Il existe tant de façons de non vivre. Il existe tant de façons de souffrir...
Texte rédigé par Brigitte Bouzonnie le 22 novembre 2021
Il existe tant de façons de non vivre. Il existe tant de façons de souffrir.... Le temps n'a plus d'importance, les jours, les nuits passent, dans leur indifférence mécanique. Rien ne vient déranger cette vie plate, fausse, aseptisée. Pareille à un mauvais rêve.
Plus tard, on ne se souviendra plus. De ces politiques mangeuses de femmes et d'hommes. Mortifères. Du raffinement extrême des tortures du Libéralisme, qui, sous ses airs de "liberté", ne pouvait générer que le pire. Du malheur, qui nous frappait tous, à force de chômage, à force de pauvreté. De ces politiques austéritaires, produisant un flot discontinu, un ras de marée de souffrances et de larmes. De nos existences sombres. Déformées. Salies. Incertaines. Bizarrement lointaines, tant on n'y avait plus prise, comme s'il s'agissait de l'histoire (imaginaire) d'un(e) autre.
De ces politiques qui laissaient le Peuple craintif, atone, paralysé à l'idée de parler contre, de s'insurger. Où vivre, c'était mourir. De cette mort affreuse, contre laquelle on se cognait, s'écorchait sourdement. Contre les monstres sans visage. Contre nous même.
J'avais les yeux brûlés de la pourriture du monde. Les oreilles saturées, sourdes, d'entendre sa bande-son inepte, insipide, balivernante, toujours recommencée. Les bras rendus impuissants d'avoir voulu soulever les montagnes du mentir, qui jouent les sentinelles menaçantes de l'ordre établi, aux quatre coins de la planète. D'avoir voulu étreindre, dans mon enthousiasme enfantin, la beauté des idées libératrices, pareilles à l'eau des fontaines qui désaltère. La beauté des idées qui inventent la musique d'une nouvelle vie, plaine d'aurores et de petits matins pleins de lumière.
L'heure était à la colère frémissante. L'heure était de régler ses comptes avec une Bourgeoisie honnie, à qui malheureusement personne, dans sa toile d'araignée, n'échappe à commencer par les plus modestes. La Bourgeoisie pour laquelle j'aurais toujours la plus profonde horreur. La plus grande distance, orageuse, capitale, blessée...
Je rêve d'une vie qui ressemble à la couleur rouge. A un pays immense comme le rêve inassouvi d'un Peuple dupé, moqué, trahi, par les promesses menteuses, hypocrites, de la "gôche" caviar. Une vie comme une maison, portes et fenêtres ouvertes, qui s'ouvre à n'importe qui. Où n'importe qui peut poser ses bagages et son passé de cendres. Une maison riante au bout du long chemin de misère, de l'absence sans désir, des années d'hiver, des machines du souffrir et de la peine. Une vie qui ressemble à un immense coeur rouge, où le sang afflue de nouveau, balayant le souvenir de nos veines bleuies, malades, de notre passé à baisser la tête...
Hélas,nous avons tenté de vivre mais il est trop tard