La liquidation de la littérature classique et de la philosophie française, afin de détruire la culture patricienne du Peuple français ! (version longue)
Article rédigé par Brigitte Bouzonnie le 7 juillet 2023
Dans cet article, nous parlons de la liquidation de la littérature française. Puis de la mise à mort symbolique du philosophe Jean-Paul Sartre, suivi par un retour au non philosophe Camus, en lieu et place de Sartre. Et des causes les plus pertinentes (rôle de la CIA) pour expliquer cette triple opération psychologique.
Dans un précédent article, on a montré l’imposition forcée de la culture américaine, en lieu et place de la culture classique française. Opération psychologique et pratique menée à compter des années soixante-dix/début des années quatre-vingts. Opération qui a liquidé de manière féroce, non seulement la culture marxiste ramenée à une peau de chagrin : aujourd’hui, à peine quelques vidéos sur Youtube. Le regretté Jean Salem, professeur de philosophie à la Sorbonne ne pointait-il pas de ses séminaires du samedi après-midi, regroupant tout au plus 200 personnes. Mais qui a liquidé aussi la littérature classique de haut niveau : Les lumières. Rousseau soigneusement disparu des sujets de concours à l’agrégation et au CAPES au profit du Roman de Renard, sur ordre de la CIA. Victor Hugo…. Donc, toute une littérature classique, humaniste a été mise férocement au cimetière de l’impensé, rejoignant tous les sujets qui fâchent comme par exemple le chômage et la pauvreté de masse.
Curieusement, et en dépit de son ampleur, cette mise au rancart de la littérature classique française est peu traitée méthodiquement. Rarement explorée. Le plus souvent mollement niée, comme le montre l’article rédigé par Gisèle Sapiro, sociologue, élève de Pierre Bourdieu, intitulé : « Mort de la culture française », publié dans la Revue de la BNF 2018/2 (n°57), qui estime sans rire qu’il n’y a pas déclin de la culture française de haut niveau.
La médiocrité littéraire 2023 est donc perçue comme quelque chose de “naturel”. « Allant de soi”. Comme si la bascule, qui va de l’imposition forcenée de la culture américaine, tandis que disparait notre excellence littéraire prévalant alors, était « le seul chemin possible » à suivre, pour le salut de notre humanité française.
On n’a pas la prétention d’ouvrir à nous toute seule cette boite noire de l’impensé, qu’est la mort de la culture classique française. Et alors qu’elle repose aujourd’hui dans l’oubli et la plus parfaite indifférence. On souhaite juste rappeler nos souvenirs. Citer des titres de livres de notre jeunesse totalement oubliés aujourd’hui. Ne reste plus dans les mémoires que des oeuvrettes à sueur vendues à grand renfort de publicité, notamment par un journal comme Télérama.
I°)-Nous avons vécu trois opérations psychologiques importantes : 1-1°)-la mise au rebut de la culture classique française au profit d’ouvrage médiocres. 1-2°)- La mise à mort symbolique de Jean-Paul Sartre. 1-3°)-Le retour du non philosophe Camus en lieu et place de l’intellectuel total : Sartre.
1-I°)-la mise au rebut de la culture classique française au profit d’ouvrages très médiocres.
1-1-1°)-Comment la bascule primat d’ouvrage humanistes de qualité/plébiscite d’ouvrages très médiocres s’est-elle opéreé ?
Toute la question est de savoir comment on est passé, quasiment du jour au lendemain, des livres magnifiques de Michel Tournier : “Vendredi ou les limbes du Pacifique”, “Le roi des Aulnes”, Ou encore “La Storia” d’Elsa Morante, ouvrage flamboyant sur l’amour maternel aux pseudo « livres” insignifiants et vides des non écrivains actuels : par exemple, ceux de Virginie Despentes.
Au milieu des années soixante-dix, le livre humaniste fort, qui s’inscrivait dans notre mémoire pour toujours, était considéré comme LE seul livre, la seule référence possible. A cette époque, Michel Tournier disait que ses deux enfants spirituels étaient Patrick Modiano et JM Le Clézio, qui participaient de cette même famille de pensée sensible et originale. Et chacun trouvait cette filiation “normale”. Et puis, quasiment du jour au lendemain, on vit arriver, en lieu et place de Rousseau, Victor Hugo, Balzac, Baudelaire, etc, excusez du peu, des auteurs mineurs comme Alexandre Dumas, vu, non pas comme l’auteur des Trois mousquetaires et de Milady de Windsor, ce qui aurait pu se défendre, mais uniquement comme un amateur de bonne chère et de bons vins. Margaret Mitchell, auteur du livre : “Autant en emporte le vent”, également promue écrivain du millénaire. Le peintre et écrivain Eugène Fromentin, auteur d’un récit de voyages : “Un été dans le Sahara”, qui firent l’objet d’un battage publicitaire sans précédent dans Le Monde et surtout le Nouvel Obs. De façon générale, Le nouvel Obs, comme supposée revue des “intellectuels”(sic) joua un rôle pilote dans cette mise à mort de la littérature classique au profit d’écrivains de peu de valeur.
Sans oublier bien sûr, la réédition dans les années soixante-dix de l’ouvrage rédigé en 1880 par l’obscur et insignifiant Paul Lafargue, intitulé : « le droit à la paresse ». Ce pamphlet, rejetant toute valeur travail, est salué comme un “évènement” littéraire, et donne lieu à un succès de librairie important. Personne ne critique jamais les vers de la chanson de Moustaki : “je voudrai rendre hommage à ce maitre en “sagesse”, à celui qui était mon seul et unique “maitre”(sic). Bien au contraire, l’adhésion du plus grand nombre à ce sacre de la paresse fut totale. Comme si le fait d’ériger le droit à la paresse, sensé organiser désormais toute action humaine, en lieu et place de l’effort et de la créativité de haut niveau, qui présidait jusque-là notre conduite, était un “sommet”, un “Himalaya” d’intelligence.
L’ouvrage de Lafargue nie toute l’histoire de l’humanité, qui n’a été que l’histoire des milliards des micros gestes, micro-efforts d’insectes répétés des hommes, rien que pour manger et se protéger des bêtes sauvages. Sur Linkedin, le Professeur Joyeux, auteur d’un livre sur les dangers de la sédentarité, raconte un jour comment l’homme préhistorique courait beaucoup et très vite. Il pouvait courir 45 kilomètres par heure en moyenne. On voit comment la plus grande énergie physique et intellectuelle lui a permis de survivre seulement. Inversement, si notre homme préhistorique avait adopté le droit à la paresse préconisé par Lafargue, il n’aurait tout simplement pas vécu. De la même façon, ses dessins dans la grotte de Lascaux ont suscité l’admiration légitime de Picasso, qui a dit avoir trouvé un maitre dans le/les dessinateur(s) inconnu(s) de ces fresques. Là encore, cet effort intellectuel inouï, rien que pour laisser une trace culturelle et spirituelle est l’exact opposé de la paresse revendiquée, sacralisée par la société libérale/libertaire française, à compter des années quatre-vingt.
Le livre de Lafargue est donc une réécriture fallacieuse de l’Histoire, niant, gommant le nécessaire effort physique et intellectuel, qui a permis à l’être préhistorique puis à tous ses successeurs, - serfs du Moyen Age, ouvrier du Capitalisme sauvage du XIXème siècle comme les mineurs du nord de la France travaillant douze heures par jour, rien que pour survivre. Et laisser une empreinte culturelle.
Le succès de ces nouveaux auteurs (Fromentin, Michell, Dumas) ne fut elle-même que transitoire. Ephémère. Ils étaient là, uniquement pour modifier les curseurs. Modifier notre perception de l’excellence littéraire, qui s’imposait encore dans nos têtes. Faire oublier des têtes et des cœurs les ouvrages des Lumières, de Rousseau, Hugo, Baudelaire, René Char, Aragon, Proust….Dans les années quatre-vingt, ces derniers furent d’abord remplacés par les sous-livres de l'éditrice Françoise Verny chez Grasset : notamment ceux de Alexandre Jardin, bien que cet auteur ne soit pas le pire. Philippe Labro, Jean-François Deniau…Ils furent eux-même remplacés par la délicate Virginie Despentes, auteur de : “Baise-moi” et “Cher connard”. Par les pseudos récits de Annie Ernaux, publiés dans la collection blanche de Gallimard, tandis que son auteur est promue de façon ahurissante “prix Nobel 2022”. Les mille pages commises par Jonathan Littell, dont le livre, Prix Goncourt, intitulé : « les bienveillantes », édition Gallimard, est rebaptisé de façon ironique par les libraires : « les bien payantes ». Sans doute son unique qualité. Ceux de Marie Darrieussecq. Sylvie Germain. Emmanuel Carrère. Amélie Nothomb. Muriel Barbery. Patrick Chamoiseau. Antoine Volodine.. Ceux de Jean Rouaud. Maryse Condé. Mongo Béti. René Depestre….
Dans la chanson française, il y eut la même opération symbolique : les chansons de Georges Brassens furent oubliées au profit de chanteurs de Rap. Et personne ne s’indigna de la dégringolade de notre culture populaire.
Aujourd’hui, malheureusement, dans le bus ou dans le train, on voit rarement des femmes et des hommes lire. Une exception cependant : dans le train, on a vu le jeune homme assis à côté de moi lire "Les caves du Vatican" de André Gide : une première en 40 ans de voyages par la SNCF.
De façon générale, personne ne moufte face à la gigantesque dégringolade intellectuelle, qui va des écrits de Jean-Jacques Rousseau à ceux de V. Despentes. Et on parle d’expérience pour nous être modestement opposée à ce que l’on considérait être une chute intellectuelle et culturelle très grave et très importante.
On n’a pas oublié le fait que la Ministre de la Culture de Hollande, Fleur Pèlerin, soit incapable de citer un seul titre des livres de Patrick Modiano. Mais cette histoire tragique n’a suscité au mieux que des ricanements. Personne pour prendre la mesure de la gravité de ce que nous étions en train de vive : la CIA nous a volés délibérément notre littérature classique, pour y mettre à la place une culture coca cola.
1-2°)- La mise à mort symbolique de Jean-Paul Sartre :
Dis-moi quel homme célèbre tu célèbres en priorité, et je te dirai quelle société tu es. Rien de plus juste. On peut également affirmer : « dis-moi quel homme célèbre, une société décanille, et je te dirai les valeurs qu’elle rejette violemment ». Dans les années quatre-vingt, la violente mise à mort symbolique du philosophe Jean-Paul Sartre, et le retour au premier plan d’un certain Albert Camus, violemment anti communiste, renseigne utilement sur les valeurs portées par la société mitterrandienne de l’époque.
Pendant toute sa vie, le philosophe Jean-Paul Sartre est promu au statut « d’intellectuel total ». Il a vocation à parler de tous les sujets, des plus politiques, rencontrer avec Simone de Beauvoir des responsables politiques importants comme Che Guevara en 1959. Tout en abordant la question amoureuse dans ses romans : sans que jamais personne ne s’interroge sur sa légitimité à traiter des sujets les plus complexes, les plus divers, sur la base de sa seule culture philosophique.
Mais le reflux du mouvement social post-68 ard (diminution du nombre de mobilisations collectives et de journées individuelles non travaillée à compter de 1976. L’arrivée au pouvoir du félon mitterrand en lien avec la CIA rebat totalement les cartes. Toute indécence bue, la disparition récente du philosophe en 1980 n’empêche pas la polémique de gonfler et de s’acharner contre lui comme des chacals sur une proie.
Dans son célèbre livre intitulé : Lettre ouverte à ceux qui sont passés du col Mao au Rotary, Guy Hocquenghem recense les prises de position publiques d’écrivaillons de 25ème importance, qui n’ont de cesse de brûler le statut de Jean-Paul Sartre. Souvent d’ailleurs d’ex-sartriens. Ils ne sont pas en désaccord avec tel paragraphe de son célèbre livre : « l’être et le néant » publié en 1943, « œuvre massive, hirsute, débordante d’une force irrésistible, pleine de subtilités exquises, encyclopédique, superbement technique, traversée de bout en bout par une intuition d’une simplicité diamantine. Déjà les clameurs de la racaille antiphilosophique commençaient à s’élever dans la presse », dixit Michel Tournier, étudiant de Jean-Paul Sartre, dans son ouvrage : « Le vent Paraclet », édition Gallimard-Folio, n°1138, 1977. Ce qui est reproché à Jean-Paul Sartre, c’est son statut d’éternel intellectuel engagé, compagnon de route du Parti Communiste Français. Ne pas avoir gagné les causes qu’il défendait :
Guy Hocqenghem écrit : « Avoir tort avec Sartre », la formule a été usée jusqu’à la corde, retournée dans tous les sens. Et ces retournements font partie, avec l’anticonformisme du conformisme, le théâtre dans le théâtre et la peinture en abyme, des peu profondes subtilités métaphysiques à quatre sous chères à notre temps. Soyons simple : avoir raison, c’est gagner. Sartre n’a pas souvent gagné ses causes. Mais si avoir raison, c’est ne pas défendre une cause qui deviendra indéfendable, Sartre présente un bilan positif. Il a toujours su s’isoler de la gauche de son temps (…).°Il n’a à ma connaissance jamais signé pour une intervention militaire. Il n’a prôné ni le terrorisme en tant que tel, ni le respect et le soutien des pouvoirs établis » (sic) (cf Lettre ouverte à ceux qui sont passés du col Mao au Rotary, édition Albin Michel, 1986):
Non, JP Sartre n’a jamais défendu le pouvoir en place, quitte à être « minoritaire », « perdant ». Or, c’est justement son statut d’opposant au régime, que les nouveaux philosophes lui reprochent :
Ainsi Glücksmann dit de façon hypocrite : «Sartre était philosophe et écrivain en tant que philosophe…Sartre, c’était Soljenistine » (sic) (Apostrophes, avril 1980). Sous couvert de faire l’éloge de Sartre juste disparu, André Glücksmann jauge le philosophe existentialiste disparu à l’aune de Soljénistine le menteur, l’agent zélé de la CIA. Le même qui affirme sans aucune source l’existence de 140 millions de morts dans les camps du Goulag, comme le dénonce à juste titre Viktor Zemskov, historien soviétique, dans son livre : « Staline et le Peuple », édition Delga, 2023. Inversement, l’auteur parvient au chiffre de 3 753 976 condamnés pour raisons politiques. Chiffre obtenu en ouvrant pour la première fois les archives secrètes de l’OGué-PéOU-NKVD.
On voit donc que Soljénistine, menteur à la solde de la CIA, intellectuel ultra-minoritaire ignoré hier encore, est promu « modèle ». De son côté, Sartre, agent majoritaire s’il en est, reconnu de tous, et malgré une vie d’engagement ferme contre tous les pouvoirs en place, ne doit être que la pâle copie du premier, si l’on en croit les dires de Glüsckmann.
« Sartre s’est trompé. Contre Koestler. Contre Aron. Contre Camus. CoNTRE Merleau-Ponty. Sartre a écrit des romans de professeurs de philosophie. Sartre a manqué de courage. Sartre était un assis fasciné par la violence…Un écrivain qui ne m’intéresse pas…n’importe qui… »(sic) (Olivier Rolin : ex-maréchal de la gauche prolétarienne, Le Débat, « Sartre, cinq ans après », mai 1985).
Ce que Rolin oublie de mentionner, c’est que Koestler et Aron sont des agents de la CIA depuis le début de la guerre froide, comme le note Jacques Pauwels dans son ouvrage : « 1916-1918, La grande guerre des classes », édition Delga, 2016). Ce que reproche Rolin à Sartre, c’est de ne pas avoir rejoint le camp des intellectuels non communistes, le Congrès de la liberté, initié par la CIA d’après-guerre. De ne pas avoir été un agent américain. C’est la plus totale inversion des valeurs.
Et Pascal Bruckner de renchérir : « Une légende tenace continue de présenter Sartre comme le champion du tiers-mondisme….Sartre représente une fantastique régression, eu égard à ses prétentions…Son incompétence, son ignorance…contrastent avec la volonté de Malraux de toujours penser l’Europe en perspective avec les autres civilisations » (sic) (« Le sanglot de l’homme blanc », édité par J-Cl Guillebaud,1983)
Autre inversion des valeurs, lorsque Sartre se voir sévèrement reprocher de ne pas avoir défendu l’Europe supranationale voulue par les Etats Unis, à compter de 1945. Certainement un des choix politiques, que Jean-Paul Sartre a fait de mieux.
Et Jean-Edern Hallier de conclure : « Sartre, c’est un vieux concierge de Montparnasse…Canigou idéologique…L’oeuvre de Sartre ne résiste pas à l’analyse… S’il eut une influence : elle fut fâcheuse »(sic) (Paris-Match, 2 mai 1980)
Phrases à l’emporte-pièce. Décousues. Ironiques et méprisantes, comme le fait de comparer Sartre à une montagne (le Mont Canigou) ou à un vieux concierge du cimetière Montparnasse : pour J-E Hallier, qui ne prend même pas la peine de rédiger un véritable texte construit, argumenté à la mémoire de Jean-Paul Sartre, cette poignée de noms d’oiseau, c’est tout ce que « mérite » Sartre.
A travers cette violente et basse polémique de caniveau, on assiste à la démonétisation totale du philosophe Jean-Paul Sartre. Pourtant, il s’agit d’un philosophe mondialement connu et reconnu de tous, notamment des dirigeants des «pays du tiers-monde », voire « des pays non alignés », comme on disait alors.
Cette opération de mise à mort symbolique est menée par des agents minoritaires du champ philosophique (André Glücksman), du champ journalistique (J-E Hallier) ou politico-littéraire (comme Olivier Rolin). Ces agents souvent débutants comme Glücksman, dont la réputation est sans commune mesure avec l’aura internationale et nationale, dont bénéficie le père de l’existentialisme. On le rappelle : à cette époque, J-P Sartre est enseigné dans toutes les classes de Terminales A de philosophie, par des professeurs de philosophie, prenant souvent Sartre pour modèle.
1-3°)-Cet étrange retour à Camus promu « philosophe », en lieu et place de Jean-Paul Sartre
Dans les années quatre-vingts, sous la houlette du Nouvel Observateur à la manœuvre, on assiste, non seulement à la mise à mort symbolique de JP Sartre, mais aussi à la promotion du non philosophe Albert Camus, sensé prendre la place de l’intellectuel total joué par le philosophe Sartre tout au long de sa vie. L’atlantiste Jacques Julliard rédige un grand article dans le Nouvel Obs intitulé : « cet étrange retour à Camus »(sic), où le journaliste pare l’auteur de « l’étranger » de toutes les vertus philosophiques qu’il n’a pas, vu qu’il ne figure pas au programme de Terminale de philosophie, aux côtés de Kant, Spinoza, Nietzsche, Platon, Hégel, Heidegger…. Camus n’est qu’un romancier pour les lycéens de seconde. Mais il a l’immense « avantage » sur Jean-Paul Sartre d’être un auteur anti-communistes : tout le contraire du père de l’existentialiste, compagnon de route du Parti Communiste Français depuis 1945.
L’oeuvre et l’action d’Albert Camus n’est pas un tout monolithique. Tout oppose le jeune journaliste d’Alger républicain, entré courageusement dans la Résistance en 1943. Il devient le responsable du journal quotidien « Combat » du groupe Combat fondé en 1941 par Henry Frénay et Claude Bourdet, afin de contrebalancer l’influence de Louis Aragon au Parti communiste. Faire « de la résistance culturelle » (sic). Camus rencontre Bourdet dans un café à Lyon en 1943, et noue tout de suite avec ce dernier une grande amitié. On rappelle que l’engagement à Combat est extrêmement périlleux : Berty Albrecht est torturée par la Gestapo et se suicide pour ne pas donner le nom de ses amis. Claude Bourdet est envoyé dans le triste camp de concentration de Dachau. Il aurait suffi d’une dénonciation, pour que la vie de Camus bascule dans la mort, qui attend hélas bon nombre de résistants de cette époque.
A la Libération, Albert Camus s’engage pleinement pour inventer une nouvelle presse libre. Ne disait-il pas alors ? « Elever les mots, c’est élever la vie, les esprits » ! Il reçoit le prix Nobel en 1950. Dans son discours de réception du prix Nobel, il a ces mots : notre génération sait qu’elle ne refera pas le monde, mais elle s’efforcera d’empêcher de la défaire. Cette citation hors contexte est présenté comme la quintessence de la pensée de Camus, alors que toute sa vie de combat, notamment dans la Résistance et au risque de sa vie, est une vie d’engagement à essayer de changer le monde : tout le contraire de cette phrase défaitiste d’acceptation implicite de l’immobilisme social.
Naturellement, c’est ce second et tardif Camus, violemment anti-communiste, qui est promu par Le Nouvel Obs dans les années quatre-vingt, années on le rappelle de reflux du nombre de mobilisations nationales et de journées individuelles non travaillées pour fait de grève.
On rappelle que Le Nouvel Obs est un journal manipulé par la CIA, qui est derrière cette promotion inattendue de Camus au statut d’intellectuel total, que ce bon romancier, auteur de pièces de théâtre n’a jamais été.
Donc le retour à Camus n’est pas aussi « étrange » que le suppose le titre de l’article de Julliard. Il a été décidé par la CIA en toute connaissance de cause.
2°)- Les rares intellectuels analysant la mort de la littérature et philosophie française : Pierre Bourdieu, Alain Badiou, Jacques Pauwels et Madame Annie Lacroix-Riz :
2-1°)-On a pourtant trouvé un premier allié inattendu. Dans un article intitulé « Une révolution conservatrice dans l’édition », publié par la revue “Actes de la recherche en sciences sociales”, n°126-127, 1999, le sociologue Pierre Bourdieu dénonce la dégradation de la qualité des livres publiés par les éditions Gallimard.
Il écrit : « Le plus gros des changements observés dans la politique éditoriale des différentes maisons peut ainsi être rapporté à des changements de la position qu'elles occupent dans le champ, le déplacement vers les positions dominantes s'accompagnant d'un renforcement de la tendance à privilégier la gestion des acquis au détriment de la recherche de la novation et à mettre le capital symbolique détenu au service d'auteurs beaucoup plus « commerciaux » que ne l'étaient, aux temps héroïques des commencements, ceux qui ont contribué à l'accumulation de ce capital « »(sic).
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Et de montrer comment on est passé d’auteurs prestigieux comme Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir à la pâle Annie Ernaux, Philippe Labro, Jean-François Deniau. Et le sociologue de pointer le commerce initié par les éditons Gallimard, consistant à vendre pour de seules raisons mercantiles des carnets, dont la maquette est la collection blanche, dans le seul but de faire de l’argent.
Pierre Bourdieu analyse la bascule entre primat des auteurs classiques (Les lumières, Rousseau, Hugo)/puis écrivants de bas niveau, style Despentes et Ernaux, comme « la venue d’une révolution conservatrice »(sic) du champ de l’édition. Ce terme nous semble être trop global, atemporel, et ne permet pas de saisir les véritables acteurs tirant les ficelles derrière les éditeurs ou contempteurs du philosophe. Nous préférons parler d’opération psychologique symbolique initiée par la CIA, comme nous nous en expliquerons demain dans la troisième partie de cet article.
2-2°)-On eut un second allié dans la personne du philosophe Alain Badiou. Sur le champ de la philosophie, celui-ci dénonça à juste titre “la liquidation de tout ce que représentait l’intelligentsia française révolutionnaire, du point de vue mondial” (sic) (cf Eloge de la politique, édition Café Voltaire/ Flammarion, 2017). Opération menée sous la houlette des “nouveaux philosophes”, type BHL. Et Badiou d’ajouter : “la liquidation de l’intellectuel français révolutionnaire est une façon de dire aux américains, que “chez nous côté pensée révolutionnaire, c’est cuit”(sic).
La liquidation de la littérature classique humaniste est donc une façon de priver le Peuple français de sa spécificité culturelle. De sa mémoire. D’en faire un peuple médiocre, sans passé. Comme les autres. Carburant à la seule culture américaine à deux neurones.
Comme écrit Montalembert : "les grandes histoires font les grands Peuples”(sic). Inversement, la privation de son histoire et de sa culture spécifique a transmué le Peuple français en Peuple médiocre. Petit. Fragilisé. Sans aspérité particulière. Plus rien ne le différencie du Peuple américain avec qui il a les mêmes valeurs libérales.
2-3°)- L’historien marxiste Jacques Pauwels montre l’importance du rôle joué par les actions subversives de la CIA pendant la guerre froide :
Jacques Pauwels rappelle le rôle joué par les actions subversives de la CIA pendant la guerre froide, afin de promouvoir des auteurs non communistes. Il écrit : « La CIA orchestra contre le communisme une offensive intellectuelle et culturelle à laquelle d’innombrables intellectuels, écrivains, artistes, anciens communistes, trotskistes, sociaux-démocrates, et autres figures de la gauche prêtèrent leur concours. Les intellectuels dont on sait maintenant qu’ils furent financés et promus par la CIA, furent notamment Georges Koestler, Isaich Berlin, Sidney Hook, Daniel Bell, Hannah Arendt, Raymond Aron et Arthur Koestler. Souvent, ils reçurent pour cela de susbtantielles rémunérations et/ou toutes sortes de tapes amicales sur l’épaule, qui firent un bien énorme à leur carrière. Un bon exemple est Georges Orwell, avec ses livres 1984 et la ferme des animaux (cf livre de Frances Stonor Saunders : who paid the piper : the CIA ans the cultural Cold War), cité par Jacques Pauwels dans son ouvrage : « 1914-1918, La grande guerre des classes, édition Delga, 2016).
Naturellement, Camus fait partie de cette offensive d’auteurs non communistes promus après-guerre : ne reçut-il par le prix Nobel pour l’ensemble de son oeuvre ? N’est-il pas un des auteurs français le plus traduit dans le monde ? Et « ressorti » par la CIA dans les années quatre-vingt, violemment anti-communistes, dont on reconnait le mode opératoire consistant à « fusiller » les auteurs communistes et progressistes comme Jean-Paul Sartre. Pour mettre à la place des auteurs inoffensifs, à la solde de la CIA comme le Camus d’après-guerre.
Ainsi, un Albert Camus fait partie de cette offensive d’auteurs non communistes promus après-guerre : ne reçut-il par le prix Nobel pour l’ensemble de son oeuvre à l’âge de 44 ans ? N’est-il pas un des auteurs français le plus traduit dans le monde ?
2-4°)- Annie Lacroix-Riz montre le rôle de la CIA dans la destruction de la culture communiste après-guerre :
Dans une excellente vidéo de la librairie Tropiques, intitulé « le livre noir de l’anti communisme », l’historienne marxiste, Madame Annie Lacroix-Riz montre comment la CIA a dézingué la culture communiste sur les campus américains des plus célèbres universités : Berkeley, Harvard, Yale…Chaque jeune chercheur devait prêter serment de ne pas être communiste, s’il voulait faire carrière. Sinon on lui pourrissait la vie.
Dans une excellente vidéo de la librairie Tropiques, intitulé «le livre noir de l’anti communisme », l’historienne marxiste, Madame Annie Lacroix-Riz montre comment la CIA a dézingué la culture communiste sur les campus américains des plus célèbres universités : Berkeley, Harvard, Yale…Chaque jeune chercheur devait prêter serment de ne pas être communiste, s’il voulait faire carrière. Sinon on lui pourrissait la vie.
Bien sûr, il ne s’agit pas de dire que l’idéologie communiste et les livres de Tournier, c’est la même chose. Mais le mode opératoire utilisé par la CIA contre les communistes pendant la guerre froide est le même que celui utilisé contre la littérature classique à partir de la fin des années soixante-dix : d’un côté, on met à mort une culture (communiste ou humaniste). Et aussitôt après, on promeut hier, quitte à les surcôter, des auteurs médiocres et non communistes comme Camus, Hannah Arendt et sa supposée « banalité du mal ». Aujourd’hui, tout le buzz médiatique autour du dernier livre de la non écrivain classique Despentes et du prix Nobel attribué à la non moins classique Ernaux vise à nous faire oublier Flaubert et Rousseau.
Le but est d’empêcher le Peuple français, que l’on veut rayer des peuples qui comptent, d’avoir une culture patricienne. Pour les dirigeants américains, il ne mérite pas de l’avoir.
En conclusion, la mise à mort de la culture française classique et de la philosophie et une idée, en France, certes minoritaire. Mais au contraire très répandue dans l’édition anglo-américaine, pour qui c’est une évidence. Et ce n’est pas un hasard, tant il est patent, à compter des années 1980 d’observer le déclin des romans humanistes, comme ceux de Michel Tournier, première manière (avant qu’il ne devienne le courtisan de mitterrand à partir des années quatre-vingts). Tandis que s’affirme l’hégémonie étatsunienne. Et qu’apparaissent de nouveaux « auteurs » de très faible qualité, promus en sous-main par la CIA comme Despentes.
Dans les années soixante, il était de bon ton d’ironiser sur le journal « Nous-Deux », lecture par excellence des « bonnes femmes » populaires. Aujourd’hui, ayant lu jusqu’au bout l’inoubliable « Baise-moi » de V. Despentes, je soutiens que V. Despentes, c’est du « Nous-Deux » bis destiné à la petite bourgeoisie sans jugeote personnelle. Cette même petite bourgeoisie imposant ses valeurs au reste de la société, notamment aux classes populaires. Lire « Cher connard » est même perçu un signe de « boboïtude ». C’est un acte de «branchitude » que de l’avoir dans son salon. Sur son divan. En ce moment, le livre « Cher connard » trône en première place à la « librairie pour tous » de ma rue du XIIIème arrondissement. Alors qu’en réalité, « Cher connard », c’est la lecture d’un peuple soumis. Vassalisé. Celui que les dirigeants américains veulent liquider pour toujours sur le plan culturel.
PS : Naturellement, reste le cas du philosophe Alain Badiou, dont les succès de vente bien sûr, tant en France (De quoi Sarkosy est-il le nom vendu à 270 000 exemplaires) qu’aux Etats-Unis ne participe pas, mieux encore est en nette rupture avec cette longue et triste dégringolade du niveau intellectuel de nos romans et ouvrages philosophiques observée depuis quarante ans. Alain Badiou est la butte témoin de « l’ancien monde » culturel. Tout comme Jean-Paul Sartre, Badiou est un « intellectuel total », capable de parler politique et amour, poésie et mathématiques, histoire et crise actuelle de la jeunesse. Dans la mise au rancart de notre culture classique, voulue sciemment par les dirigeants américains, Badiou est un « malentendu », un « heureux malentendu », dont on ne peut bien sûr que se réjouir. Et dont le succès ne peut s’expliquer que par la demande populaire existant toujours en France d’ouvrages de critique sociale de grande qualité. Badiou est le caillou dans la chaussette, qui empêche notre culture d’être totalement aseptisée et insignifiante.