LA QUESTION SOCIALE MISE AU RANCART...!
Article rédigé par Brigitte Bouzonnie en février 2016, mais hélas toujours d'actualité
La pauvreté touche en France 15 millions de personnes. Mais, comme disait l'Abbé PIERRE, "on pleure les pauvres, pas les chiffres du chômage !"-, il faudrait aussi parler de ce malheur glauque dans lequel s'enfonce le Peuple français, dans l'indifférence générale, surtout celle des bien-pensants passant à la télé. Où les chômeurs en perdent la pratique du langage, à force de se taire. A force de vivre givrés de solitude, coupés comme des îles, sans homme ni bateau...
Au fond, qu'importe la façon dont on parle de la question sociale, bureaucratique ou sensible, ce qui me frappe surtout, C'EST LE DENI DE REALITE entourant la question "chômage-pauvreté". Hier, je lisais un article très intéressant sur le clivage droite-gauche (recommandé par mon amie Souria, comme ce papier d'Alain de Benoïst, et je la remercie de tous ses efforts), intitulé "La démocratie contre l'oligarchie" rédigé par 123 Rêveur. L'auteur cherchait à pointer les grands clivages droite/gauche. Selon une abscisse Européisme/souverainisme. Et une ordonnée Oligarchie/souveraineté populaire. Soit. MAIS A AUCUN MOMENT, il ne prononce le mot "chômage" ou "question sociale". Ce qui montre sa jeunesse et son absence de culture historique.
En effet, comme l'explique de façon limpide Pierre BOURDIEU dans son livre "Propos sur le champ politique", Presses universitaires de Lyon, 1998, "Personne ne peut contester que tout le champ politique français, y compris le PS, le PC, etc., a été transformé par l'existence de le Pen (père). Qui a substitué, chose très grave mais passée inaperçue, à L'OPOSITION RICHE-PAUVRES, QUI ETAIT FONDAMENTALE dans la politique, l'opposition. National/étranger" (sic).
En clair, pendant des décennies et des décennies, la question sociale a structuré le champ politique français : les Ambroise CROIZAT, Pierre MENDES-FRANCE, Abbé PIERRE, GENRAL DE GAULLE (avec sa loi sur l'intéressement de 1965), POMPIDOU, et l'augmentation des salaires de juin 68. Naturellement, chacun voyant midi à sa porte. Chacun avec un projet social original, construisait leur discours, leurs projets de loi autour et à partir de la question sociale. Mais Le Pen a tout chamboulé. Il a imposé le clivage ethnique français/islamiste, qui pollue nos débats. Nous balade sur des sujets sans importance, comparé à la question fondamentale du manque d'argent et d'emploi, qui empêche les gens de dormir, il faut le dire.
Seul, un Alain BADIOU parle des inégalités monstrueuses cadenassant le monde :
- 10% de l'Humanité (l'oligarchie) accapare 86% des richesses.
- 40% des classes moyennes se partage 14% de ces ressources.
- 50% de l'humanité n'A RIEN DU TOUT. (cf son ouvrage intitulé : Notre mal vient de plus loin. Penser les tueries du 13 novembre 2015), édition Fayard, 2016.
Et le pire, ainsi qu'il expliquait dans une vidéo pour CLIQUE du 1er février 2016, c'est "l'obscénité qu'il y a à présenter, par des moyens médiatiques discontinus, la vie des ultra riches : belles femmes (de plus en plus dénudées), grosses voitures, villas splendides, etc..., cf clips de chansons qui se déroulent toujours dans des lieux paradisiaques" (sic).
Et le discours politique, surtout celui de "gôche" enjambe, nie farouchement, hypocritement, ces frustrations énormes, qui touchent 30% des français, selon une enquête du Secours Populaire. Même un organisme officiel comme l'ONPES reconnait que la pauvreté augmente, dans un article du 22 septembre 2015. La vérité est qu’ON SE MOQUE DU PEUPLE FRANCAIS. Il est mis au rencart. Les puissants s'en débarrassent, comme d'une vieille chaussette...!
Je rêve d'une vie, où l'on réapprendrait à vivre pleinement. Une nouvelle vie, où on troquerait, à la consigne d'une gare, nos vies passées de losers, calées sur le triple zéro. Avec une vie décente et joyeuse pour chacun...
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