Fréderic Lebaron montre comment le tournant de la rigueur de 1983 a été pris, à cause du succès des idées libérales. Pas au terme d'une argumentation économique étayée !
Article rédigé par Brigitte Bouzonnie
1°)- Enesto Monteagudo : "il reste à comprendre le monde actuel avant de proposer des solutions à ses difficultés . Pour un médecin , il doit faire un diagnostic précis avant de proposer un traitement , sinon il ne peut qu'essayer de traiter le symptôme ( traitement symptomatique ), mais jamais la cause . La F.I. est le symptôme que la bourgeoisie et plus exactement la petite bourgeoisie cherche désespérément une deuxième social-démocratie << plus radicale >> ( of course ! ) ( très radicale : c'est dans le contrat spectacle et crédibilité ! ) qui ne marchera pas plus que la précédente ! Pourquoi ? La crise structurelle du capitalisme est d'une extrême gravité ! Ruffin n'est pas bien cuit du tout , mais comme il est honnête , il parle naïvement sans calcul politicien et c'est très intéressant . Du néant il ne sortira jamais que du rien . Les miracles n'existent pas ! D'après ce que je comprends , Mélenchon , Ruffin , et compagnie sont objets de railleries permanentes de la part des militants conscients qu'il reste à la classe ouvrière . ( FB est instructif ! ) Macron et l'oligarchie pourront toujours les présenter comme l'opposition officielle << très dangereuse >> à sa Majesté , ça ne marchera pas
2°)-Brigitte Bouzonnie : Badiou ne sait pas tout. Il ignore la vraie culture politique d'un Corbière. Corbière a milité 10 ans à Sos Racisme animé par Dray. Qui est Julien Dray ? Cette crapule qui a fondé, directement de l'Elysée, un faux mouvement, "Sos Racisme", qui a remplacé un vrai mouvement d'indignation venu des cités : la marche des beurs initiée par Christian Delorme et le pasteur Jean Costil. On s'appuie sur l'excellent livre de Thierry Blin : "L'invention des sans papiers", PUF, 2010. Les beurs entament une longue marche jusqu'à Paris le 3 décembre 1983. Leur projet est aussitôt récupéré par des journaux mondains comme Globe et Libération. Dray crée un faux mouvement beur : Sos racisme pour décaniller Convergences 84. Avec la petite main soit disant si sympathique, vue sous l’angle juridique. Puis le pseudo “mouvement social" se transforme en simple série de concerts "touche pas à mon pote".
Aujourd'hui, c'est le même mode opératoire : Corbière transmue la FI en fausse opposition de salon à Macron. La seule chose qui compte pour la Direction de la FI, ce sont des joutes parlementaires, et des amendements aussitôt mis à la poubelle + stratégie PS bis, le programme "L'avenir en commun" mis au rancart. Mélenchon est devenu une potiche d'honneur, légitimant cette fausse opposition de fake politiciens comme Corbière et sa bande.
Alors forcément que Badiou est pessimiste devant ce spectacle, puisque, en tout état de cause et depuis juin 2017, on n'applique plus la stratégie social-démocrate, qui avait cours pendant les Présidentielles. Mélenchon est cadenassé par ces élus, en réalité aux ordres de Macron. Sans écarter l’hypothèse selon laquelle il soit aussi corrompu que les autres.
Thorez et sa femme Jeannette Weermerch partirent à Moscou pendant la guerre. En 1950, ils n'étaient toujours pas rentrés en France. A quelqu'un qui s'en étonnait, Jeannette Weermerch répondit : "on ne fait pas ce qu'on veut ! ". Exactement ce que pourrait dire JLM en ce moment !
Le hold up opéré par l'aile droite de la France Insoumise sur sa Direction explique beaucoup de choses. C'est comme de mettre un moteur de solex sur une Ferrari. LFI, qui a fait presque 20% des voix à la Présidentielle de 2017 ne fonctionne pas (a l'idéologique) comme, par exemple, le Parti communiste d'après guerre, faisant également 20% des voix. LFI réduit sa voilure à de pauvres joutes parlementaires sans lendemain. Au lieu de faire comme le PCF d après guerre : populariser son programme.
2)-Autre remarque : la social-démocratie française vit et survit très bien en régime capitaliste. Et, à chaque fois où on a mis au rancart son projet redistributeur, -tournant de la rigueur en 1983, diminution drastique des enveloppes sociales dans le projet de loi de finances de 2001-, elle a parfaitement survécu sur le plan électoral.
2.1°)-Fréderic Lebaron montre comment le tournant de la rigueur a été pris, a cause de la MODE des idées libérales : à l'université, cercles de pensée et du Pouvoir, partout : Reagan, Thatcher. Nullement pour des raisons économiques fondées, étayées.
2.2°)-Dans son livre "En quête de gauche", édition Balland, 2006, Mélenchon explique comment le virage de Jospin de 2001 est le résultat de "l'amicale pression"(idéologique) de Blair et de Schroeder sur Jospin, jugé trop à gauche. Nullement d’une “impossibilité” économique de poursuivre des réformes sociales.
Dans tous les cas, il n'y avait aucune impossibilité technique de continuer à faire des réformes. Tu peux me croire : car je ne suis pas social-démocrate... !
3°)-Jacques-Marie Vaslin maître de conférences à l'Institut d'administration des entreprises d'Amiens) et Par Jacques-Marie Vaslin pour le journal Le Monde du 25 mars 2013 : 1983 : la gauche prend le tournant de la rigueur
Il y a trente ans, après la défaite de la gauche aux municipales, le plan Delors prévoit une hausse des impôts et l'instauration d'un prélèvement forcé sur les revenu.
Lorsqu'il arrive au pouvoir, le 10 mai 1981, François Mitterrand hérite d'une situation économique désastreuse. Le chômage endémique et l'inflation à deux chiffres persistent.
Mais porté par la vague rose, le président socialiste entend bien appliquer coûte que coûte son programme. Les rares personnes qui lui conseillent de s'adapter au contexte économique - Michel Rocard, ministre du plan et de l'aménagement du territoire entre 1981 et 1983, ou Jacques Delors, ministre de l'économie et des finances dans le premier gouvernement de Pierre Mauroy - sont superbement ignorées.
La parenthèse enchantée durera à peine deux ans, après quoi les Français devront ingurgiter la potion amère de l'austérité. Le 23 mars 1983, il y a trente ans, la France inaugure la politique de la rigueur, toujours bien présente dans l'actualité, même si son nom n'est pas cité.
En 1981, la gauche est euphorique. Avec 58 % des sièges à l'Assemblée nationale, le Parti socialiste dispose des coudées franches pour appliquer son programme. Les quelques rabat-joie de la deuxième gauche, qui prônent la mesure dans les dépenses, restent inaudibles.
PREMIÈRE DÉVALUATION
Jacques Delors sort de son isolement après la première dévaluation du franc, le 4 octobre 1981. Lors d'une réunion gouvernementale, il formule le voeu de réduire le train de vie de l'Etat et d'améliorer la compétitivité des entreprises. Mais il n'est pas entendu. Il n'obtient que des miettes : une réduction des dépenses de l'ordre de 15 milliards de francs (soit 2,29 milliards d'euros) et des conseils sans lendemain visant à modérer la hausse des salaires...
Un mois plus tard, lors d'un passage à la télévision, Jacques Delors réclame une pause dans les réformes. L'expression est forte, elle fait explicitement référence à un discours prononcé par Léon Blum, président du conseil du Front populaire, le 17 février 1937. Ce sera peine perdue.
Mais les conséquences des premières mesures de François Mitterrand ne se font pas attendre. Tous les voyants sont au rouge. Entre mai 1981 et juillet 1982, le revenu réel des Français a augmenté de 5,2 %. Hausse principalement causée par la hausse des minima sociaux. Cette augmentation des charges freine la compétitivité des entreprises.
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