250 000 emplois non occupés : quand le Pouvoir se fait le petit télégraphiste des bobards du patronat !
Article rédigé par Brigitte Bouzonnie, à partir d'un article du Figaro en 2013
Il existerait à ce jour 250 000 offres d'emploi non occupées, dixit le MEDEF. Aussitôt, AYRAULT, toujours aussi Bourgeois de Calais, quand il s'agit de reprendre à son compte, façon répète-jacquot, les vieux bobards du patronat, décide de s'attaquer "de toutes ses forces" à 30 000 de ces emplois.
Les pleurnicheries du MEDEF, sur l'existence supposée de centaines de milliers d'emplois non pourvus remontent aux années 90. Lorsque je travaillais à la Délégation a l'Emploi, j'y avais droit chaque semaine, avec des sanglots dans la voix, à chaque réunion de la Déléguée, officiellement à "gôche". Mais son allégeance au MEDEF faisait penser à la pauvre lettre d'amour de Christine LAGARDE à SARKOSY !
D'ailleurs, ce même SARKOSY, digne tête pensante du Capital, s'est dépensé sang et eau, pour que ces emplois non pourvus (450 000 sous son quinquennat) trouvent preneur.
Aujourd'hui, c'est AYRAULT qui s'y colle. Aujourd'hui, bizarrement, ils ne sont plus que 250 000.
Car le plus grand flou règne sur leur nombre exact (de 250 000 a 500 000). Et sur la nature de ces postes. Dans ma jeunesse, on parlait surtout de postes non occupés dans la construction. Aujourd'hui, on pointe des emplois cachés dans la restauration. C'est dire si, au juste, on nage en plein brouillard. Qu'importe ! L'immense (et d'ailleurs le seul !) avantage de ce bobard, c'est de CULPABILISER CES FAINEANTS DE CHOMEURS, QUI CRACHENT SUR LES EMPLOIS DIFFICILES ! Monsieur, Madame, s'il y a 6,5 millions de chômeurs, toutes catégories confondues (chiffre Ministère du Travail), 9 millions selon nos comptes (en ajoutant les 900 000 jeunes en déshérence, le million de bénéficiaires du RSA non inscrit à Pôle Emploi, les 2 millions de chômeurs, qui cherchent un emploi tout seul, les radiés...) : ce n'est pas la faute des gentils patrons, qui voudraient bien nous embaucher. Patrons qui ne sont pas les horribles personnages, virant leurs salariés à coup de pieds, les "faisant partir par la porte ou par la fenêtre", pour reprendre la délicate expression de LOMBARD, ex-PDG d'ORANGE. Non, le problème, le seul, vient de ces nantis de salariés, triant, écrémant les offres d'emploi qu'on leur propose. Refusant d’effectuer les tâches les plus ingrates.
Pour parler comme NIETZSCHE/HITCHCOCK, je dirai qu'il y a TRANSFERT DE CULPABILITE entre les donneurs d'emplois (les patrons) et les salariés. Car, quelle que soit la place qu'on occupe (patron, salarié, dirigeant politique), les 9 millions de chômeurs français sont une immense culpabilité sur les consciences. Surtout, sur les vrais responsables de cette mort sociale, les employeurs et nos dirigeants du moment.
Comme dans le célèbre poème de Victor HUGO sur CAIN, meurtrier de son frère ABEL, et dont la culpabilité est telle, qu'il se réfugie dans une tombe pour essayer de trouver le repos. D'où cet immortel vers hugolien : "l'oeil était dans la tombe, et regardait CAIN". De la même façon, je soutiens que le MEDEF et la "gôche" caviar, dans les lambris dorés des ministères, développent aussi une sourde culpabilité, devant la misère sociale incroyable, dont ils sont directement à l'origine...Voilà pourquoi, ils refilent le bébé aux premières victimes du chômage, les salariés, sensés être trop chichiteux, trop regardants pour accepter de faire n'importe quoi...
(1)- J’ai écrit cet article au mois de juin 2013, et le reposte tel que. Récemment, j’écoutais sur France Inter, à l’émission de Philippe Bertrand consacrée aux projets innovants, une porteuse de projet, dont la mission est d’orienter les jeunes. Les aider à trouver un emploi. Elle parlait de ces fameux emplois non occupés : non pas de façon rhétorique, mais de façon pratique concrète. Elle disait que les emplois non occupés renvoyaient à deux situations : les emplois atypiques inconnus. Donc, certains emplois sont inoccupés car peu connus du grand public. C’est à l’employeur de faire connaitre ce type d’emplois un peu particulier. Puis ajoutait-elle : “il y a des emplois non occupés parce qu’ils sont ingrats”(sic). C’est bien dommage que les milliards d’articles, de reportages, consacrés aux emplois non occupés ne disent jamais le fin mot de l’affaire…!