Frédéric Lordon : "Politique, post vérité ou journalisme post politique ?"
Petit commentaire rédigé par Brigitte Bouzonnie le 28 novembre 2016 de l'article rédigé par Frédéric Lordon : "Politique, post vérité ou journalisme post politique ?"
PETIT COMMENTAIRE DU DERNIER ARTICLE DE F. LORDON : "POLITIQUE POST-VERITE OU JOURNALISME POST-POLITIQUE ? "
Je vous recommande la lecture du dernier et excellent article de Frédéric Lordon, certes un peu long, pointant "LA POST-VERITE"(sic) de notre époque : certainement l'analyse la plus stimulante du moment.
1°)- Définition de F Lordon de la post-vérité :
Lordon définit ce qu'il entend par "post-vérité" :
"la « politique post-vérité » (misère de la pensée éditorialiste)
On en finirait presque par se demander si l’indigence de ses réactions ne condamne pas ce système plus sûrement encore que l’absence de toute réaction. C’est que pour avoir depuis si longtemps désappris à penser, toute tentative de penser à nouveau, quand elle vient de l’intérieur de la machine, est d’une désespérante nullité, à l’image de la philosophie du fact-checking et de la « post-vérité », radeau de La Méduse pour journalisme en perdition. L’invocation d’une nouvelle ère historique dite de la «post-vérité » est donc l’un de ces sommets que réserve la pensée éditorialiste : une nouvelle race de politiciens, et leurs électeurs, s’asseyent sur la vérité, nous avertit-elle (on n’avait pas vu).
Les uns mentent, mais désormais à des degrés inouïs (plus seulement des petits mensonges comme « mon ennemi c’est la finance »). Les autres croient leurs énormités, on peut donc dire n’importe quoi à un point nouveau, et la politique est devenue radicalement étrangère aux régulations de la vérité. C’est une nouvelle politique, dont l’idée nous est livrée là par un gigantesque effort conceptuel : la « politique de la post-vérité ». Soutenue par les réseaux sociaux, propagateurs de toutes les affabulations — et à l’évidence les vrais coupables, ça la presse l’a bien vu." (Sic et fin du topo)
2°)-Notre définition de la post-Vérité :
En clair, la "post-vérité", c'est l'impossibilité de penser de nouveau. S'assoir sur la Vérité. Mentir a des degrés inouïs. Dire n'importe quoi. Où on n'ose tout, Où on joue à l'excellence, comme on joue à la poupée. Ou les idées simplistes (venues de la "com") sont promues idées de génie. Dans la "post-vérité", la pauvreté de la langue et le simplisme conceptuel sont de vrais atouts. Quand le matraquage du JT de l'info continue érode tout effort de pensée, toute jugeote personnelle, y compris la plus élémentaire. La post-vérité, c'est le triomphe du double langage, quand il est possible de dire "blanc" et "noir" à la fois, avec la même conviction, et croire aux deux. Ou les journalistes disent le nouveau catéchisme du Bien et du Mal, sans aucun souci de la Vérité. Le triomphe des idées plates. Où sont honnis les intellectuels épris d'intégrité. Où l'important n'est pas de penser mais d'en donner le spectacle. Comme on signe des chèques en blanc, sans jamais passer au guichet "paiement".
Malheureusement, cette analyse très lucide, illustre 90% du comportement des politiques, éditorialistes, gratte-petits, médiacrates du moment, totalement désinhibés, dont la production intellectuelle n'a plus rien à voir avec la Vérité : c'est à dire un individu doué de raison, s'efforçant de découvrir ce qui fait sens, comment le monde tourne : comme on le théorisait au XVIIIeme siècle, au temps (rêvé) des Lumières.
Production intellectuelle se réduisant à une basse rhétorique, du fond de laquelle, pour paraphraser Brassens, "la Vérité n'avait jamais du remonter", (cf Brassens : "Histoire de faussaire").
3°)- Post-vérité = déni de la réalité :
Thierry Pradier écrit : "La "post-vérité ", on appelait ça "le discours Autrichien " en 1910. La vérité était moquée.
Les médias ne sont que la voix de la population électorale, vieillissante, bourgeoise et amnésique . LES PAUVRES ET DONC LEUR VERITE N'EXISTENT PAS. Que ce soit économiquement ou politiquement". La post-vérité, C'EST LE DENI DE VERITE, dont je parle très souvent dans mes articles à propos du déni de vérité sur le chômage et la pauvreté de masse, DENI PORTE A TOUS LES ASPECTS DE LA QUESTION SOCIALE ! Le chômage de masse était une question embêtante : qu'à cela ne tienne : on la refoule...! Il en est malheureusement de toutes les autres : monde du travail paupérisé en l'absence d'augmentations généralisées d'argent, crise de notre modèle éducatif, de santé, etc...! On refoule toutes les questions génantes.
Se mettent alors en place les mécanismes du déni du réel. Le traumatisme fabrique du verbe, des mensonges inouïs, pour substituer à l'insupportable sociale (la société française connaissant un raz de marée de pauvreté) quelque chose de supportable : Paroles, Paroles chantait la grande Dalida !
Ce que Lordon reproche aux journalistes parisiens branchouilles, cela vaut aussi pour le champ politique français, passe lui aussi en mode post-moderne, post-politique, post-vérité : où les IDEES, pareilles à la lumière du jour, n'ont plus jamais leur chance d'émerger : tout le contraire de notre projet de la France insoumise...!
Résumons : le champ médiatique "tient" le système, la société française 2016. Or, il ne le tient pas avec des arguments énoncés de façon logique. Mais avec les hyper-mensonges produits par la "post-vérité"(sic) : un mot d"ailleurs que Lordon n'invente même pas. Qui a été produit, théorisé, par ceux la même qui truquent à mort l'information officielle. Si l'on disait la Vérité majuscule, tout le système s'écroulerait comme un château de cartes. Et c'est là où on voit l'extrême fragilité du système. Un corps d'idées raisonnables, étayées comme notre Programme de la France Insoumise, est de nature à le bousculer, le renverser : à condition, de faire de la contre analyse de qualité : pointer les bobards qu'on nous sert en guise de "JT"...!