Hommage à Patrick Buisson
Version n°2 : TVLibertés du 27 décembre 2023. J'écoutai avec intérêt Patrick Buisson à "Politiquement Show", car il était très cultivé sur les idées de la droite extrême
Brigitte Bouzonnie : Inutile de me traiter de vieille réac : mais j’appréciais la grande culture de l’extrême-droite possédée par Patrick Buisson. Sur le fil d’actu de Facebook, j’ai lu des commentaires indignes sur sa personne, certains se réjouissant ouvertement de son triste décès à 74 ans, intervenu cette semaine. Je regardais Patrick Buisson à l’émission d’analyse politique “ Politiquement show”, et j’apprenais beaucoup de choses nouvelles. Ainsi, lorsqu’il traite Ségolène Royal de “jeune fille maurassienne”, il montre implicitement qu’il a lu toute l’oeuvre de Charles Maurras.
1°)-En ces temps où les hommes politiques comme Macron ont 50 mots de vocabulaire, tout au plus. Et ont le front, toujours comme Macron, de lire un discours de 10 minutes top chrono, sur l’engagement supposé être “entrepreneurial”(sic) de notre grande héroïne historique, Jeanne D’arc : les vrais intellectuels cultivés, qui ont lu un livre de la première à la dernière page ne courent pas les rues. Tel était cependant Patrick Buisson, dont la culture historico-littéraire n’est pas à démontrer.
2°)- Par ailleurs, traiter Ségolène de “jeune fille maurassienne” est une analyse très juste corroborée par les faits. En effet, son père n’était-il pas le directeur de cabinet de Tixier-Vignancourt, candidat d’extrême-droite aux élections présidentielles de 1965 ? Son statut de “candidate de la gauche aux élections de 2007” est donc une véritable imposture, pour ne pas dire une sombre arnaque, comme notre Histoire de France en regorge ces derniers temps. Dans son livre “De quoi Sarkosy est-il le nom ?”, édition Fayard, 2009, le philosophe Alain Badiou traite justement Ségolène de “bourgeoise nuageuse, cachant bien ses propres idées, si tant est qu’elle en ait eu un jour”(sic). Et : “la tocarde a perdu comme elle le méritait”(sic). Rien de plus juste. Car, non seulement Ségolène est de droite, mais elle a en plus les 50 mots de vocabulaire requis aujourd’hui pour faire de la politique dans le grand bain. Sans le faire exprès, Alain Badiou est d’accord avec Patrick Buisson, qui n’est donc pas un si mauvais analyste que cela.
De plus, comme moi, qui ait le coeur gros, dès que j’entends une chanson d’Adamo et autres, Patrick Buisson avait le bon goût d’être un nostalgique inconsolable des années 1960, les “années Pompidou”, où la vie était plus heureuse que les mornes matins d’aujourd’hui.
Enfin, sur l’imposture du suffrage universel, Patrick Buisson citait aussi une phrase peu connue de Victor Hugo : “quand on donne un bulletin de vote, on prend un fusil” (sic). Rien de plus juste. La technologie sociale du suffrage universel a été inventée par les élites Louis-Phillipardes ( les constitutionnalistes et baron, Louis-Marie de Lahaie de Cornemin et Isambert), pour ramener à la maison, pacifier le peuple descendu dans la rue en février 1848, afin de protester contre des salaires insuffisants. Pour toute “solution”, le pouvoir du moment lui offrit le suffrage universel, qu’il n’avait pas demandé. Patrick Buisson posait un regard lucide sur le vote pour tous : très loin du gros mensonge, selon lequel “le peuple français était mort pour le suffrage universel”. Il avait donc des qualités intellectuelles indéniables, chose que de nombreux facebookiens, dans leur détestation imbécile et aveugle de l’intellectuel de droite extrême, font royalement l’impasse.