La sauvage incroyance des rendez vous truqués du suffrage universel grandit inexorablement !
Article rédigé par Brigitte Bouzonnie
"Ces gogos croient encore à la démocratie des rendez-vous truqués du suffrage universel" écrit superbement Bruno Adrie. Il faut préciser "qui" sont ces gogos, de quoi on parle exactement. Aujourd'hui, selon moi, les "gogos", c'est une petite-bourgeoisie éduquée, se vivant comme "citoyenniste", dont le mot d'ordre se résume au seul slogan : "aux urnes citoyens" ! A n'importe quelles urnes, y compris celles truquées du premier tour de la Présidentielle 2017, dont personne ne parle aujourd'hui. On nous fait croire que les prochaines Européennes vont être des élections "sincères", avec pour seul problème, celui de l'abstention : je n'en crois rien.
Comme analyse Alain Accardo, par son idéologie "moyennisante", cette petite bourgeoisie intellectuelle oeuvre en réalité de façon forcenée au maintien de l'oligarchie au Pouvoir (cf "Le petit-bourgeois gentilhomme. Sur les prétentions à l'hégémonie de la Classe moyenne", édition Agone, 2009). Inversement, "la sauvage incroyance de l'isoloir grandit" écrit Alain Badiou dans son article : "Considérations philosophiques sur la très singulière coutume du vote, étayées sur l'analyse de récents scrutins en France", Revue Lignes 2002/3 numéro 9, pages 9 à 35.
La majorité des jeunes et des classes populaires cesse de voter dit Badiou, constat repris dans l'article de la Revue Nationale Française de Sciences Politiques du printemps 2018 rédigé par Céline Braconnier intitulé : "Pas de chrysanthèmes pour les variables de la mobilisation", analysant le niveau de l'abstention aux élections présidentielles et législatives 2017. Avec un fait nouveau : outre les "traditionnelles" catégories à s'abstenir, massivement (ouvriers, jeunes), on observe une nouvelle abstention dans toutes les catégories professionnelles. Autrement dit, des "gogos", il y en a de moins en moins.
Rousseau écrit : "la Volonté ne se représente point. sitôt les députés élus, sitôt le Peuple est esclave, il n'est rien"(sic). Macron a perdu l'hégémonie culturelle sur le Peuple français, Mélenchon aussi : 300 personnes à peine au dernier meeting itinérant de la France Insoumise !
Une nouvelle hégémonie culturelle se construit aux ronds-points, maison du Peuple, manifs du samedi avec les gilets jaunes. Comme le montre l'article de la revue "La Vie des idées" du 19 février 2019, rédigé par Raphaël Challier, professeur de sciences politiques, réalisant une ethnographie de Grandmenil, petit village de Lorraine de 5500 habitants, une nouvelle cohésion sociale se crée aux ronds-points avec les gilets jaunes. Challier écrit notamment : "La ville en jaune, indice d'une cohésion sociale retrouvée, avec la forte présence aux ronds-points de Classes populaires peu politisées. Les discussion entre générations et statuts divers produisent une ébullition politique et recréent un sentiment d'appartenance partagée, entre "petites gens" (sic).
Le mot "ébullition" est très important : on devine un enthousiasme populaire, le même qui domine avec la création de la Maison du Peuple à Saint-Nazaire, où les gilets jaunes pratiquent l'entraide et le partage. Comme confie Cécile, institutrice à Bastamag du 14 février 2019 : "Ce qui se passe ici, cette entraide, je n'ai jamais vu ça. C'est incroyable. C'est devenu comme une drogue ! On ne pensait même pas vivre cela un jour"(sic)...! Et de se réjouir :« C’est tellement agréable, après une journée de manif dans le froid de revenir à la maison du peuple. Il fait bon, il y a du café, et tous les gens » (sic). Un enthousiasme, qui, sauf erreur de ma part, n'existe pas et n'a jamais existé avec la liturgie électorale.
Les manifs du samedi et les blocages de la journée du 5 février 2019 le prouvent à l'évidence : plus on avance dans le temps, plus on n'a plus affaire à un mouvement de "Gilets Jaunes" chimiquement pur qui défilant notamment dans les rues de Bordeaux et de Toulouse, très en pointe dans le mouvement des GJ. Au contraire, on assiste à l'esquisse d'une nouvelle UNITE POPULAIRE entre gilets jaunes + Gilets rouges (militants syndicaux de SUD et de la CGT, FI, NPA) + étudiants : autrement dit, on assiste à une alliance entre les Classes populaires et les petites Classes moyennes, qui rien ni personne n'avait imaginé à la rentrée de septembre 2018....!!
"L'espoir", il est là, dans des pratiques sociales solidaires en rupture avec la société libérale. Les gilets jaunes sont aujourd'hui un espoir "social", notamment pour les autres pays, mais pas (encore) un espoir "politique" avec un programme et une avant-garde Léniniste comme en 1917, même s'ils apprennent très vite...!