On le sait, la Direction de la FI ne fait pas de politique pour gagner, renverser véritablement le pouvoir macronien : tout le contraire de Mitterrand, dont l'ambition têtue, obstinée, à conquérir le pouvoir central n'est plus à démontrer : ayant été obligé de s'y prendre à 3 reprises : 1965, 1974, 1981. Je rappelle que je n'ai jamais voté Mitterrand, étant au PSU.
Je me souviens, sa critique de Giscard était frontale, radicale, sans appel. En résonance directe avec la haine, le mot n'est pas trop fort, du Peuple de gauche des années 70 contre VGE. Et surtout de son "libéralisme avancé". Une fois dans ma vie, par curiosité, j’ai écouté Mitterrand à Chamiers en 1977 à une élection partielle. Il a commencé son discours par : “ je vais vous débarrasser de Giscard”(sic). Ce fut un tonnerre d’applaudissements dans le vieux gymnase. Je m’en souviens comme si c’était hier…! Qu’est-ce qu’il attend Mélenchon, son fils spirituel, pour dire la même chose de Macron ?
On le rappelle : les républicains indépendants de Giscard était un petit parti libéral, représentant à peine 5% des suffrages : surtout des bourgeois aisés. Avec Giscard, tout le monde a été obligé de carburer au libéralisme, c'est à dire à la loi de la jungle, abattoir des plus faibles, y compris les prostituées et les sans abris !
Mais le "Mitterrandisme" des années 70 se voulait aussi l'héritier ou le liquidateur, c'est selon le point de vue où on se place, des idées 68ardes de nécessaire révolte et de volonté de changer le monde.
L'ambition personnelle aigue de Mitterrand a coïncidé avec ce rejet massif de l'idéologie libérale, suscitant à juste titre toutes les craintes.
On rappelle qu'en 1974, Mitterrand a échoué à la Présidentielle à 400 000 voix près : il a fait une dépression nerveuse : ce qui montre à quel point il s'était profondément investi dans ce combat. Et l'enjeu énorme que constituait pour lui cette conquête de l'Elysee. Comme disent les enfants, il faisait de la politique "pour de vrai". Et c'est je crois, ce qui a séduit bon nombre de ses électeurs. Je rappelle que je n'ai jamais voté Mitterrand, étant au PSU.
Autre paramètre important de son combat : la popularisation d'un programme commun très à gauche, prévoyant notamment des nationalisations. Même Alain Badiou reconnaît que ce programme très à gauche "était formidable"(sic) pour les électeurs post-68ards de l'époque. Certes, comme l'explique très bien notre camarade Jean-Pierre Combe, il a obligé le Parti communiste à abandonner son programme ouvriériste, s'alignant des lors sur le programme social-démocrate de Mitterrand, Mais, pour les électeurs peu politisés, le programme commun apparaissait comme une avancée sociale considérable.
Venons-en à la Direction de la FI : c'est tout le contraire. Avec Aubry, Chikirou, Corbière, Bompard, JLM nouvelle manière hélas, on assiste à la revanche des cloportes, comme aurait dit Michel Audiard. Ils veulent se tailler des fiefs électoraux, vivre sur un grand pied, la belle vie dorée sur tranche de député national ou européen, que leur offre sur un plateau le système politique français et européen, point barre. Et aussi le financement de la vie politique : la FI a reçu 4,4 millions d'euros en 2018 ( 22 millions entre 2017 et 2022), correspondant à 1,42 euros environ par électeur. Et 35 000 euros par député. Nullement s'enquiquiner avec la conquête sérieuse du pouvoir central, à la manière du tenace Mitterrand par exemple.
La critique de Macron, systématiquement appelée "Monsieur Macron" est molle. Fade. Portant toujours sur une question périphérique comme l'aspiration à plus d'écologie, nullement la question prioritaire des fins de mois difficiles pour 80% des français. Ou insignifiante, lorsque Corbière pointe les "erreurs de communication"(sic) de Macron à l'occasion du grand débat.
Autre indice qui montre que la Direction de la FI ne veut pas véritablement prendre le pouvoir : en ce moment, "l'air du temps", forgé par le long mouvement des gilets jaunes est très à gauche, dominé par le primat de la question sociale : des augmentations de salaires, retraites et minimas sociaux pour tout le monde. Cette doléance des GJ n'est absolument pas relayée par la FI. Elle ne défend pas sérieusement les gilets jaunes. La Direction de la FI lui préfère la question écologique petite-bourgeoise. Ce qui l'amène très concrètement à être en concurrence misérable avec l'électorat de Jadot. Alors que, si elle le voulait, avec un discours exigeant sur la question sociale, la popularisation actuelle de notre programme "L'avenir en commun", elle aurait un boulevard politique devant elle !
Si Mitterrand était en résonance avec l'air du temps des années 70, JLM nouvelle manière, Aubry, etc développent un discours tout ce qu'il y a de compatible avec le système et les bobocrates. Ignorant délibérément la colère populaire des classes populaires et des petites classes moyennes. Ainsi, Jacqueline Mouclaud, gilet jaune "modéré" se plaint que Macron n'ait rien propose en faveur des "travailleurs pauvres" gagnant 1000 euros par mois (entendu ce matin sur France Inter). On donnerait beaucoup pour que la direction de la FI tienne un tel discours minimaliste. Alors que c'est tout le contraire ! Cette énième version de projet écologiste proposée par JLM dans Libe réduit comme peau de chagrin la taille de son électorat. Ce dernier a déjà dégringolé de 20% à 7%. CETTE STRATEGIE EST DONC SUICIDAIRE. Elle ne permet absolument pas de considérer la FI comme un parti souhaitant sincèrement faire 51% des suffrages, sur le modèle des "socialo-communistes" de 1981.
On ne reprochera pas à JLM de ne pas avoir fait de dépression en 2017, le soir du premier tour. En revanche, le fait que Corbière ait appelé à 20 heures 10 à voter Macron contre Le Pen, ainsi que le montre très bien le film de Gilles Perret (“L'insoumis”), montre parfaitement le rôle de "voiture-balai" de la FI au service de la Macronie, pensé comme un horizon indépassable...!