Méfiez-vous de Frances Haugen, la fausse "lanceuse d’alerte"contre Facebook !
Article rédigé par Malika Bouchafa, Brigitte Bouzonnie et Alexandre Piquard du "Monde" du 5 octobre 2021
1°)- Brigitte Bouzonnie : Méfiez-vous de Frances Haugen, “lanceuse d’alerte” autoproclamée, ex-salariée de Facebook, dénonçant les pratiques en cours dans l’entreprise de Zuckerberg. Car sa motivation vient de la « perte d’un ami tombé dans la désinformation » (sic) les fake news et le discours de haine), soit un copié/collé du discours gouvernemental anti pensée critique. Elle n'a pas en effet le profil d'une "rebelle".
Comme on disait dans les années 70 : “ tout ce qui bouge n’est pas rouge” !
Comme écrit très bien Malika Bouchafa : “Il faut bien comprendre que cette lanceuse d’alerte veut plus de censure qu’il n’y en a déjà. (..) C’est surtout le fait qu’elle soit autant mise en avant qui doit nous alerter. Pendant ce temps, silence sur Assange qui croupit dans sa prison” (sic).
Autrement dit, cette supposée lanceuse d’alerte cherche en réalité davantage de surveillance des facebookiens. Et bénéficie d’une publicité dans les grands médias aux ordres : “Le Monde”, BFM-TV, etc. : ce qui montre que son discours est tout à fait en osmose avec celui de Macron ou de Biden.
2°)- Le Monde : Facebook : Frances Haugen, une lanceuse d’alerte à la démarche très structurée
La spécialiste des « classements algorithmiques » a quitté le réseau social en emportant des milliers de documents de forums internes et organise, depuis ses révélations, une sortie médiatique et politique millimétrée.
« J’ai eu l’impression que, face à des conflits d’intérêts, entre ses profits et la protection des utilisateurs, Facebook choisissait de façon répétée ses profits. » Frances Haugen a expliqué ainsi pourquoi elle est devenue « la lanceuse d’alerte de Facebook » à la commission sénatoriale américaine qui l’auditionnait ce mardi 5 octobre. En mai, cette employée de 37 ans a décidé de quitter le réseau social en emportant des milliers de documents de forums internes.
Mme Haugen est une spécialiste des « classements algorithmiques » qui servent à hiérarchiser les contenus sur les plates-formes. Après un diplôme de management à l’université d’Harvard et des études d’informatique, elle a été embauchée par Google puis est passée par les réseaux sociaux Pinterest et Yelp, avant d’entrer chez Facebook, en 2019. Motivée par la « perte d’un ami tombé dans la désinformation », elle y a intégré l’équipe « civic integrity », chargée de lutter contre les « fake news » et les discours de haine, notamment dans les élections. Mme Haugen dit avoir ensuite été progressivement découragée, en raison de budgets trop limités ou de son impuissance à réduire les problèmes dans les pays en développement. Sa « goutte d’eau » aura été le démantèlement, fin 2020, de l’équipe « civic integrity » par Facebook, qui dit avoir réparti ses tâches dans d’autres services.
Huit plaintes déposées
Frances Haugen n’est pas la première employée de Facebook à démissionner, ni la première spécialiste de l’éthique à critiquer le business d’un géant du numérique. Ce qui la distingue est l’aspect très structuré de sa démarche. Elle a mis en place une séquence médiatique et politique millimétrée : enquêtes dans le Wall Street Journal, interview au magazine « 60 Minutes », diffusé sur la chaîne de télévision américaine CBS News, où elle se dévoile, audition devant la commission à laquelle elle a transmis ses documents…
Elle est de plus très soutenue par Whistleblower Aid, une ONG spécialisée dans l’aide aux lanceurs d’alerte, fondée par l’avocat John Tye, qui avait lui-même dénoncé des agissements de l’Agence nationale de sécurité américaine. Cette association s’appuie sur le statut protégé de lanceur d’alerte, créé par la loi Dodd-Frank de 2010, avec un bureau spécifique à la Securities and Exchange Commission (SEC). C’est d’ailleurs auprès de ce gendarme des marchés financiers qu’elle a déposé huit plaintes assurant que Facebook a menti aux investisseurs. Et Whistleblower Aid intègre aussi dans sa stratégie les « compensations » que la SEC peut accorder aux lanceurs d’alerte pour leurs informations, qui se comptent parfois en millions de dollars.
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