Badiou : "La démocratie, une formule qui convient parfaitement au capitalisme !"
Article rédigé par Alain Badiou et Brigitte Bouzonnie
1°)-ALAIN BADIOU : LA DEMOCRATIE, UNE FORMULE QUI CONVIENT PARFAITEMENT A LA BOURGEOISIE CAPITALISTE DIRIGEANTE....!!!
Sur le plateau de Ce Soir Ou Jamais, Alain BADIOU montre que le capitalisme ne prospère jamais autant que dans les démocraties des pays capitalistes développés:
"Moi je pense que si on entend par "démocratie", ce que nous entendons tous sous ce nom, c'est à dire un régime politique fondé sur la représentation élective et la représentation générale de la masse des gens par un petit nombre de politiciens professionnels, au bout du compte, CETTE FORMULE CONVIENT PARFAITEMENT AU CAPITALISME. Je ne vois aucune contradiction d'ailleurs, s'il y avait contradiction entre les deux, il y a belle lurette que nous le saurions...
Or, nous voyons parfaitement que la démocratie en ce sens là est PROSPERE, précisément que dans les pays capitalistes développés, économiquement les plus avancés. Mon hypothèse la plus raisonnable est qu'il n'y a aucune espèce de CONTRADICTION entre la démocratie prise sous cette forme et le déploiement du capitalisme lui même. Au contraire, c'est la forme la plus appropriée à son développement.
Et ça pour une raison fondamentale, c'est que la conception de la décision politique, dans la démocratie électorale et parlementaire, est réduite en ce qui concerne les larges masses des gens à une action individuelle DERISOIRE, qui est de voter une fois tous les 4/5 ans...Et c'est ça qui constitue le fondement et la légitimité de l'Etat. Cette légitimité est donc extraordinairement fragile, faible, elle n'empêche nullement une OLGARCHIE DIRIGEANTE, composée pour partie par des politiciens professionnels, des propriétaires de l'industrie, du commerce, de la grande circulation des capitaux interplanétaires soit en fait le véritable centre de décision..." (sic)
Et d'ajouter par ailleurs : D'ailleurs, aucun homme politique ne critique jamais le capitalisme, sauf Hollande lors de son discours du Bourget : "mon ennemi, c'est la finance", pure figure de style électorale. Il existe donc une connivence, une collusion entre le Capitalisme et la démocratie formelle, qui choisit juste des fondés de pouvoir" au "service du capital, comme le disait déjà MARX.
2°)-Brigitte Bouzonnie : Alain BADIOU critique de façon très lucide la démocratie bourgeoise, démocratie formelle, qui ne remet jamais en cause le capitalisme financier de façon frontale. Substantielle. Système parlementaire qui est le meilleur allié politique, frère d’armes du capitalisme.
Comme scandent les jeunes : NOS REVES SONT TROP GRANDS POUR RENTRER DANS VOS URNES !
Avec le suffrage universel, LE PEUPLE N'EXISTE PAS EN TANT QUE TEL, c'est à dire un groupe formé, conscientisé, un groupe "pour soi" ; ayant une conscience collective de classe. Dans une démocratie bourgeoise, le Peuple n'existe qu'"en soi" : une simple existence de fait bigarrée, diversifiée, atomisée. De fait, il n'y a que des individus isolés, victimes de la manipulation culturelle du libéralisme, qui lamine, d'entrée de jeu la solidarité nécessaire à toute action collective (politique), au profit d'un individualisme forcené, hyper-agressif, hyper narcissique, transformant la société en champ de bataille.
Inversement, l’objectif de toute Politique avec un grand P devrait donc être de transformer des millions d'électeurs isolés, n'ayant en tant que tel aucune marge de manoeuvre, sinon obéir craintivement à la dictature imposée par le capitalisme mondialisé en PEUPLE CONSCIENTISE ET SOUVERAIN.
Un Peuple roi qui décide enfin de sa propre règle du jeu, à travers la rédaction d’une nouvelle Constitution sur les rond points des gilets jaunes : esquisse d’un pouvoir à la base, qui in fine dirigera seul le pays.
Un Peuple roi qui cherchera et trouvera des solutions à ses problèmes. Notamment à la question du chômage (9 millions de personnes sans emploi) et de la pauvreté : 15 millions de femmes et d'hommes vivant en dessous du seuil de pauvreté.
Des lignes qui me rappellent ces vers de Louis ARAGON :
"La souffrance enfante les songes,
"Comme une ruche ses abeilles,
"L'homme crie où son fer le ronge.
"Et sa plaie engendre un soleil,
"Plus beau que les anciens mensonges,
"Plus beau que les anciens mensonges"
(Les poêtes)
Comme on disait dans les années 70 :
ON A RAISON DE SE REVOLTER !
Nous sommes en plein dans la phase d'accouchement de la conscience collective de l'humanité. C'est très douloureux. Mais après ce ne sera plus du tout comme avant.
Chaque fois qu'une personne apprendra quelque choses, toutes les autres le sauront aussi automatiquement et instantanément. Tout le monde connaîtra les motivations et les pensées les plus intimes de tout le monde. La politique comme elle est vécue aujourd'hui ne sera plus possible. Ni l'économie d'ailleurs.
Les personnes qui ne seront pas capables de s'adapter ne survivront pas à l'accouchement.