La pauvreté temporaire est un concept créé de toutes pièces par la division de l'INSEE, en charge de la pauvreté. Elle donne lieu chaque année, au mois de septembre, à des articles "chocs", comme celui du NOUVEL OBSERVATEUR du 3 septembre 2012 :" 37% des français ont connu une situation TEMPORAIRE de pauvreté !" Quelle hypocrisie ! Quel déni majeur de notre triste réalité ! Pour mémoire, ce chiffre était de 30% l'année dernière. Même l'INSEE, dans son hypocrisie, reconnait une paupérisation croissante de la société française !
Comme on le sait, l'INSEE, sous tutelle de Bercy, ne sait pas quoi inventer, pour minorer, euphémiser gravement le phénomène de la pauvreté. Baliverner des salades extra larges. Farder la réalité de la misère la plus noire de couleur rose bonbon, histoire de la rendre "convenable”.
Ainsi, le 30 août 2011, a-t-elle remis un rapport concluant sans sourciller qu'il n'y avait "que" 8 millions de pauvres en France. Très modestement sur ce mur, nous avions fait part de nos critiques sur ce chiffre évaluant la pauvreté en 2008, soit, avec 3 ans de retard. Comme si, à l'instar des cours de la bourse connus en "live", il n'était pas possible d'avoir une donnée plus récente. Par ailleurs, dans une interview publiée par l'Humanité, Julien LAUPRETRE, Président du Secours Populaire avait émis beaucoup de réserves sur ce chiffre : préférant parler, hélas, de "ras-de-marée" de pauvreté, comme les bénévoles des associations caritatives n'en ont jamais connu !
Ainsi, si on additionne 7 millions de chômeurs, 7 millions de travailleurs pauvres, et qu'on retire 2 million(s) de demandeurs d'emploi ayant un petit boulot : ce qui exclut de les compter deux fois : on arrive à un étiage de 12/15 millions de pauvres : car il faut aussi ajouter un million de retraités vivant en dessous du seuil de pauvreté. Malheureusement, nous sommes beaucoup plus dans les clous de la réalité que le faux chiffre officiel de l'INSEE.
De la même façon, l'INSEE nous raconte des cracs avec son pseudo concept de pauvreté "temporaire". La pauvreté, on sait quand on y entre : licenciement, divorce, séparation... On ne sait pas quand on en sort, nuance. Patrick DECLERCK, sociologue, qui a vécu 15 ans avec les sans abris de la région parisienne, auteur de deux ouvrages magnifiques " Le sang nouveau est arrivé," collection folio, 2005 . "Les naufragés", collection terre humaine poche Pocket, nous livre ces deux constats à la lucidité cristalline :
1°)- "Dans le contexte de chômage massif que connait la France depuis quelques années, chômage, qui, malgré sa diminution récente, continue de sévir dans les couches les plus défavorisées de la population, il est évident que les chances de trouver un emploi décemment rémunéré et à durée indéterminée, pour un individu peu ou pas formé, et/ou stigmatisé par l'âge, l'exclusion sociale, sont extrêmement minces".
2°)-"La pauvreté est une abjection qui, loin d'élever l'homme, l'écrase et le nie, en l'enchainant à l'épuisante et itérative obligation de tenter désespérément de satisfaire, jour après jour, ses besoins les plus élémentaires. La pauvreté abrutit l'homme en le condamnant à n'être plus que l'esclave de l'instant".
La pauvreté écrase, la pauvreté abrutit, la pauvreté enchaîne à la puissance de la nécessité. Comment croire ensuite, ainsi que nous l'imposent les statisticiens de l'INSEE et le pouvoir du moment, qu'elle ne soit que TEMPORAIRE ? Intuitivement, sans même rien connaitre de ce phénomène, on devine que la pauvreté est un clap de fin, une fin de partie, un terminus : où tout le monde descend. Et, poignée de miraculés mis à part, personne n'en réchappe.
J'ai passé plus de douze ans de ma vie à réinsérer les publics les plus en difficulté : chômeurs de longue durée totalisant 3 ans d'inscription à Pôle emploi, personnes âgées de plus de 50 ans sans emploi, travailleurs handicapés, bénéficiaires du RSA. Je puis donc témoigner de la difficulté extrême et de la lenteur à réinsérer les personnes les plus "cassées". Même dans l'hypothèse d'une sortie favorable, il faut compter presque 10 ans d'efforts : ainsi, pour un CLD 3 ans, qui bénéficie d'abord d'un CES de 2 ans, puis d'un CEC de 5 ans, recruté ensuite définitivement dans une mairie ou une association, ne sortira de sa pauvreté qu'au bout de dix ans : jamais je ne l'ai entendu dire qu'il avait fait un passage "temporaire" dans la pauvreté. Il s'agit là d'une pure invention de l'INSEE, qui n'a jamais vu de pauvre de sa vie.
La pauvreté "temporaire", idée plus vaste foutaise, tu meurs ! L'idée selon laquelle on entrerait et sortirait de la pauvreté, comme on entre et sort d'un McDo, sa consommation à la main est une légende, malheureusement invalidée par la réalité.
Une bonne fois pour toutes, il faut avoir la lucidité de se le dire : il existe en France des pans entiers de la société qui ne retravailleront plus jamais : si tant est qu'ils aient jamais travaillé un jour : sans abris, bénéficiaires de minima sociaux, femmes avec enfants abandonnées par leur conjoint, qui ne font même plus la démarche de rechercher un emploi. Pour ces catégories là, il faut envisager un revenu d'existence décent, sans commune mesure avec le montant du RSA. Et cela, alors que la société, tant par la voix de ses responsables politiques libéraux (Macron), la médiasphère à sa botte, l'INSEE, continue de nier la PERMANENCE de la pauvreté, son IMPORTANCE croissante, son extrême gravité : et la nécessité extrême de financer l'existence de catégories entières de la population...!
2°)- Serge Grenier : Dans les années qui viennent, je crains que pour chaque pauvre qui devient riche il y aura cent riches qui deviendront pauvres. Des secteurs entiers de l'économie vont devenir des bouches inutiles comme l'explique si bien Yuval Noah Harari. Ce n'est pas ce que je souhaite, mais personne ne me demande mon avis à moi.
3°)- Brigitte Bouzonnie : Je crois que vous empilez deux problèmes à la fois. 3-1°)-Il y a eu d'abord la liquidation des classes populaires, que l'on a fait basculer dans le chômage, à compter des années 80. Dans un grand déni de réalité des responsables de gôche (coucou Mélenchon). 3-2°)-Et, actuellement, il y a le projet de Macron de liquider la classe moyenne : "des secteurs entiers de l'économie vont devenir des bouches inutiles comme l'explique si bien Yuval Noah Harari", comme vous écrivez. Il s'agit là de deux phénomènes différents, hélas complémentaires.
Dans les années qui viennent, je crains que pour chaque pauvre qui devient riche il y aura cent riches qui deviendront pauvres. Des secteurs entiers de l'économie vont devenir des bouches inutiles comme l'explique si bien Yuval Noah Harari. Ce n'est pas ce que je souhaite, mais personne ne me demande mon avis à moi.
le problème est claire , les systèmes se sont mis d'accord pour éliminer la classe moyenne qui est à présent leur phobie , la raison c'est que ceux qui manipulent come ils veulent toutes les richesses du monde , sont touchés par un syndrome qui est celui de la boulimie de l'appât du gain facile et finissent par croire qu'ils sont immortels . ils ramassent de quoi faire vivre deux ou trois générations puis sans s'y attendre la mort les engloutit puis ils laissent derrière eux des coffres pleins à n'en plus pouvoir , ces richesses les ont aveuglé au point ou ils laissent leur progéniture ramasser le reste . un reste qui va les achevé car ils n'ont appris qu'à dépenser et se retrouvent sans rien désarmé face à la vie ils n'auront ni étudié , ni travaillé , ils ne savent pas ...