Aujourd'hui, on assiste à la mort de la figure du chef de l'opposition gauche. A la fin du conflit aigu, central, frontal, existant entre "majorité" et opposition", telle qu'on a pu l'observer dans les années 70. A ce moment là, il existait un fossé important, entre, d’une part, les “socialo-communistes" comme on disait alors, dont le chef incontesté était le félon Mitterrand. D’autre part, Giscard, chef de l’UDF. Inversement, aujourd’hui, il existe une profonde complicité entre le Pouvoir macronien et l'opposition de gauche, notamment la France Insoumise de Mélenchon, permettant à la dictature mondialiste occidentale de prospérer et se développer tranquillement.
Victor Hugo écrivait : “le Roi a le jour le Peuple tous les lendemains", décrivant parfaitement l'imaginaire social du XIXème siècle : le Roi Louis-Philippe avait tout le Pouvoir du moment. Mais le Peuple dans la rue possédaient tous les lendemains qui chantent. Tous les rêves de société plus juste et plus solidaire. Tout un champ idéologique d’avance et qui se qui se traduira, notamment par la Révolution de 1848 et par les évènements de La Commune. Cet imaginaire, dont le Peuple était le seul dépositaire, prévalait encore dans les années post-68 ardes. Certes, Giscard, agent de la CIA, comme le révèle l’historien Eric Branca, dans son ouvrage sur les relations France-Etats-Unis : “De si bons amis”, édition de poche. VGE donc élu avec seulement 400 000 voix d’avance avait tout le pouvoir de droit positif entre 1974 et 1981. Ce qui lui donnait le droit de nous imposer sa politique clairement anti sociale. Et sa triste idéologie libérale, menu raffiné jusque là ultra minoritaire, longtemps réservée aux seuls bourgeois des quartiers ouest de la capitale et des quais des Chartrons à Bordeaux, fut étendu à tout le Peuple français, y compris aux sans abris et aux prostituées.
De son côté, Mitterrand chef de l opposition était en embuscade permanente, bien décidé à prendre sa revanche sur son échec relatif de 1974. Multipliant les attaques frontales contre Giscard, critiquant systématiquement sa politique en opposant à chaque décision de VGE ce qu'il ferait à sa place, en appliquant le Programme Commun : sur la lutte contre le chômage, l'international, la culture, le logement, etc
Comme écrit très bien le philosophe Alain Badiou : "ce n’est pas du tout la même chose, quand il n'existe plus qu'un seul projet politique, le capitalisme mondialise déchaîné. Ou quand il y a sur chaque question au contraire deux projets en concurrence : le libéralisme face au communisme ou à un projet veritable de gauche, comme celui du programme commun” (cf son ouvrage : “Notre mal vient de plus loin. Penser les tueries du 13 novembre 2015”).
La haine de Mitterrand pour Giscard surfait sur un profond rejet populaire de l’occupant de l’ Elysee entre 1974 et 1981. A peine commençait-il ses discours par ces paroles : "comptez sur moi pour vous débarrasser de Giscard", et c était aussitôt un tonnerre d applaudissements dans la salle. J’ai assisté à un discours de Mitterrand à Chamiers en 1977 à l’occasion d une élection partielle, ayant été invité par le député communiste sortant. Et, quoiqu’on pense de ce félon PS hypocrite et atlantiste, je peux vous garantir qu’il ne lésinait, ni sur les critiques contre VGE, ni sur les promesses à la peinture rouge.
Or, c’est cela précisément que la France 2022 a perdu. Un chef de l’opposition se battant, pied à pied, sur tous les sujets essentiels (chômage et pauvreté de masse, salaires ne suivant pas l’inflation, flambée du prix de l’énergie) contre le sieur macron. En comparaison, Mélenchon n’est qu’une très pâle copie de mitterand cuvée 1970, qu’on se le dise. Et ce n’est pas pas sa marche du 16 octobre contre la vie chère, qui est de nature à inverser les choses. Lui redonner la carrure de Chef de l’Opposition, qu’il n’a jamais été. Titre que lui-même ne revendique pas, ce qui est un comble, au vu de la tragédie sociale extrême que nous fait vivre la macronie depuis 2017 : la France passée du sixième au 47ème rang mondial….!