Faut-il sortir du néant la « gauche », ce grand cadavre à la renverse ?
Article rédigé par Alain Badiou et Brigitte Bouzonnie sur mon blog Médiapart en 2019
Faut-il sortir du néant la "gauche", ce grand cadavre à la renverse ? Ou bien créer du neuf en politique par la mise en place du Rassemblement “Pouvoir au Peuple” ?
FAUT-IL SORTIR DU NEANT LA "GAUCHE", CE GRAND CADAVRE A LA RENVERSE ? OU BIEN FAUT- IL CREER DU NEUF ?
1°)-Alain BADIOU : "C'est de ce moment là, du reste, j'en suis convaincu, que la social-démocratie est une spécialiste du reniement et de la déception, point qu'elle mit ensuite un point d'honneur à vérifier implacablement : côté PS, de Mollet à Mitterrand, de Mitterrand à Jospin, et de Jospin à Hollande. Mais du côté du PCF, les choses en sont guère allées mieux : de Waldeck-Rochet à Georges Marchais, de Marchais à Robert Hue et Marie-Georges Buffet, et de ces derniers à Laurent.
C'est au fond toute la gauche dont il importe de penser qu'elle n'a fait, pendant la séquence qui va des années 50 à aujourd'hui, et qui coïncide avec ma vie militante, qu'une suite de forfaitures, avant de sombrer dans un reposant néant. Mais déjà, il y a des dizaines d'années, Sartre écrivait : "la Gauche est un cadavre tombé à la renverse et qui pue" (sic). Peut être cette idée apparente et tenace qu'est la gauche a-t-elle toujours pour corrélat réel un mort-vivant "(sic) ( extrait de son ouvrage : "On a raison de se révolter", édition Fayard, 2018.
2°)-Brigitte Pascall : sur longue période, Alain Badiou évoque la constante dégringolade politique et morale, tant du PS que du PCF. Face à cette gauche "Laurentisée" ou "Olivier Faurisée", toute la question est de savoir ce que veut faire aujourd'hui la France insoumise : 2.1°)- Va-t-elle continuer à rechercher l'hégémonie au sein des différents partis gauche, quitte, pour ce faire, à tirer du néant le grand cadavre à la renverse qu'est la gauche aujourd'hui ???. 2.2°)- Va-t-elle au contraire, rompre unilatéralement avec cette chaine implacable de reniements et de trahisons vis à vis de son propre électorat : par exemple, le tournant de la rigueur et la fin de l'indexation des salaires sur les prix, soit un pactole de 380 miliars de francs données aux entreprises de l'époque, opérés par Mitterrand en 1983 ? Et rejoindre en renoncements et crapuleries assumées, le triste destin des solfériniens ?
Dans son dernier billet, François Cocq analyse très justement ce clivage, et montre malheureusement que la Direction de la FI a choisi clairement la première hypothèse : une vie politique réduite à des amendements systématiquement jetés à la poubelle. Et de faux marquis de Carabas (élus de la FI) faisant des moulinets devant un hémicycle de l'Assemblée Nationale désert.
Nous condamnons très fermement la ligne de renoncement choisie par la direction de la FI + élus LFI, petit carriérisme misérable oblige, qui nous conduit tout droit à la catastrophe électorale. Et au delà, à la fin de toute "croyance" populaire aux possibilités émancipatrices de la FI, et donc à l'agonie programmée de notre mouvement.