de tout rêve politique !
Article rédigé par Brigitte Bouzonnie le 23 juillet 2022
Dans son ouvrage intitulé “Civilisation. Comme sommes-nous devenus américains”. Régis Debray, 2017, pointe la mise au rencart de la culture française humaniste des Lumières, Montaigne, Rousseau, Victor Hugo, au profit d’une américanisation des têtes et des coeurs français.
L’Amérique s’impose comme une civilisation aux européens obéissant craintivement à ses normes culturelles et morales : primat du fric notamment.
Au cours de la seconde moitié du XXème siècle, on assiste à l’apparition d’un nouveau genre d’individu passionné de profit, d’images et de management, droit des affaires. Délaissant les Lettres, la Philosophie et l’Histoire.
La gauche focalisée sur la lutte des classes disparait au profit d’une gauche américaine (coucou mitterrand, coucou mélenchon !) : c’est à dire une gauche alliée culturellement et politiquement parlant aux américains. L’eurobéatitude du PS puis de la FI est une manifestation de ce Canossa culturel vis à vis de l’impérialisme us.
Le primat de l’Histoire longue de la lutte des classes disparait au profit du présentéisme forcené. L’absence totale de mémoire. Chaque matin, les médias débranchent les capteurs de la mémoire pour écrire une nouvelle page blanche.
Ce qui frappe, c’est la paresse intellectuelle des français, acceptant sans critique un nouveau mode de vie, qui les plonge le plus souvent dans le malheur : chômage et pauvreté de masse qui explosent. Absence de surmoi et de références intellectuelles. La Vérité cesse d’être un cadre d’action au profit du mensonge, devenue pierre angulaire du système, note Chris Hedges, ex- journaliste vedette du New York Times.
Comme écrit l’économiste hétérodoxe de droite Philippe Béchade, la vie et la culture américaine sont devenues tellement invivables; que les milliardaires américains ne vivent que deux mois par an aux Etats-Unis, préférant passer le reste de l’année dans une île paradisiaque. Tandis que des millions d’américains vivent avec deux dollars par jour dan leur voiture.
Je me souviens de cet article lu dans le Libération des années 90 : un jeune français part travailler comme stagiaire dans une banque new yorkaise. Tous les soirs, il quitte son travail à minuit, une heure du matin. Ses chefs lui disent : j’espère que tu n’as pas de vie privée, ici, c’est impossible” (sic). Dans la rue, des jeunes en planche à roulettes qu’il croise, lui demandent combien il gagne par mois….
Le livre de Régis Debray pose de bonnes questions (américanisation de la société française), mais il occulte les effets de l’américanisation, dans ce qu’elle a de pire : la recherche forcenée du profit. Pour la culture américaine, un salarié est devenu un “coût” qu’il faut réduire à tout prix. Résultat : le secteur industriel français en représente plus que 11% de la population salariée : le plus faible d’Europe ! Depuis 1974, la France a perdu 2,5 millions d’emplois dans ce secteur, primat de rentabilité oblige ! Ces emplois ont été détruits au profit d’emplois similaires créés en Lituanie, Lettonie, etc… pays à bas coût de main d’oeuvre.
L’américanisation de la société française, c’est ipso facto le malheur de masse pour des millions de salariés français basculant dans le chômage et la pauvreté : 9 millions de demandeurs d’emploi et 15 millions de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté, selon nos calculs. Mais aucun responsable de “gôche” ne moufte !
Avec l’américanisation de la société française, le niveau intellectuel baisse. Cette chute touche également les enfants de cadres et les enfants d’ouvriers, comme el montre Emmanuel Todd dans son ouvrage : “Les luttes de classes en France au XXIème siècle”, édition poche Seuil n°922, 2021. La baisse du niveau intellectuel des jeunes américains doit être corrélé avec le temps passé devant la télévision, ce qui a nui au formatage positif de leur cerveau. Selon Todd, le développement d’Internet irait dans le même sens. On assisterait à un reflux massif de l’écrit par les jeunes. Et Todd de poursuivre : “à un certain âge, entre 6 et 13 ans, il vaut mieux lire un mauvais roman que voir un chef d’oeuvre du cinéma. La lecture intensive structure le cerveau à une certaine époque de la vie’(sic)..
L’américanisation de la société française, c’est aussi la mise au rancart de nos utopies post 68 ardes.
Comme écrit le philosophe Alain BADIOU : « On peut prendre un point de vue synoptique. Depuis les années 1980, c’est-à-dire depuis, à la fois, et quasiment simultanément, la fin des espérances planétaires de la jeunesse des années 1968 et suivantes et la fin, conjointe, des États socialistes, s’est ouverte une période où, d’une certaine manière, les agents du capitalisme mondial ont eu le sentiment que l’avenir leur était ouvert et que plus rien de consistant ne s’opposait à eux. Je pense qu’il faut avoir présent à l’esprit cet horizon. Rien de ce qui se passe ne peut être détaché ou être considéré comme indépendant de cet horizon. Les conséquences, on les connaît. C’est un régime d’inégalités proprement monstrueux et une menace permanente, y compris sur l’accès de masses humaines gigantesques, à la simple survie. Les statistiques sont tout à fait connues. Encore récemment, on a établi qu’un peu moins de 200 personnes dans le monde possédaient l’équivalent de ce que possédaient 3 milliards d’autres. Ce qui représente une oligarchie telle qu’on n’en a pas connue depuis le début de l’histoire de l’humanité... »(sic).
L’américanisation de la France, c’est le sentiment que seul le projet libéral capitaliste américain a de l’avenir. Et “qu’il n’existe aucune alternative” à ce projet monstrueux, pour parler comme Thatcher.
L’américanisation de la société française, c'est la fin de nos rêves de construction d’un monde meilleur, issus des années rouges ( 1968-1978) : où chacun aura une vie décente et joyeuse. Et où le goût de la Vérité, l’esprit retrouvé seront privilégiés aux dépends du matérialisme grossier made in USA !
Comme on disait dans les années 70 ;
Une seule solution : la Révolution !
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