Gilets Jaunes : Macron a peur. La fébrilité, l'inquiétude s'installe en haut lieu, devant l'enracinement réussi du mouvement des Gilets Jaunes, soutenu à 84% par les français : du jamais vu depuis 50 ans. Castaner a annoncé ce matin qu'il y avait 125 000 manifestants le 1er décembre dans toute la France, après avoir longtemps claironné qu'il y en avait à peine 77 000 (info BFMTV). Le Pouvoir est aux abois. Pour s'en convaincre, il suffit de lire les "une" des journaux ce matin brodant toutes sur le thème : "Comment peut-il s’en sortir ? "(sic). Et encore : "Macron est tétanisé de peur"(sic), entendu ce matin dans la bouche d'une journaliste de France Inter, qui n'est pas la radio bolchevik que l'on sait.
Une inquiétude palpable aussi dans les gestes de Macron. Des mots qui tout à coup se font rares, après nous en avoir abreuvés à l'hectolitre, au wagon citerne, par une omniprésence médiatique, quasi quotidienne, déversement de flots de rhétorique creuse, qui d'ailleurs, n'avait rien de présidentiel.
De plus, son incroyable absence à Paris, samedi 1er décembre 2018, jour de mobilisation des Gilets Jaunes et de grandes violences, avec des affrontements dignes d'une journée de Mai 68 dans le Quartier latin : voitures renversées, incendiées, barricades, affrontements avec les CRS, Banque (BNP) et préfecture (Puy en Velay) mises à feu.
Comme l'a fait remarqué justement un Gilet Jaune, Macron est toujours absent, toujours à l'étranger, quand les Gilets Jaunes sont dans la rue. Y compris quand ils sont à Paris, à 200 mètres de l'Elysée : le 17 et 24 novembre et à présent le 1er décembre. Trois mobilisations de GJ, trois absences incroyables de Macron. Comme s'il ne se passait rien d'important en France. Comme si Macron n'était pas le premier concerné par la colère sociale du Peuple français. Ce bouillonnement ras la marmite, qui sourd depuis 3 semaines, en réalité depuis le début de l'année 2018, comme l'ont montré les chiffres du nombre de luttes visibles et invisibles établis par Jacques Chastaing du Front Social. Un mouvement de gilets jaunes voulant même son départ.
Un Macron qui nous dit sans rire qu'il "a un train à prendre", alors qu'il y avait plus d'un million de Gilets Jaunes dans la rue le 17 novembre 2018 (chiffres info Police). Des gestes, qui nous renseignent sur la trouille présidentielle, mieux que tous les aveux qu'il ne fera jamais.
Comme dans le célèbre poème de Victor Hugo : "Waterloo", la peur changea de camp, le combat changea d'âme"(sic). Ce ne sont plus les Classes populaires, la "France d'en bas" chère à Raffarin, si méprisée des "zélites", qui a peur de ne pas finir sa fin de mois : c'est le fameux président faussement jupitérien, passé maître on le sait depuis longtemps dans l'art de dire tout et son contraire, tout en nous assurant "en même temps", "qu'il ne changera pas de cap"(sic).
Cette fois-ci, c'est le petit Griveaux qui s'est chargé de faire cette pauvre besogne, discours auquel plus personne ne prête attention aujourd'hui. Y compris les journaleux de BFM-TV, qui l'ont mis au Pouvoir. Et qui souhaitent à présent qu'il annule la hausse de la taxe des carburants, prenant la défense des gilets jaunes modérés réclamant la même chose (voir tous les JT de BFMTV d'hier après midi 15 heures-19 heures).
Macron le médiatique, je te verrai toujours baliverner. La Vérité, lui faire débarrasser le plancher. Tout chez toi est éloigné du réel et du Peuple qui souffre, tant "l'image" a pris le dessus sur la pensée véritable et la matière. Pur produit de la société du spectacle dont parlait Guy Debord, avec une image autonomisée du réel, tu es en train de perdre la partie, de ta propre initiative : déclinant ton seul atout, ton seul moyen "d'exister" par et pour les télévisions. Ton personnage de truc et de toc cathodique refusant à présent même de faire de simples interventions télés : déléguant au Premier Ministre le soin de recevoir tous les chefs de partis politiques. Ce qui montre ton état d'esprit peureux, incapable de te battre, pour une fois, à contre courant.
Comme je l'ai déjà écrit : Macron est incapable de se battre à la loyale. Certes, pour manipuler les autres, acheter Martinez, planter des couteaux dans le dos de Fillon, puis de Mélenchon, perquisitionnant son domicile et celui de ses proches le 16 octobre dernier, le traitant comme un vulgaire voleur à l'étalage, c'est incontestablement le meilleur. Mais aujourd'hui, la vérité est crue : MACRON NE SAIT PAS COMMENT RETOURNER LA SITUATION A SON AVANTAGE.
Ce n'est pas un hasard si, sur les chaines d'info en continu, l'émotion pure a remplacé la réflexion, même élémentaire. La surexposition en boucles des images de violences de samedi à Paris et en province, exonère de développer toute analyse stratégique de nature à inventer un autre espace des possibles.
De plus, la macronie est divisée : certains dans l'entourage même de Macron réclament une annulation de la hausse des carburants ou un moratoire de cette hausse, ce qui revient au même. Bayrou se verrait bien à la place de Philippe (info “Le Canard enchainé”). Les loups commencent à se manger entre eux, signe s'il en était besoin que la fin se rapproche.
Comme disait Lénine : "la crise, c'est quand ceux d'en bas n'en veulent plus. Et que ceux d'en haut n'en peuvent plus"(sic) ("La maladie infantile du communisme").
Le mouvement des gilets jaunes est en train de créer un bloc anti bourgeois, anti libéral écrit Bruno Amiable dans Libération du 26 novembre 2018, en ajoutant : " il semble bien que la composition du mouvement, classes populaires et petites classes moyennes soit adéquates. Mais la constitution d'un bloc social suppose une stratégie politique, notamment dans sa dimension économique" (sic).
A ce stade, le rôle de la FI n'est donc pas seulement de se mobiliser CONTRE la hausse des taxes sur le carburant, comme le propose une pétition qui a déjà réuni 870 000 voix. Ou comme le propose Mélenchon hier sur BFMTV. Il faut aller bien au delà. Comme aurait dit Alain Badiou, IL FAUT IMPOSER UNE VISION AFFIRMATIVE D'UN PROJET POLITIQUE DISJOINT DE CELUI DU PROJET LIBERAL DE MACRON, EN POPULARISANT NOTRE PROGRAMME "L'AVENIR EN COMMUN". Ce matin sur France Inter, j'écoutais un Gilet Jaune de La Rochelle réclamer : une répartition plus juste des richesses" ; "la hausse du SMIC" ; "un geste sur le RSA" : voilà les gestes indispensables.
En demandant le départ de Macron, "Macron démission", le mouvement social des Gilets jaunes accède à la Grande Histoire éternelle du Peuple français se battant d'arrache-pied pour son émancipation. Macron n'est plus maître des horloges et de l'idéologie dominante. Alain Badiou analyse ce type de situation : "le mouvement social actuel crée une nouvelle vérité politique dans son processus actif, avec de nouvelles valeurs" ("Le réveil de l'Histoire", édition Lignes, 2011). Et fait exister publiquement les sans nom les sans grade que nous sommes, sèchement mis au rancart à la fin des années 70.
"Paris terrible et gai combat, Bonjour Madame
"ON EST UN PEUPLE, ON EST UN MONDE, ON EST UNE AME.
"Du pigeon qui revient au ballon qui s'envole
"C'est beau : le formidable est sorti du frivole"(sic)
(extrait du poème de Victor Hugo, "Lettre à une femme, porté en ballon le 10 janvier 1871, à propos du siège des parisiens contre l'assaut des prussiens).
Vu sur l'Arc de triomphe : "LES GILETS JAUNES TRIOMPHERONT" : (YES) !