Il nous faut regarder le réel, notre lointain secret ...!
Présentation de l'ouvrage du philosophe Alain Badiou intitulé : "A LA RECHERCHE DU REEL PERDU", édition Fayard, février 2015.
1°)-Brigitte Bouzonnie : Il nous faut regarder. Au delà du paysage médiatique bâché par des inepties à l'hectolitre. Au delà de ce tunnel de mensonges constitué par la vie "ordinaire", dominée par le "divertissement" des classes moyennes boboïsées. Et qui dissimule "notre lointain secret", c'est à dire notre volonté de faire advenir une société solidaire, une autre politique en lieu et place du capitalisme triomphant, de la société libérale de la compétition forcenée perçue comme la "seule vie possible" : car "il n'existe pas d'alternative" (TINA), pour reprendre la célèbre phrase de Thatcher...
La vie politique ordinaire est organisée autour de l'UMPSFN, autrement dit trois formes de libéralisme. Elle interdit de penser un projet politique en rupture avec cette société, résultat du complot des classes dominantes, à compter des années 70, pour filer aux classes populaires et moyennes la pire raclée de son histoire. En particulier, en organisant sciemment, délibérément, le chômage et la pauvreté de masse...
C'est à nous à ne pas tomber dans ce piège. A nous de regarder le réel au delà du réel quotidien terne et morne, où nous n'aurons jamais notre place. A nous de faire advenir l'impossible en politique, c'est à dire, en nous nattant pour un projet de vie décente, où chacun aurait un emploi correctement rémunéré ou un revenu d'existence décent...!
2°)-ALAIN BADIOU : A LA RECHERCHE DU REEL PERDU, extraits de son livre, édition Fayard, février 2015. :
"Or, on peut soutenir que le réel, est toujours dans la forme de l' exil, puisque, étant l'impossible ou le semblant dont il faut arracher le masque, y accéder suppose qu'on s'éloigne de la vie ordinaire, de la vie commune. Le réel n'est pas du tout ce qui structure notre vie immédiate, il en est au contraire, comme l'a admirablement montré Freud, notre lointain secret...Et pour découvrir ce secret, il faut sortir de la vie ordinaire, sortir de la caverne, Platon l'a dit une fois pour toutes." (...)
"La thèse que formalisent en poème "Les cendres de Gramsci" poème de Pasolini est que, dans la société capitaliste triomphante, le divertissement est roi -un peu comme Debord il y a souveraineté du spectacle. Il n'y a que le divertissement. Il n'y a que le souci de se tenir aussi éloigné du réel que possible. De façon à cultiver, acheter, nourrir et perpétuer le semblant protecteur du sujet, quand il est citoyen de l'occident impérial. Pasolini va appeler cette disposition subjective "remplacer la vie par la survie". La survie a une définition précise : vous avez en effet renoncé à "la passion désespérée d'être au monde", vous ne pouvez plus continuer que le travail négatif du divertissement."