Depuis 2017, la France insoumise occupe un espace politique qu'elle n'assume pas !
La droitisation de la France Insoumise conduit le mouvement à s’autodétruire. Un tel virage opportuniste scelle la victoire idéologique et personnelle de la ligne politique de la droite du PG/droite de la FI menée par Corbière et les autres élus de la France Insoumise. LIGNE DROITIERE POURTANT MINORITAIRE AU SEIN DE LA FI. Ligne droitière également minoritaire au sein de son électorat, "le plus souvent éduqué, clairement demandeur d’une offensive anti système"(sic), analyse Alain Badiou dans un entretien aux "Inroks" du 17 mai 2017.
1°)-CORBIERE A LE MEME MODE OPERATOIRE QUE JULIEN DRAY !
Corbière a le même mode opératoire que son mentor politique : Julien Dray. C'est à lui qu'on doit la naissance des "beurs" en 1984 et de SOS Racisme. Sur ce sujet, nous nous appuyons sur l'excellent ouvrage rédigé par Thierry Blin, professeur de sciences politiques : "L'invention des sans papiers", édition PUF, 2010.
Voilà ce qu'il raconte :
du quartier des Minguettes (banlieue lyonnaise), suite à une blessure par balle d'un jeune maghrébin par un policier, s'initie en 1983 une longue marche pacifique animée par le curé rouge Christian Delorme et le pasteur Jean Costil. Marche qui arrive à Paris le 3 décembre 1983. Les médias modernistes, "Libération", "Globe", s'emparent de l'initiative.
De son côté, SOS Racisme, mouvement créé par Julien Dray au même moment, afin de "neutraliser"/éliminer politiquement parlant Convergences 1984 (marche de beurs). SOS Racisme est créé depuis l’Elysée, et se fait connaître à grand renfort de distribution de sympathiques petites mains paraphées : "touche pas à mon pote". Soit une façon de s'adresser au "Peuple" en plein tournant de la "rigueur".
Symboliquement la figure de l'immigré remplace celle de l'ouvrier, tandis que la question sociale est mise au rencart. Derrière un abondant verbiage inoffensif sur la fraternité, SOS Racisme, quoique gavé de subventions publiques, n'a aucun ancrage populaire, aucune activité réelle. Le mouvement se contente d'organiser des "concerts de pote". Et des actions judiciaires contre les videurs de boite de nuit ayant refusé l'entrée de "beurs", soient des sujets en tête d'épingle, qui laisse entière et non traitée la question de l'immigré.
Sur le même opératoire, Corbière invente un "faux" mouvement de la France insoumise, à partir de juin 2017 : qui vient se substituer à la France Insoumise première manière et au Parti de Gauche antisystème. Ces deux formations participaient du modèle classique d'un parti social démocrate : un "parti de masse", un leader, un programme. La FI juin 2017 devient un "mouvement de cadres", pour reprendre la vieille opposition décrite par Maurice Duverger. Mais un mouvement de cadres ramené à ses seuls 17 députés LFI. En réalité des supplétifs des députés LREM. Où les militants de base n’ont aucun rôle, sauf de coller les affiches et d’applaudir les «vedettes » du mouvement.
Depuis juin 2017, ON ASSISTE A UN CHANGEMENT DE NATURE DE LA FI très important, avec un mouvement fonctionnant à la seule rhétorique (projets d’amendements aussitôt mis à la poubelle, passages média ou tweets et posts sur Facebook). La FI juin 2017 fait dans l'opposition de salon inoffensive à Macron. Un mouvement "qui n'est pas pour de vrai", pour parler comme les enfants.
Par commodité de langage, on parle souvent de "FI droitière". Mais ce n'est pas son caractère droitier qui nous pose problème. C'est d'avoir véritablement transmué la FI première manière, mouvement de masse, en mouvement d'un nouveau genre, rétracté sur le seul groupe croupion de parlementaires LFI, sans aucun pouvoir autre que le verbe impuissant. Sans ancrage sur le terrain. Exactement sur le modèle de SOS racisme créé par Julien Dray, mentor politique de Corbière.
2°)-LA FI-JUIN 2017 EST DECONNECTEE DU CHAMP SOCIAL !
SOS Racisme ne fait pas de véritable "critique sociale". Ce mouvement est ultra compatible avec le pouvoir en place Mitterrandien. La preuve : pour le remercier de son bon travail, Mitterrand donne à Dray de nombreuses subventions publiques et un poste de député dans l'Essonne. Idem pour Corbière en 2017. Macron est de mèche. Il a "placé" Corbière, pour canaliser la révolte de la FI. Corbière occupe un espace politique qu'il n'assume pas. Sur Facebook, les critiques sont vives : on appelle Alexis Corbière et Raquelle Garrido les "Balkany de la Fl » ou "les Thénardier de la FI" !
Un "vrai" mouvement de défense des immigrés, faisant de la "vraie" critique sociale, se heurte forcément à la profonde hostilité des pouvoirs publics du moment. Si SOS Racisme a eu un destin public aussi exceptionnel, présent dans les médias, bénéficiant d'aides publiques exagérées, il le doit à sa véritable nature de "faux" mouvement immigré, occupant le seul terrain médiatique, afin d'empêcher un "vrai" mouvement défendant sincèrement la cause des immigres d'accéder dans la bulle des sujets dont on parle.
Depuis juin 2017, la FI new look ne se bat pas vigoureusement contre la politique anti sociale de Macron. Contre toute remise en cause de son ignoble politique anti sociale : par exemple, liquidation de notre code du travail vieux de plus de cent ans. Interrogé sur l'échec de la mobilisation sociale contre la suppression du statut des cheminots, Corbière dit lamentablement : « cet échec passe par perte et profit, il est sans importance »(sic) (voir BFMTV de juin 2018, entretien avec JJ Bourdin)).
Inversement, tous les élus de la FI appellent craintivement Macron "Monsieur Macron". Quand Ruffin le qualifie de "partenaire"(sic).
De son côté, Mélenchon n'hésite pas à rencontrer Macron à minuit, au cours d'une rencontre "fortuite". Pire que la reddition des bourgeois de Calais en chemise, obligés de remettre les clefs de la ville aux anglais. Du jamais vu de mémoire de militants antiGiscard, ou antiSarkosy, lorsque le PCF ou le PS "pesaient" 20% des voix. Une première dans le reniement, et je pèse mes mots. La vive émotion suscitée par cette rencontre sur les réseaux sociaux pointe la faute politique majeure opérée par Mélenchon et son entourage, toujours prompts à faire le pire.
Ce “socialisme” parlementaire, "conciliant" avec Macron et « son coup d'état démocratique » (pour reprendre la formule d’Alain Badiou), qui l'a placé à l'Elysée en 2017. Donc ce socialisme de salon fait croire au bon Peuple, qu'on est encore en démocratie. Cette soumission humble et zélée devant le petit banquier. Le primat donné à de petits rafistolages sans importance de la société capitaliste actuelle : cantines gratuites, dépénalisation du cannabis, exigence d'un Parlement "fort" pour Adrien Quatennens, pour une « nouvelle Europe » préconisée par Eric Coquerel a un nom : "CRETINISME PARLEMENTAIRE". Nous reprenons sciemment le célèbre concept de Marx, en réalité le titre donné par Maximilien Rubel à la lettre circulaire de Marx et d'Engels à Bebel, Liebnecht, Bracke et autres (dirigeants socio-démocrates allemands favorables à ce « socialisme » de façade) de septembre 1879. Lettres choisies édition de lnstitut Marx-Engels-Lénine, 1934.
DEPUIS JUIN 2017, LA FI OCCUPE UN ESPACE POLITIQUE QU’ELLE N’ASSUME PAS.