Corruption larvée au Parlement, refus de transparence de Ursula von der Leyen, Présidente de la Commission : tour d'horizon de l'actualité des institutions européennes !
Article rédigé par Eric Juillot le 6 mars 2023 pour le site ELUCID
Corruption larvée au Parlement, refus de transparence de la Présidente de la Commission, suite du conflit entre Varsovie et Bruxelles, paralysie et auto-sabotage face aux plan protectionniste états-unien : un tour d'horizon de l'actualité des institutions européennes.
Alors que le scandale de corruption au sein du Parlement européen s’étend, ses principaux responsables s’agitent pour tenter d’en limiter les dégâts. Il y a grand péril en effet pour cette institution hors sol et sans grande légitimité, dont les membres mal élus – si l’on en juge aux taux d’abstention – ont longtemps cru pouvoir dissimuler leur fragilité en se drapant dans le voile de « l’État de droit », des « valeurs européennes », ou d’un intérêt général européen qu’ils affirment incarner.
Tout ce discours, à usage interne, a volé en éclats depuis l’éclosion du scandale. Il n’est plus d’auto-mystification possible : ce que beaucoup à l’extérieur savaient ou soupçonnaient doit aujourd’hui être admis au sein même du Parlement. Pris dans la lumière des phares médiatiques, ses membres redoublent de prises de position indignées et de déclarations tous azimuts afin de convaincre ceux que cela intéresse que les choses vont changer radicalement.
Transparence ! Transparence !
Ainsi est-il question d’instaurer de nouvelles règles ou d’appliquer plus fermement celles qui sont déjà en vigueur au sujet des conflits d’intérêts, du lobbying, des déclarations de patrimoine, des financements d’organisations, etc. Un catalogue de mesurettes, exposées dans le style techno-juridique le plus plat : voilà tout ce que le Parlement se montre capable de produire pour sauver ce qui lui reste de réputation.
Il n’est pas certain que cela suffise, d’autant que les seules annonces qui émergent de ce fatras sont de nature à susciter la circonspection : la mise en place d’un organisme éthique « indépendant » – qui de toute façon aurait un pouvoir limité si on observe le fonctionnement de ceux qui existent déjà à l’échelle des États – est certes envisagée, mais pas dans l’immédiat. La création immédiate d’une commission d’enquête a été rejetée par une nette majorité de parlementaires, au motif que la procédure judiciaire est encore en cours. Mais pourquoi le Parlement n’aiderait-il pas, par une investigation interne, les services de la justice ? Il y a dans ce refus quelque chose de mystérieux qui sème le doute quant aux intentions réelles des eurodéputés.
Enfin, la mesure phare, présentée récemment par la présidente du Parlement, consisterait à obliger les anciens élus à attendre un certain délai avant de pouvoir se reconvertir dans des fonctions de lobbying auprès de leurs successeurs. Que Roberta Metsola croie rétablir de la sorte la confiance entre les élus européens et leurs électeurs, voilà qui en dit long sur son aveuglement. Par son annonce, elle apprend en fait au plus grand nombre que la vérole antidémocratique du lobbying contamine le parlement au-delà du concevable. Il n’y a rien de vertueux à vouloir limiter aujourd’hui une pratique qui devrait en réalité être interdite depuis toujours.
Cette séquence désastreuse achève de plomber le cercueil de ce « parlement », une institution étrange comme seule la construction européenne pouvait en produire. On savait déjà qu’il est inutile – ses décisions pourraient aussi bien être adoptées par les parlements nationaux ou faire l’objet d’accords multilatéraux –, illégitime – puisqu’il représente un peuple qui n’existe pas –, et coûteux. Il est clair désormais qu’il est aussi gangrené par un phénomène de corruption face auquel il se montre incapable de prendre des mesures structurelles, en dépit de sa prétention à l’excellence morale.
Une présidente et des soupçons
Que ce soit au parlement ou ailleurs, la transparence à Bruxelles a ses limites. Dans la démocratie stérilisée de l’UE, il serait malvenu que les citoyens aient accès à des informations sensibles d’intérêt public. Quitte à aggraver leur cas, les députés européens ont ainsi décidé de faire preuve de mansuétude à l’égard de la présidente de la Commission européenne.
Alors que certains d’entre eux souhaitaient interroger Ursula von der Leyen, dans le cadre d’une audition publique, au sujet du contrat passé entre la Commission et Pfizer pour l’achat de vaccins anti-Covid, les présidents des groupes parlementaires ont décidé que cela ne se ferait pas. Tout au plus est-il question désormais d’une réunion à huis clos à laquelle Mme von der Leyen serait conviée. Ce n’est donc pas du cœur de l’UE que viendront les éventuelles révélations concernant les termes de ce méga-contrat – dont l’essentiel est resté inaccessible au grand public – et la teneur des SMS échangés à son sujet entre la Présidente de la Commission et le PDG de Pfizer.