Georges Darien : "Les êtres doués d’une volonté clairvoyante sont rares. Leur condition n'est pas enviable"(sic) !
Texte rédigé par Georges Darien, extrait de : "La belle France" et commentaires Brigitte Bouzonnie
1°)-Présentation Brigitte Bouzonnie : D’abord, je ne résiste pas au plaisir de poster ce très beau texte rédigé par Georges Darien : extrait de son livre : “La belle France”, titre à comprendre bien sûr au second degré. Darien était un auteur anarchiste jubilatoire d’avant 1914. Il a beaucoup écrit, dénoncé avec lucidité, rage, le système parlementaire pourri de la IIIème République. République née, on le rappelle, de la féroce répression de la Commune par le sieur Adolphe Tiers. Celle dont Monsieur Tiers a dit : qu’on la fusille, dixit Jean Ferrat, Ma France. Donc, Darien dénonçait la députaille dans son pot de chambre, comme chante un chanteur que j’adore : Gilles Servat. Avec les épisodes peu glorieux que nous sommes en train de vivre à l’Assemblée Nationale, lisez, relisez le livre phare de Georges Darien : le voleur, que je lisais dans ma jeunesse : mais dont je me souviens comme si c’était hier. Il n’a jamais été autant d’actualité !
Darien écrivait ses livres avec sa belle plume incisive. Mordante. Tranchante. Explosive. Décapante. A la Audiard et à la Céline. Mais, à la différence de ces deux derniers : bien sûr, j’adore Audiard, j’ai un livre intitulé : “Audiard par Audiard” collection la mémoire du cinéma français, édition René château, véritable livre de chevet. Mais la plume de Darien, c’est, pour ceux qui ne l’ont jamais lu, du Audiard politisé. Le must du must. C’était un anarchiste militant flinguant avec rage (et talent) toute la société allant de 1870 à 1914. Avec toujours sur le nez ses lunettes politiques de militant anarchiste. Et c’est ce qui fait toute son originalité et rareté dans le champ littéraire et politique.
Dans ce texte, Georges Darien écrit : Les êtres d’âme virile, doués d’une volonté clairvoyante et tenace qui sait se choisir un but et faire tous ses efforts pour l’atteindre, — les individus, en un mot, — sont rares en France. Quand ils existent, leur situation n’est pas enviable. Je dirais même qu’ils sont fort à plaindre, si je ne savais qu’ils ont le mépris de la pitié et qu’ils refusent d’être plaints.
La France a la haine de l’homme qui pense par lui-même, qui veut agir par lui-même, qui n’a pas ramassé ses idées dans la poubelle réglementaire et qui fait fi des statuts des coteries abjectes que patente la sottise envieuse. C’est un pestiféré. Un pestiféré pour lequel il n’y aura pas même d’hôpital. Il faut qu’il disparaisse, et le plus vite possible. ”(sic).
Sur les réseaux sociaux, nous sommes nombreux à nous reconnaitre dans ce triste portrait de militant (e) de contre information haï (e), détesté(e) du système. Traité(s) de “complotiste” , voire même pire. Que l’on se comprenne bien : je poste ce texte, non pas pour me faire plaindre à titre personnel, Dieu m’en garde ! Mes amis me connaissent depuis 2009 : ils savent que je me plains très peu. Comme me disait une dame périgourdine, fille d’étage au Ministère du Travail, et qui vendait son foie gras à Paris : “sur terre, il n’y a pas de place sur les faibles ! une phrase que j’ai lontemps méditée et j’espère appliquée toute ma vie.
Récemment et dans le même registre, Donald Trump racontait comment, lorsqu’il a fait fortune dans l’immobiliser, confronté aux requins de ce secteur, il n’ y avait pas de place pour un cheveu d’enfant de faiblesse : sinon on était mort. Sur les réseaux sociaux, c’est pareil. Inversement, il faut dire que “lorsqu’on est à bout, c’est tabou” (Les dessous chics) chantait Serge Gainsbourg. Donc, comptez sur moi pour ne jamais pleurnicher en public.
Certes récemment, je me suis plainte de la fille Deviers-Joncour : comment elle m’a volée ma place sur mediazone. Piqué un très beau texte, longuement médité sur la socio genèse de la pandémie grippale depuis Nixon. Texte caviar rédigé grâce à l’article collector de mon amie Monika Karbowska, pointant les dark winter : ces exercices de simulation militaire organisés par Bush et Dick Cheney en 2002 : véritable confinement de la population américaine avec obligation vaccinale. Tandis que les médias “gèrent”(sic) la population : c’est Monika qui parle. Exactement ce que nous avons vécu vingt ans après !
Dans cet article, il y a aussi les analyses du grand Robert Kennedy junior, faisant remonter le problème des armes biologiques à Nixon, qui les avaient interdites. De son côté, le lanceur d’alertes Israël Adam Shamir montre comment les techniciens du labo P4 n’ont pas su “augmenter” suffisamment le Covid. En fait, les techniciens du labo P4 n’ont pas su créer un “virus suffisamment tueur”(sic). D’où une mortalité “insuffisante” pour le camp mondialiste, qui, dans son grand “humanisme” espérait 65 millions de morts du Covid. Et n’en a eu “que” 5. Bref, des informations sur longue période, très originales, peu connues du grand public. Et pourtant capitales, pour comprendre tout ce que nous avons tristement vécu entre le 16 mars 2020 et le mois de décembre 2021.
Il faut bien comprendre que si j’en parle publiquement aujourd’hui, c’est que cela n’a plus aucune importance dans ma tête et dans mon coeur. Depuis un an, depuis le 31 mai 2021, ma lettre politique indépendante a fait 20 millions de vues. Paraphrasant Bashung, je peux dire : “Ma petite entreprise ne connait pas la crise : le reste, Basta !”
De façon générale, mon mur Facebook n’est pas un bureau des larmes. Si on y pleure, pas souvent heureusement, c’est à la mémoire de notre ami Alain Benajam, hélas trop tôt parti. C’est pour la bonne cause. Les vraies et grandes raisons. Pas pour des pécadilles personnelles, qui n’intéressent personne… !
2°)- Georges Darien :
« Les êtres d’âme virile, doués d’une volonté clairvoyante et tenace qui sait se choisir un but et faire tous ses efforts pour l’atteindre, — les individus, en un mot, — sont rares en France. Quand ils existent, leur situation n’est pas enviable. Je dirais même qu’ils sont fort à plaindre, si je ne savais qu’ils ont le mépris de la pitié et qu’ils refusent d’être plaints.
La France a la haine de l’homme qui pense par lui-même, qui veut agir par lui-même, qui n’a pas ramassé ses idées dans la poubelle réglementaire et qui fait fi des statuts des coteries abjectes que patente la sottise envieuse. Cet homme est marqué au front, dès qu’il se montre, d’un signe à la vue duquel tout le monde s’écarte. C’est un pestiféré. Un pestiféré pour lequel il n’y aura pas même d’hôpital. Il faut qu’il disparaisse, et le plus vite possible.
Quelquefois il a la vie dure ; quelquefois il parvient, en dépit de tout, à atteindre presque son but, à obliger la foule imbécile à le regarder ou à l’écouter ; mais il est trop tard. Les temps d’épreuves, les années de misère ont fait leur œuvre ; et, en même temps que le succès, voilà le corbillard qui arrive. Car il ne faut pas que l’individu puisse vivre ; il ne faut pas qu’il donne au monde ce qu’il était venu pour donner ; il ne faut pas qu’il trouble le sommeil ou la digestion de la tourbe ignoble qui règne ; et, bien moins, qu’il puisse décider la horde d’esclaves qu’elle asservit à écouter ses paroles de révolte ; ou — plus dangereux encore — à contempler ses chefs-d’œuvre. Il faut qu’il crève. Il crève. Alors Mayeux, avec la bave de Jules Lemaître au coin des lèvres, prononce son oraison funèbre. En l’écoutant, le hideux Coppée ricane derrière le dos du petit épicier, tandis que Prudhomme pisse de l’œil — des larmes sincères souvent, et plus immondes, dix mille fois plus, que si c’étaient des pleurs de crocodile.
S’il n’est pire disette pour un État que celle des hommes, ainsi que l’écrivait Jean-Jacques (Rousseau), la France est pauvre. Elle l’est. Mais elle est satisfaite de l’être. Sa jalousie basse, l’envie abjecte et sans bornes qui la caractérise sont satisfaites aussi. L’envie démocratique ! disent les coquins du Tiers-État, toujours heureux de jeter sur les épaules du peuple le poids et la responsabilité de leurs vices. Non ! Envie bourgeoise, simplement bourgeoise, dont le virus a contaminé la foule mais qui n’en émane pas. Et c’est précisément pourquoi ce sentiment vil, qui s’attaque non moins aux hommes supérieurs qu’aux nations fortes, est si puissant en France.
Car la France est, entre tous, le pays où l’esprit bourgeois — si l’on peut donner le nom d’esprit à une pareille saleté — exerce une autorité souveraine. Depuis un siècle, en dépit de toutes transformations superficielles, il n’a pas cessé de régner en maître ; il n’a pas cessé de niveler ; il n’a pas interrompu sa besogne d’assassin. Les noms de ses victimes, vous les connaissez ; elles n’étaient pas toutes révolutionnaires : l’une d’elles, qu’il tua, s’appelait Ernest Hello ; elles n’étaient pas toutes françaises : l’une d’elles, qui put lui échapper à temps, s’appelait Richard Wagner. Combien d’autres !… J’ai parlé de leur mort. Je ne pourrais point parler de leur vie. Cela, c’est indicible. Je ne sais pas dans quelle langue on pourrait exprimer toute l’horreur de l’existence que fait la France, de parti-pris, aux êtres doués d’un caractère. J’ignore comment on pourrait dire ce qu’ils endurent, ce qu’ils souffrent, toutes leurs angoisses et tous leurs désespoirs. Ce sont des parias… Et cependant ce sont des hommes. »
Georges DARIEN - La Belle France (1900) ; Stock Éditeur, 1901.