La sainte alliance des dominants autour de la finance rend possible le scandale Cahuzac !
Article rédigé en 2014 sur Cahuzac mais qui vaut pour Macron2022 faisant appel exagérément aux cabinets conseil !
Hier, en écoutant Mélenchon sur Radio J, une interview de haute volée, je me suis arrêtée à ce mot de JLM, disant en substance : "le scandale CAHUZAC a été rendu possible à cause d'une rigidification des centres de pouvoir, et un déferlement de l'ordre néolibéral, qui ne voit que la tune". J'approfondirai et préciserai encore cette analyse, en m'appuyant sur un ouvrage de Frédéric LORDON, "Et le vertu sauvera le monde ?", très mauvais titre pour un petit bijou d'analyse sur la socio-genèse du capitalisme financier, qui en fait un ouvrage de référence. En particulier, Frédéric LORDON pointe les deux modes de formation/socialisation des élites politiques de l'après guerre :
1)-Au lendemain de la guerre, pendant les 30 Glorieuses, cette génération de hauts fonctionnaires affirmant leur autonomie, leur rationalité d'Etat comme par exemple, ce "grand commis d'Etat" qu'était François BLOCH-LAINE, directeur de la Caisse des dépôts et consignations. Autre exemple célèbre, cette phrase du Général de GAULLE, préconisant la nationalisation des banques en 1945, estimant : "il faut contrer l'influence des banques, assez fortes pour faire échec à l'intérêt général". Comme quoi, il n'y a pas besoin d'être bolchevik pour critiquer le rôle néfaste des banques et de l'argent. Autre exemple célèbre, Ambroise CROIZAT, Ministre du Travail en 1945, qui "inventait" la retraite par répartition, le comité d'entreprise, un vrai service public de l'emploi, où on sortait avec un emploi dans sa poche, le salaire maximum, la sécurité sociale...
2)-Puis l'arrivée de ces générations d'énarques, uniquement au service de la Finance triomphante. Si la génération antérieure savait tenir tête, garder le front haut face à la finance, ce n'est plus le cas de ces énarques, plus libéraux que les libéraux eux même, assoiffés de tune et de tune encore.
Si les élites étatiques de la génération précédente savaient tenir la dragée haute, dire NON aux financiers, aux banquiers, l'heure est désormais à "la sainte alliance de tous les dominants autour de la finance" (sic)pour reprendre une phrase du livre de Frédéric LORDON.
- Le capitalisme industriel qui tente de rétablir son taux de profit mis à mal par les grandes grêves post-68ardes au milieu des années soixante-dix.
- Le capitalisme financier, assoiffe de volonté de puissance, une idée qui va bien au delà de la seule cupidité.
- La puissance publique, qui se convertit corps et âme à l'idéologie néolibérale. Il faut bien comprendre que les énarques libéraux occupent aujourd'hui TOUS les ministères. Pas seulement Bercy. Ce qui explique pourquoi le lutte contre le chômage est devenu un "coût", qui n'a rien a voir avec le combat de l'Abbe PIERRE, lorsque ce dernier disait : "la beauté des villes, elle n'est pas dans nos musées, nos cathédrales. Elle est dans ce qu'il n'y a pas de mendiants dans les rues...!" C'est cette grande vague de financiarisation des esprits, qui rend possible, en particulier des comptes non déclarés en Suisse à des buts mafieux. Cela conforte dans toutes nos analyses et propositions contre la finance. Jamais, elles n'ont été autant d'actualité. Jamais, l'idée de donner une place très subordonnée à la finance n'aura été aussi juste. Jamais l'importance de l'intérêt général comme nouvel idéal à reconquérir n'aura été aussi justifié. Jamais, un nouveau personnel politique "neuf" n'aura été aussi nécessaire. Car, comme disait déjà si excellemment EINSTEIN : "on ne peut pas demander a ceux qui ont créé les problèmes du moment de trouver les solutions..”
Juste synthèse ! tout est dit !