Commentaires de l'ouvrage : "Gouverner par le chaos", rédigé par Lucien Cerise
Commentaires de l’ouvrage rédigé par Lucien Cerise : "Gouverner par le chaos", rédigé par Brigitte Bouzonnie le 9 juillet 2023
Hier, nous avons présenté les bonnes pages du livre rédigé par Lucien Cerise intitulé : “Gouverner par le Chaos » . Aujourd’hui, on souhaite commenter ce ouvrage dans deux directions : 1°)-l’imposition d’un nouveau contrôle social. 2°)- La théorie de la jeunes fille où le succès de l’idéologie hédoniste, en lieu et place de notre raison cartésienne raisonnante.
1°)-L’imposition de Mensonge, pierre angulaire du système et d’’un nouveau contrôle social.
La lecture de l’ouvrage de Lucien Cerise fait droit dans le dos, surtout lorsqu’il écrit : « la réalité n’a plus aucune importance. Tout est fait pour créer des hallucinations collectives, partagées, normalisées. La réalité est falsifiée. On crée un monde parallèle de représentations venant se superposer sur la réalité des faits. Ce jeu d’écriture a ainsi permis de construire une « crise sanitaire » à partir de simples éléments de langage »(sic).
Naturellement hélas, nous partageons 5 sur 5 son analyse. La Vérité, la réalité des faits sont renvoyés dans le cimetière de l’impensé, du refoulé, au profit du triomphe d’une « fausse réalité », terme que je préfère au mot de « réalité parallèle » utilisé par Cerise, jugée trop floue. Mais je crois qu’il faut aller encore plus loin que n’ose le faire l’auteur de « gouverner par la chaos ». Non seulement la réalité n’a plus aucune importance, mais c’est le Mensonge, qui est devenu la pierre angulaire du capitalisme occidental, comme écrit le lanceur d’alertes Chris Hedges, ancien journaliste vedette pendant quinze ans au New York Times.
Fausse réalité imposée. Assénée. Matraquée chaque heure, chaque seconde par les chaines d’information et les JT. De son côté, les supposées « forces de gauche » sont corrompues, achetées avec l’argent du dispositif de financement de la vie politique, en échange d’une ligne « macron compatible ». Comme dit délicatement le beefsteackard Corbière : « il faut critiquer Macron mais pas trop ». Idem pour les dirigeants syndicaux comme Sophie Binet ou Marilyse Léon rémunérées 13 000 euros par mois, pour conduire à l’échec le Peuple dans la rue.
Et Facebook, loin d’être un espace de libertés, le dernier espace critique, comme il a pu l’être en 2009-2011, lorsque nous postions chaque jour nos articles sur le chômage et la pauvreté de masse, n’est plus que l’ombre de lui-même. En 2009, le réseau social était à feu et à sang contre la réforme des retraites voulue par Sarkosy. Comme le dit très bien Jean-Louis Borloo, alors ministre de Sarkosy, qu’on ne peut pas taxer de bolchevisme : « huit jours de plus et nous cédions »(sic) (à la rue). On a été très prêt de réussir. Ce n’est pas parce que les médias aux ordres ne le disent pas, qu’il ne faut pas l’écrire.
Pour qui se souvient comme moi de notre beau passé de facebookien/facebookienne critique de 2009-2011, la lecture du fil d’actu du Facebook 2023 est sidérante de banalité et de « marronniers » politiquement corrects. Ainsi, en guise de « pensée », on nous fourgue les auteurs les plus apolitiques possibles. Combien de fois ai-je vu cette citation de Deleuze, comme quoi le Pouvoir nous aimait triste, et qu’il fallait donc être joyeux. La bonne affaire ! Quand bien même, on serait joyeux, hilare : qu’est-ce que cela changerait de notre dure condition de Peuple occidental aliéné. Petits colons des Etats-Unis. Décadent. Nourri, biberonné à l’Himalaya de mensonges, que l’on se reçoit dans les oreilles chaque seconde.
Autre vedette incontestée du fil d’actu de Facebook 2023 : Hannah Arendt et sa supposée banalité du mal, concept que les facebookiens gobent avec une naïveté incroyable. Détestable. D’abord le mal n’est jamais banal. La mort brutale d’un homme ou d’un enfant est toujours scandaleuse. Inacceptable. Inconcevable. Dire que 6 millions de morts dans les camps de concentration, c’est une « banalité », c’est, ni plus ni moins, reprendre à son compte le langage des bourreaux, pour qui la chambre à gaz est « normale ». « Allant de soi ». Dire que le mal est “banal”, c’est une façon de l’admettre. Qui fait partie des meubles de l’existence.
C’est, ni plus ni moins reprendre à son compte le discours de Hitler à Bertesgaden, en réponse à la femme d’un dirigeant nazi, qui s’indignait de ces trains remplis de femmes et d’enfants promis à la mort. Furieux, il lui répondit que « son discours (de dénonciation du mal) n’était que sensiblerie inutile de sa part »(sic). Pour Hitler, le mal était quelque chose de nécessaire. Naturellement, la femme de dignitaire ne fut plus jamais à invitée à Bertesgaden. Cette anecdote, qui avait créé un beau scandale, est racontée par la secrétaire d’Hitler. On voit le cousinage d’idées existant entre Arendt (le mal est une chose banale) et Hitler (le mal est une chose nécessaire). Et personne sur Facebook ne s’offusque d’une telle parenté !
A juste titre, Claude Lanzmann, célèbre auteur de Shoah, rentrait dans une de ses colères célèbres contre Arendt et son discours aseptisé, lyophilisé sur le mal. Il racontait comment les kapos, dans leur perversion XXL, les jours de soleil, aidaient de façon galante les femmes à descendre du train, à cent mètre de la chambre à gaz (cf Le lièvre de Patagonie, édition Folio, Gallimard).
La vérité est que Harendt était rémunérée et appuyée par la CIA, comme l’explique Jacques Pauwels dans son ouvrage : « 1914-1919, la grande guerre des classes », édition Delga, 2016. Arendt n’a rien à faire sur un réseau social, sauf à « retourner » les consciences des moins politisés d’entre nous.
Autre auteur non communiste célébré, surcôté par Facebook : le Albert Camus d’après guerre, Prix Nobel en 1957, c’est-à-dire en pleine guerre froide, à 44 ans. Dans son discours de remerciement, il dit en substance : « notre génération ne changera pas le monde, elle l’empêchera de se défaire ». Ces mots, en faveur de l’immobilisme social et du seul triomphe de l’impérialisme américain d’après guerre : ses 22 guerres et 400 00 victimes, sont régulièrement postés sur le fil d’actu de Facebook. Présenté comme un summum de la philosophie politique, alors que Camus était un romancier et auteur de pièce de théâtre. Et alors que cette citation vise à empecher tout militantisme critique
Inversement, sur le fil d’actu de Facebook, jamais de citations du philosophe Alain Badiou, de Marx ou du Rousseau du Contrat social : ce n’est pas un hasard !
A travers ces trois exemples, on voit comment Facebook ne fonctionne plus comme réseau critique depuis quelques années. Sur VK, quelqu’un écrivait un jour : « Facebook, c’est de la merde »(sic). Et je vais finir par être d’accord avec lui.
2°)- Le succès de la théorie de la jeune- fille ou le triomphe d’une philosophie de la jouissance en lieu et place de la Raison raisonnante.
Dans son livre « Gouverner par le chaos », Lucien Cerise analyse clairement et en détail la théorie de la jeune-fille, et on l’en remercie. On connaissait cette théorie de nom, pour l’avoir entendue dans la bouche de Pierre-Yves Rougeyron, fondateur du Cercle Aristote. Mais on en ignorait les détails et les enjeux. Pourtant ils sont très importants pour comprendre le choix du primat de la culture pré-oedipienne effectué par notre société occidentale actuelle.
Comme explique Cerise : « afin de dépolitiser un groupe, on le fait entrer dans la société du spectacle. Pour le désorganiser, il suffit de le « jeune-filliser » à travers la diffusion d’images caricaturales des femmes et des jeunes. Persuader un groupe d’adopter des valeurs plus féminines, orientées vers l’intime et la sexualité d’abord, permet de dépolitiser le groupe. Faire disparaitre ses idées critiques et sa possible dangerosité »(sic).
« Le jeunisme nous met sur la pente de l’infantilisation et d’une régression pré-oedipienne, uniquement tourné vers des processus immatures et émotionnels, où l’intellect est absent. Pour désorganiser et dépolitiser un groupe et el rendre inoffensif, il suffit d’attaquer son Œdipe »(sic).
Le jeunisme et la féminité s’imposent comme la seule « quête », la seule « valeur » de la société actuelle dans un pays comme la France. La sexualité du groupe, la recherche du plaisir, « jouir sans entrave » comme disait le slogan de Mai 68, devient l’alpha et oméga de l’existence. Elle remplace sa politisation et sa structuration en groupe critique vis-à-vis du Pouvoir.
Nous avons trois cerveaux : le reptilien (le sexe) le limbique (les émotions) et le cortex (l’intelligence). Pendant toute la durée de ce qu’on a appelé « le capitalisme puritain », le choix a été fait de privilégier le cortex et donc l’intelligence. L’intellect était une arme nécessaire pour piloter le capitalisme sauvage du XIXème siècle, puis le capitalisme keynésien, judicieusement analysé par l’économiste de la régulation, Robert Boyer dans son ouvrage ; « Croissance crise et accumulation », 1979.
Et puis pratiquement du jour au lendemain, avec la survenue de la culture libérale/libertaire à compter des années soixante-dix, on observe un renversement de valeurs. La Raison cartésienne, raisonnante (un + un = 2) disparait des priorités à atteindre. Pratiquement du jour au lendemain, un anti intellectualisme de masse s’empare de nos sociétés occidentales. Un exemple entre mille : à peine 31% des jeunes américains ont le niveau scolaire requis à leur âge. Inversement, comme l’explique l’économiste marxiste Vincent Gouysse, spécialiste de la Chine, les gouvernements chinois « poussent » les élèves dans leurs études, notamment le domaine des sciences et techniques. On voit comment l’intelligence de chacun/chacune, que nous vivons comme une affaire personnelle, une ressource ou un manque, dont nous serions seul responsable, est en réalité affaire de choix politique et de construction sociale volontaire.
Inversement, la recherche du plaisir sexuel immédiat devient la grande affaire de l’existence. On construit une véritable contre société sans interdits, libre et jouissive. Sorte d’alter égo à la société officielle La philosophe hédoniste veut se soustraire à l’humanité en tant qu’historicité, en tant que devenir dont elle serait comptable. Elle n’existe que dans l’instantané.
L’enfant tout puissant, devient le seul « devenir » possible. La figure centrale de cette nouvelle période historique et de notre vie personnelle. Il ne peut connaître aucune limite. La dimension sociale et intellectuelle de l’humain est déniée. Les choses n’existent qu’au moment où on les énonce. A l’ordre symbolique, au lien social, doit se substituer l’imaginaire analyse Jean-Claude Paye dans son article intitulé : « A quoi sert Michel Onfray ? », du 9 mai 2010 publié par le site Réseau Voltaire.
Et d’ajouter : « Michel Onfray oppose une humanité hédoniste, uniquement habitée par la pulsion de vie, orchestrée par un dieu païen prônant une jouissance sans limite. Si on n’est pas aveuglé par cette notion d’un dieu solaire, on retrouve là la spécificité des valeurs de la post modernité »(sic).
Le triomphe de la philosophie hédoniste pré-oedipienne, c’est la revanche du “ça” sur le “surmoi”. La revanche de la pulsion sexuelle sur la pulsion intellectuelle, hier encore hégémonique.
Le triomphe de la philosophie hédoniste pré-oedipienne dans les têtes et dans les coeurs, c’est l’acceptation du présent comme unique champ d’investigation. Les hédonistes ont abandonné toute idée de “futur” différent du capitalisme mondialisé occidental actuel. Une vision qui fait mentir le mot de Victor Hugo : “le roi a le jour, le peuple tous les lendemains”. Aujourd’hui, en appui des catégories de pensée de cette petite-bourgeoisie hédoniste, le Capitalisme mondialisé occidental confisque le jour et tous les lendemains subversifs.
La décomposition sociale prend la place de la dure construction sociale de nos parents et ancêtres, fondé sur le travail et la raison exigeante. Vladimir Poutine traite les occidentaux de « décadents », pour qui « la pédophilie est devenue la norme » : et il y a du vrai dans ses critiques qui dessinent le nouveau monde occidental, dans lequel nous sommes entrés de plein pied depuis les années soixante-dix.