Jacques Sapir : Du droit à manifester !
Article rédigé par Jacques Sapir, le 15 juin 2016, mais hélas toujours d'actualité !
Danièle Bleitrach : Le gouvernement interdira de manifester si les biens et les personnes sont menacés, on peut donc en déduire que si le service d’ordre de la CGT n’est pas capable d’assurer la sécurité de l’euro, les manifestations contre la loi travail seront interdits… On peut rire mais c’est très dangereux… (Danielle Blaitrach)
Jacques Sapir : Une menace nette plane désormais sur le droit constitutionnel de manifester. Le gouvernement se saisi du double prétexte des incidents qui ont émaillé la manifestation du mardi 14 contre la loi El Khomri et de la légitime émotion suscitée par l’odieux crime de Magnanville ou deux policiers ont été les victimes d’un djihadiste pour tenter d’interdire les manifestations.
Ainsi, le Président de la République, François Hollande a annoncé en conseil des ministres le 15 juin qu’il n’y aurait plus d’autorisation de manifester si la préservation des « biens et des personnes » ne pouvait être « garantie »[1]. Comme l’a déclaré le porte-parole du gouvernement M. Stéphane Le Foll, par ailleurs Ministre de l’agriculture et bien habitué aux manifestations violentes : « A un moment où la France accueille l’Euro, où elle fait face au terrorisme, il ne pourra plus y avoir d’autorisation de manifester si les conditions de la préservation des biens et des personnes et des biens publics ne sont pas garanties. » L’amalgame est ainsi ouvertement réalisé entre les terroristes, les hooligans, et le mouvement social. Rappelons, pour ceux qui auraient pu l’oublier, que ceci est le fait d’un gouvernement « de gauche » toujours prompt à accoler le qualificatif « d’extrême-droite » sur tous ses opposants. Ces propos sont honteux. Ils sont aussi profondément scandaleux.
Le Premier-ministre, M. Manuel Valls, avait dans la matinée du 15 réaffirmé qu’il ne « changera pas » le projet de loi travail, et il avait dénoncé ce qu’il appelait l’attitude « ambiguë » de la CGT : « Je demande à la CGT de ne plus organiser ce type de manifestations sur Paris et, au cas par cas, car vous savez qu’on ne peut pas prononcer une interdiction générale, nous prendrons, nous, nos responsabilités ». Ces propos répétés, provenant des plus hautes autorités de l’Etat sont donc d’une gravité extrême. Ils mettent en cause directement la paix civile. Ils relèvent de la provocation délibérée.
La présence de « casseurs », de gens cherchant délibérément à en découdre dans les manifestations, est un fait qui date de plus de quarante ans. Que cette présence pose un problème est une évidence ; mais elle ne date pas des dernières manifestations. Ce qui est grave aujourd’hui c’est que l’on voit réapparaître du côté de la police et ce depuis plusieurs semaines des pratiques qui avaient disparu depuis la fin des années 1970, voire 1980, comme le tir tendu de grenade, les brutalités à l’encontre des journalistes, voire de collégiens, sans oublier l’usage du flash-ball — deux personnes ont été éborgnées. Il est incontestable que l’on a franchi un nouveau pallier. Des nouvelles victimes innocentes ont été relevées lors de la manifestation du 14 juin.
Ce sont ces pratiques qui ont brisé l’unanimité nationale autour des forces de police, ce que l’on appelait « l’esprit du 11 janvier ». La responsabilité en incombe complètement et totalement au gouvernement.
On connaît l’adage du Droit : « le Prince couvre le sujet ». Il faut alors poser des questions à ce gouvernement. La multiplication de ces incidents, combinée à la relative impunité dont ont pu bénéficier certains « casseurs » et qui a été soulignée dans de multiples reportages, soulève des interrogations légitimes. A-t-on donné des ordres spécifiques à la police ou, ce qui semble plus probable – et ce qui en un sens est pire – l’a-t-on laissée sans ordre? Si tel est le cas, qu’est ce que cela révèle dans le fonctionnement des administrations ?
Au-delà de ces questions, le lien entre les consignes européennes et l’entêtement du gouvernement à propos de la loi travail, dite loi El Khomri, est aujourd’hui un facteur supplémentaire de perte de la légitimité du gouvernement et du Président. Le pouvoir apparaît en France comme le fondé de pouvoir d’une instance étrangère. Le mouvement contre la loi travail est en réalité, très profondément, un mouvement de réappropriation de la souveraineté nationale, base de la souveraineté populaire.
C’est une situation réellement inquiétante car le comportement d’une minorité de policiers, dont on refuse qu’elle puisse être étendue à l’ensemble de la Police, mais aussi et surtout du ministère de l’intérieur, dont les propos du mardi 14 au soir faisant l’amalgame entre le crime odieux dont deux policiers ont été victimes et le mouvement social, et indirectement du Premier-ministre, durcit les oppositions et fait peser sur les forces de l’ordre un discrédit qui est d’autant plus grave que nous sommes en état d’urgence. Cette situation devrait logiquement conduire le gouvernement à ne pas chercher à antagoniser les oppositions, à retirer – ne serait-ce que provisoirement – la loi El Khomri, et à contrôler le comportement des forces de l’ordre qui sont sous sa responsabilité. Or, il fait aujourd’hui tout le contraire et rajoute à une situation tendue de dangereuses provocations.
Les propos scandaleux, et pour tout dire provocatoires, des membres du gouvernement et du Président de la République dressent aujourd’hui les français les uns contre les autres au moment même où l’on aurait tant besoin de se rassembler. Ils peuvent conduire à la guerre civile. Ils ôtent à ce gouvernement toute légitimité pour pouvoir prétendre continuer à assurer la paix civile et la protection des personnes face à la menace terroriste.
2 réponses à “Du droit à manifester, par Jacques Sapir”
Ouallonsnous ?
juin 15, 2016 at 2:52
Si le gouvernement interdit de manifester, comment vont ils employer les nervis du ministère de l’intérieur auteurs de la casse et du vandalisme durant les manifestations ?
FRED
juin 16, 2016 at 10:11
Ce gouvernement depuis le début gouverne avec un revolver sur la tempe la marque du revolver est sans doute COLT ou Smith and Wesson … des le début nous avons perdu ALSTOM pour des raisons juridique bidon d exterritorialité juridique des lois US … ensuite SNOWDEN comme ASSANGE nous ont dit que la NSA écoutait tout le staff politique européen et particulièrement la FRANCE … puis des lois genre celle de la transparence fiscale donnant aux USA les bilans de nos corporations transparence oblige sont rédigées MAIS au derniers moment en décembre 2015 a 1 heure du matin un groupe de parlementaire PS votent contre après avoir escamote un vote POUR grâce au règlement de l assemblée … fatalement comme le cave se rebiffe , début janvier représailles attentat type GLADIO réseaux secret de l OTAN frappent CHARLIE HEBDO !!! des lors a ce stade je demande pourquoi ce gouvernement n a pas propose cette loi el konnerie 2 ou 3 mois après cette attaque sachant qu ils beneficiaient d un certain état de grâce et de deux ans 1/2 avant les prochaine présidentielle ??? pourquoi ?? c est stupide non ?? Après quoi sur le sujet de la SYRIE et des MISTRALS on sait que la FRANCE trainait les pieds , pas assez dure envers les Russes et trop conciliante avec Bachard ( sauf les traitres comme FABIUS agent infiltre des USA et ISRAEL ) des lors le 15 novembre 2015 GLADIO frappe encore … le 25 novembre la décision sur les MISTRAL et notre engagement arme envers BACHARD en SYRIE était définitif !! VOILA OU NOUS EN SOMMES … IL EST DONC FORT PROBABLE que ce gouvernement n est comme seule option pour s en sortir que de susciter la vindicte populaire réveiller la SOCIALE car c est une autre paires de manches que de contrôler et faire chanter tout un peuple , plutôt qu un staff gouvernemental …. de plus ce gouvernement n était pas prévu par les USA leur poulain étant Sarko !! ce dernier battu , leurs influences n étaient plus tout a fait la même … cependant SARKO a eu 5 ans pour infiltrer et organiser nos institutions dans le sens de la traitrise made in USA OTAN , le gouvernement actuel aurait du faire le nettoyage de nos institutions a tout les niveaux hélas il est maintenant isole il ne lui reste plus que la rue pour retrouver peut être une certaine forme de souveraineté , en usant de l insurrection de la politique du chaos pour s en sortir , voila ou nous mène la kypto politique , la démocratie ésotérique , l occultisme diplomatique , n est ce pas la le sens de ce que l on nomme APOCALYPSE …