Démonstration de forces : aujourd'hui 15 janvier 2024, 100 000 agriculteurs allemands rentrent dans Berlin !
Version n°2 : Article rédigé par Brigitte Bouzonnie le 15 janvier 2024
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Aujourd’hui, 15 janvier 2024, 100 000 agriculteurs allemands rentrent dans Berlin avec des dizaines de milliers de tracteurs. En effet, depuis une semaine, les agriculteurs en colère contre la hausse du coût du diésel non routier sont dans la rue. Et bravent un froid à n’y pas croire : 10 000 à Parkstetten; 2000 à Münster. La ville de Dessau est complètement bloquée
En ce moment, beaucoup de monde se masse actuellement devant le Parlement Fédéral à Berlin : dommage que les agriculteurs ne se positionnent pas devant la Chancellerie de Schacht !
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Les agriculteurs allemands sont rejoints par des agriculteurs polonais, tchèques, autrichiens, suisse, belge et français : les agriculteurs du canton de Seltz-Lauterberg dans le Bas-Rhin.
En France, on compte des mouvements locaux d’agriculteurs : outre le Bas-Rhin, la Dordogne, la Haute-Garonne (journée de mobilisation prévue à Toulouse le 16 janvier) et l’Hérault (Perpignan), qui protestent aussi contre la hausse abusive du diésel.
Comme écrit Silvano Trotta sur Tweeter : “Il y a des milliers de vidéos de blocages dans toute l'Allemagne (qu’on peut voir sur Tweeter). C'est tout de même la première puissance économique de l'Union Européenne, qui est à l'arrêt. Plus rien ne fonctionne. Presque plus rien ne roule. Les magasins se vident. La population soutient ses agriculteurs, routiers etc. C'est un moment historique depuis la seconde guerre mondiale pour l'Allemagne. Pourtant, les médias européens cachent l’ampleur du mouvement social. En Allemagne, par la force des choses ils en parlent”(sic).
Certes, les mots d’ordre sont encore flous : “nous en avons marre” écrivent des milliers de tracteurs avec des lumières. Marre de la hausse du prix du diésel non routier. Marre de la hausse du prix du péage…
1°)-Nous avons affaire à une “émeute latente”, pour reprendre la typologie imaginée par le philosophe Alain Badiou dans son ouvrage : (cf Le Réveil de l’histoire, édition Lignes, 2012). D’un côté une mobilisation humaine sans précédent, qui bloque toute la production allemande, avec le soutien de la population. Une forme “d’union populaire” entre les agriculteurs, les routiers et les cheminots, résultat de trajets disparates, partie du mouvement en cours. Ce mouvement social est important (100 000 agriculteurs) et pugnace, puisqu’il dure depuis lundi dernier 8 janvier. En revanche, il n’est pas politisé : on ne trouve pas (encore) de mots d’ordre dans le genre : “Scholz démission”.
2°)-De l’autre, un chancelier isolé, Scholz, profondément démonétisé aux yeux de tous ses concitoyens, patronat inclus. Personne n’a oublié son silence couard et complice, opposé au sabotage, par Washington, du pipeline Nord Stream en novembre 2022. Sabotage qui empêche depuis les employeurs allemands d’acheter du pétrole bon marché aux russes. Précipitant une récession économique sans précédent.
Nous pouvons affirmer que la mobilisation allemande contient une véritable subjectivité émeutière latente. Comme écrit Alain Badiou à propos du mouvement social de 2009 contre la réforme des retraites voulue par Sarkosy : “Il suffirait d’une étincelle, d’un évènement spectaculaire, pour que ladite mobilisation sorte fortement du consensus capilato-parlementaire. Et devienne quelques temps un lieu populaire imprenable”(sic).
Ce à quoi nous assistons, -de même que le mouvement des Gilets Jaunes ou du mouvement anti-pass sanitaire de l’été 2021 qui a vu en moyenne plus de 2,5 millions de manifestants chaque samedi-, c’est que “le Peuple allemand surgisse sur la scène publique avec le mouvement des agriculteurs et des routiers, profondément anti-partis, afin de se sauver lui-même” comme écrit notre camarade marxiste Ernesto Monteagudo. Oui, des deux côtés du Rhin, les partis politiques et les syndicats sont corrompus. Ils ne défendent pas véritablement le Peuple qui souffre et qui a du mal à joindre les deux bouts. Le Peuple allemand est obligé de se défendre lui-même.
La vérité est que le capitalisme devient de plus en plus in-réformable. En clair, Scholz ne peut pas donner satisfaction aux agriculteurs, dans le cadre actuel de la politique d’austérité à vie voulue par la Commission européenne : elle même faux-nez de Washington depuis 1945.
De deux choses :
-Ou bien les routiers et agriculteurs allemands échouent dans leur protestation.
-Ou bien, Scholz perd son pouvoir de Chancelier de l’Allemagne.
Oui, le capitalisme mondialisé occidental est irréformable. Voilà pourquoi le programme politique du Rassemblement Pouvoir au Peuple propose de rompre rapidement avec ce système pourri. Et de construire le communisme autogestionnaire, avec une socialisation de tous les profits. La fin des employeurs et des actionnaires parasites. La mise en oeuvre du pouvoir à la base, à travers un droit de décision donné à chaque comité d’entreprise. De leur côté, les conseils de quartiers, réunissant les jeunes et les retraités contrôlent la nationalisation de tous les médias et surtout des réseaux sociaux.