La petite-bourgeoisie citadine cherche le conformisme, pour être protégée de la dégradation sociale inéluctable qui est pourtant sa destinée !
Bel article rédigé par Ernest Porras
Le calcul politique n'est plus ce qu'il était. Autrefois, l'intérêt collectif primait. On se rattachait à un courant idéologique (politique) par intérêt de classe, de survie et d'impérieuse nécessité à rester groupés face aux grands prédateurs. Même celui qui par hasard pouvait changer de catégorie sociale, restait attaché à sa classe d'origine. Jusqu'au petit-bourgeois urbain qui trouvait plus attractive la considération dans sa relation aux prolos que le mépris affiché par les classes dominantes.
Qu'en est-il aujourd'hui ? La petite bourgeoisie citadine, nombreuse, aveuglée par les éclats des marchands du temple comme les mouches sont attirées par la lumière blafarde d'une chandelle posée dans la cabane au fond du jardin, fascinée par la réussite des stars de pacotille, cherche à escalader la marche qui la hisserait jusqu'à être protégée de la dégradation sociale inéluctable qui est pourtant sa destinée. Ce besoin d'élévation n'est juste qu'une illusion sournoise présentée par les classes dominantes pour que les un peu plus que rien s'imaginent atteindre un statut qui les mettrait à distance des riens et encore plus, des moins que rien.
Cette petite-bourgeoisie urbaine recherche le conformisme pour se tenir dans l'espace de pensée que lui imposent les pouvoirs libéraux. Elle s'affiche sociale-démocrate pour ne pas sortir du cadre et ne pas prendre le risque d'empiéter sur les prérogatives de ses maitres. Elle répond favorablement aux injonctions lancées par les outils de propagande des régimes au pouvoir pour ne pas être suspectée de révolte quand elle ressent de la maltraitance. Politiquement, elle pratique le suivisme en se rattachant non pas à des leaders avant-gardistes ou à des idées émancipatrices, mais à des comportements grégaires pour ne pas être différenciée des codes sociaux qu'on lui impose. De son point de vue, elle s'imagine être ringardisée en mettant un pas de côté. Sotte que tu es.
Donc implicitement, elle participe au saccage des oppositions, à l'annihilation de la pensée propre, à l'enfermement de la conscience. Elle se rattache aux dogmes qu'on lui présente comme des options indiscutables. C'est la sanctuarisation de la retraite à 62 ans, c'est la condamnation permanente de la violence sociale quand on sait que l'ensemble des institutions internationales condamnent elles, la répression en France sans que cela n'émeuve la majorité des partis de "gauche", c'est le concept indécent du "combien ça coûte ?" chaque fois qu'on parle de financer le progrès social, la santé ou l'éducation. Comme si l'argent était un problème quand on apprend que les cinq premières fortunes françaises ont doublé leur richesse depuis le début de la pandémie et qu'elles possèdent à elles seules autant que les 40% les plus pauvres en France !
Comme dit l'autre, ce n'est plus le temps des copains, c'est le temps de la mobilisation, de se retrouver pour renverser le libéralisme mortifère qui nous conduit vers le précipice social et écologique et cesser de croire à tous ces faire-valoir qui avancent masqués, avec comme seul objectif de faire capoter le changement de régime, puisque eux aussi en sont des bénéficiaires. C'est l'heure de la table rase !