Richesse nationale passée de 210 milliards d'euros en 1974 à 2 300 milliards d'euros en 2019. Chômage passé de 1 à 6,5 millions demandeurs d'emploi : cherchez l'erreur !
Discussion entre Frédéric Farah, Claude Messaoudani, Brigitte Bouzonnie
1°)- Claude Messaoudani : "comme l'a déjà écrit Brigitte Bouzonnie, c'est pire encore. Sous Giscard il s'agissait de faire passer la courbe du chômage sous la barre des1 million de chômeurs. Nous avons allègrement crevé le plafond des 6,5 millions aujourd'hui.... Dans le même temps, la richesse nationale exprimée en PIB est passée de 210 Mdrs € en 1974 à 2.300 Mdrs € en 2019 ! Cherchez l'erreur; richesse produite multipliée par 10, chômage multiplié par 6....En même temps !
Avant tous les gouvernements luttaient contre le chômage. Ce gouvernement, quant à lui, lutte contre les chômeurs, et avec férocité.
2°)-Brigitte Bouzonnie : Claude, merci pour ces chiffres très intéressants : je les intègre a mon article des que possible !
3°)-Farah Frédéric : Keynes nommerait cela la pauvreté dans l'abondance... l'économiste britannique avait bien compris que le sous-emploi était la situation naturelle si je puis dire du capitalisme. C 'est pourquoi attendre du marche le plein emploi est illusoire. L' âge d or du plein emploi après guerre est celui aussi de l' âge d or des politiques économiques : autrement dit le passage de la main invisible du marche à la main visible de l' Etat. Aujourd’hui et si je suis l'analyse de P N Giraud, on se trouverait dans une situation pire que celle de l'exploitation celle de l' homme inutile. Ainsi la richesse se multiplie et on laisse de côté des millions d hommes et de femmes . Tant à dire encore une fois
4°)-Brigitte Bouzonnie :Je prolongerai un peu votre raisonnement : l'âge d'or du plein emploi, les années 60 par exemple, où Pompidou ne dormait plus la nuit, le chômage ayant "bondi" à 600 000 chômeurs, c'est d'abord l'âge d'or, non seulement des politiques économiques, mais surtout des "politiques de l'emploi", c'est plus précis !
Ainsi, Pompidou avait-il confié un rapport à Francois-Xavier Ortoli et Jacques Delors, alors commissaires au Plan, afin qu'ils lui fassent des propositions de création d'emplois : ce qu'ils ont fait. Aujourd'hui il y a entre 6 et 9 millions de chômeurs : non seulement, Macron ne fait rien, mais il décanille la politique de l'emploi : par exemple, le nombre de contrats aidés du secteur non marchand a été liquidé à zéro !
5°)-Farah Frédéric : Brigitte, la création de l’ANPE en 67 participe de la préoccupation que vous évoquez. Oui à l époque le plein emploi est la priorité avec la croissance. Ce sont les objectifs internes qui comptent. C est pourquoi les deux autres objectifs dit du carre magique de Kaldor sont moins centraux stabilité des prix et équilibre extérieur. Au même moment s’affirme la société salariale dont Castel a fait mieux que quiconque l histoire. A partir des années 1980 le plein emploi n est plus l objectif des politiques eco mais une conséquence espérée d un mécanisme supposée vertueux au coeur de la désinflation compétitive mise en oeuvre des 82 mais consacrée par le tournant de mars 1983. Les objectifs externes l emportent. La lutte contre l inflation en France a partir de 1982/1983 aura des conséquences sévères sur l’emploi et la croissance. Pompidou et vous me corrigerez disait quelque chose comme le jour ou il y aura 500 000 chômeurs les français descendront dans la rue
6°)-Brigitte Bouzonnie : A partir des années 80, le plein emploi n'est plus l'objectif number one. Oui, mais en rappelant toutefois, que les années 80 voient la création des TUC puis des CES en 1989. Les années 90 sont la grande époque des contrats aidés : en 2000, on compte 2,7 millions de contrats aidés, à cause des emplois jeunes. On ne laisse pas seulement faire le marché...
En revanche, à compter de 2000, Jospin commence à supprimer les enveloppes de contrats aidés, politique suivie ensuite par Raffarin, Villepin, Sarkosy, Hollande, Macron : aujourd'hui, on a jeté par-dessus bord 85% du nombre de contrats aidés, et personne ne moufte, à commencer par Mélenchon et la Direction de la FI.