La lettre du Figaro
Chers abonnés,
Il y a au moins 237.000 mécontents en France aujourd'hui. Le passe sanitaire dans sa version étendue et élargie entre en vigueur et tout laisse penser que cela ne ravit pas ces Français qui ont manifesté leur opposition dans la rue samedi dernier. Leur mobilisation n’aura pas suffi et ils devront désormais faire comme tout le monde et s'armer de leur QR codes, tests négatifs et autres attestations de guérison du Covid pour faire ce que bon leur semble, pour voyager en TGV ou aller profiter du soleil (qui semble enfin avoir décidé d'y mettre un peu du sien) à la terrasse d'un café.
Sans trop changer de sujet, cette lettre matinale vous révélera aussi les raisons pour lesquelles le sud de l'Hexagone fait plus de résistance au vaccin et au passe sanitaire que le reste du pays.
En ce lundi pas trop pluvieux, nous fêtons la Saint-Amour. Passez une bonne journée!
Louise Darbon
La France se met à l'heure du passe sanitaire
Vérification des passes sanitaires des clients au restaurant Siesta à L'Île-Rousse, au nord de la Corse, le 23 juillet. PASCAL POCHARD-CASABIANCA/AFP
Ça y est, c'est le grand jour: l'extension générale du passe sanitaire entre en vigueur. Petite piqûre de rappel: désormais vous devrez présenter ce sésame dans les restaurants et bars, dans les trains, toujours au cinéma et au théâtre mais également dans les hôpitaux et les très grands centres commerciaux (à la discrétion des préfets). Magnanime, le gouvernement a bien voulu passer la validité des tests de 48 à 72h. Les non-vaccinés ont donc gagné 24h de répit. Les propriétaires de restaurants et bars, eux, se préparent à contrôler leurs précieux clients. Quand certains se résignent, préférant cet inconvénient aux confinements et au couvre-feu, d'autres craignent pour leurs affaires. Comment assurer un contrôle systématique des clients sans embaucher? Et sans faire fuir clientèle? Le secteur manque de bras et de moyens pour assurer le respect des règles, préviennent les organisations syndicales qui craignent également la baisse de fréquentation que pourraient engendrer les nouvelles mesures.
Côté rail, la SNCF va se débrouiller comme elle peut avec les moyens du bord pour contrôler de manière aléatoire les fameux passes. Les policiers et les gendarmes se tiennent d'ailleurs prêts à venir épauler les contrôleurs qui anticipent les réactions violentes des plus féroces opposants à la mesure gouvernementale. Devant les boîtes de nuit et les lieux touristiques - où le passe sanitaire est exigé depuis déjà un petit moment -, des tentes de tests rapides, qui ne demandent aux touristes et fêtards qu'un petit quart d'heure d'attente avant de pouvoir investir les lieux en toute légalité, apparaissent désormais presque systématiquement.
Si les professionnels concernés s'organisent, parfois à leur corps défendant, l'élargissement du passe sanitaire fait tiquer, des restaurateurs ayant déjà annoncé qu'ils se refuseraient à l'appliquer. Plus largement, ce sont 237.000 Français qui sont descendus dans la rue samedi dernier. On y retrouve de grands habitués des manifestations, les infatigables «gilets jaunes» qui dénoncent avec tous les autres protestataires des lois liberticides qui dépassent les simples considérations sanitaires.
• L'éditorial
«Un mal nécessaire»