L'Eurobéatitude, discours de substitution des socio-démocrates....!
Article rédigé par Jacques Sapir
Je vous recommande la lecture de ces lignes rédigées par Jacques Sapir. Elles sont très éclairantes sur "l'Européanisme de gauche". Ou comment les social-démocraties européennes ont d'abord échoué au niveau national : incapacité à se démarquer des politiques de "rigueur"(Par exemple, Delors en 1983). Aussi, elles ont élaboré un discours de substitution, l'Europe "heureuse"(sic) sensée accorder au niveau européen, ce qu'elles ne pouvaient pas obtenir dans les Etats-Nations, par trouille idéologique.
De fait, le discours Européiste du projet social-démocrate, c'est la poursuite de l'IMPUISSANCE manifestée au niveau national par d'autres moyens. C'est surtout la domination intellectuelle, la soumission grossière du SPD et autres partis de "gauche" à l'idéologie dominante de la Bourgeoisie européiste, pouvant ainsi poursuivre son projet de mise a mort sociale des Peuples européens : 32 millions de chômeurs, 125 millions de pauvres...Avec "l'accord" du 13 juillet 2015, l'échec aujourd'hui d'une "autre" Europe n'est pas un coup de tonnerre dans un ciel serein. Mais la fin d'une séquence dominée par l'impuissance pratique des social-démocraties à réformer l'Europe de l'intérieur. Et la fin de vie de ce rideau de fumée appelé Europe "heureuse", usé jusqu'à la trame, auquel plus personne ne croit, y compris les européens les moins politisés....!
2)- Extrait du billet de Jacques Sapir :
"L’Europe comme seul horizon ?
L’Union européenne, rebaptisée « Europe » au prix d’une supercherie évidente, était devenue le cœur du projet de la social-démocratie depuis les années 1980. L’effondrement de l’Union soviétique avait même donné une certaine urgence au « rêve » européen de la social-démocratie. En fait, cette dernière voyait, dans un projet de type « fédéral » la possibilité d’imposer à ce qu’elle appelait les « forces de la réaction », et dans les années 1980 celles-ci étaient bien identifiées en Grande-Bretagne avec le Thatchérisme, des mesures sociales. La défaite de la social-démocratie traditionnelle en Grande-Bretagne face à Margaret Thatcher validait en un sens ce projet. Convaincue, surtout en France et en Italie, de l’impossibilité de faire « un autre politique économique » dans le cadre national, elle reportait ses espoirs sur une politique à l’échelle de l’Europe. L’absence d’analyse sérieuse des raisons de l’échec de la politique d’Union de la Gauche en 1981-1983, a certainement été un facteur important dans le tournant pris par la gauche française, de fait l’une des moins « social-démocrates » en Europe. D’autres facteurs jouèrent leur rôle, comme l’impact des « années de plomb » en Italie.D
Mais, le ralliement à l’idée européenne était en fait ancien. Dès les années 1950 s’est imposée au sein de la social-démocratie l’idée que seule une organisation fortement intégrée de l’Europe occidentale pouvait empêcher le retour des guerres sur le continent européen. Il faut aussi signaler le très fort anticommunisme du SPD en Allemagne de l’Ouest, ce qui le conduisit à accepter le cadre du Traité de Rome (et de l’OTAN) comme seul cadre susceptible de garantir le système social ouest-européen qu’il s’agissait alors non pas de changer mais de faire évoluer. Notons aussi le fait que nombre de social-démocraties du sud de l’Europe (en Espagne et au Portugal en particulier) subirent l’influence du SPD.
Pourtant, le tournant des années 1980 va bien au-delà. Il y a une transformation qualitative qui fait passer « l’Europe » d’élément important dans l’idéologie des partis de l’Internationale Socialiste à un élément dominant et central. C’est une idéologie de substitution, qui allie le vieux fond internationaliste (ou plus précisément des formulations internationalistes car quant à la réalité de l’internationalisme de la social-démocratie, il y aurait beaucoup à dire) avec un « grand projet », s’étendant sur plusieurs générations. Les différentes social-démocraties européennes, puis ce qui survivait du mouvement communiste institutionnel, ont donc fait de la « construction européenne » l’alpha et l’oméga de leur projet politique[6]. Ceci a eu des effets importants dans le mouvement syndical, et la CFDT a commencé son involution qui l’a transformé en un syndicat de collaboration de classe, évolution qui s’est accélérée à partir de 1995. Mais, même au sein de la CGT, on peut ressentir cette évolution avec une montée en puissance du tropisme « européen ».
Brigitte Pascall a partagé un souvenir.
58 min · Partagé avec Public
il