Comment on a falsifié l’histoire du régime soviétique de Staline, notamment en créant le faux chiffre de 100 millions de morts (version courte)
Article rédigé le 15 juillet 2023 par Brigitte Bouzonnie
Aujourd’hui, nous souhaitons revenir sur la Révolution russe de 1917. Notamment sur la mise à mort symbolique subi par ce grand évènement, hélas faussement transmué en farce sanguinaire et sinistre. « Promu », par les intellectuels non communistes soutenus par la CIA, au titre « d’acte criminel, qui aurait généré « 100 millions de morts », selon les dires de Soljenitsyne. De son côté, le rapport Khrouchtchev montre les supposés « crimes », qu’aurait commis Staline.
Le verbatim du début de la vidéo de Annie Lacroix-Riz pointe la falsification de l’histoire du régime soviétique. Elle dit : “Il s’agit de montrer comment la Révolution d’Octobre et la suite sont falsifiées, mais à un degré inimaginable, pour le commun des mortels. Tout un travail reste à faire sur les conditions de mise en oeuvre de la falsification de l’histoire soviétique. Et de citer ses deux livres de référence : “L’histoire sous influence” (1984) et “L’histoire toujours sous influence” : 2012. Cela pose le problème des “historiens du consensus”, dont le travail est rémunéré par la CIA. C’est clair que toute une opération politique a été mise en oeuvre en ce sens. Et qu’on la connait mal. Il serait nécessaire de mieux connaitre les milieux dirigeants politiques, patronaux, et un certain nombre d’universitaires influents, tant aux Etats-Unis qu’en Europe.
Il y a un très bon auteur américain, dont les problèmes de diffusion montent qu’il n’était pas en cour : Christopher Simpson, auteur de “Retour de Flammes”, 1988. Il s’est intéressé à la “reconversion” des responsables nazis en 1945 par l’Etat profond américain. Il a également écrit sur les universités, l’Empire us, l’argent dans les sciences sociales. Comment les universitaires des universités américaines les plus prestigieuses ont été engagés et promus par la CIA. Comment leurs travaux ont eu beaucoup de succès. Comment la CIA a assuré la diffusion de leurs livres. L’université de Harvard a été associée à des programmes de “connaissance” sur l’Union soviétique, qui n’avaient pas toute la scientificité requise. Il s’agissait d’engager l’université dans une tâche générale, visant à mettre à terre l’Union Soviétique.
Dans une interview de la revue Génèses n°49, un universitaire américain aujourd’hui à la retraite raconte : “Je dois revenir sur cette période, qui m’a si profondément marquée, même si je n’étais pas communiste. Démobilisé en 1946, il était impensable de devenir communiste. Et il donne des exemples de personnes, qui ont perdu leur carrière aux Etats-Unis. Il fallait signer un serment à Berkeley (de non communisme) et certains sont partis. Moi, j’étais tout jeune, et quand j’ai pris mon poste en 1948, j’ai du signer un serment de loyauté (sic).
On s’attarde sur l’opération psychologique créant la fausse croyance de l’existence de 100 millions de morts au Goulag, comme l’annonce Soljenitsyne sans son livre l’Archipel du Goulag, publié en 1974. Heureusement pour nous, l’historien russe Viktor Zemskov démontre la fausseté de ce chiffre dans son livre « Staline et le peuple », édition Delga, 2023.
1°)- Présentation du livre de Viktor Zemskov : Staline et le Peuple
Toute la construction idéologique faisant de la révolution russe une farce macabre repose sur les chiffres de morts au Goulag, sensés atteindre 100 millions au bas mot, comme annoncé par Soljenitsyne. Chiffres totalement erronés comme le montre Viktor Zemskov, historien soviétique de renommée mondiale, pour ses recherches de première main dans les archives, auteur de l’ouvrage « Staline et le Peuple », publié aux éditons Delga 2023.
Zemskov part du constat selon lequel la science historique se trouvait confrontée à des chiffres de morts au Goulag inventés de toute pièce, qui ne sont confirmés par rien. Par exemple les 100 millions de morts au Goulag annoncés par Soljenistine. Au début de 1989, par décision du Praesidium de l’Académie des sciences, une commission du département d’Histoire de l’Académie des sciences de l’URSS, dirigée par Iou A. Poliakov se crée pour déterminer le nombre de morts exact dans les camps russes.
L’historien Zemskov est membre de cette commission et fait partie des premiers chercheurs à avoir accès aux rapports statistiques de l’OGuéPéOU-NKVD. Le document indiquait que 3 777 380 personnes ont été condamnés pour des crimes contre-révolutionnaires par le collège de l’OguéPéOU et 642 980 à la peine de mort. A ce chiffre, il convient d’ajouter le chiffre de 282 926 condamnés pour d’autres crimes d’état particulièrement dangereux : soit un total de 4 060 306 personnes condamnées comme le montre le tableau des archives de la page 16 du livre de Zemskov.
Autre chiffre intéressant : entre 1936 et 1940, 1 554 394 détenus sont libérés des camps du Goulag, ce qui interdit tout mimétisme avec le camp d’Auchwitz.
Entre 1921 et 1938, on compte 1 062 000 criminels de droit commun et 1 883 000 prisonniers purement politiques. Pour la période 1921-1953, ce n’est donc pas 4 060 000 détenus mais moins de 3 millions.
Zemskov et A Douguine publient deux articles dans les revues russes Na boïevom postou et Argoumenty i fakty.
Il faut savoir que le département spécial de l’OGuéPéOU recueillait des informations complètes sur le nombre de détenus au Goulag, pour informer les seuls dirigeants soviétiques. Ces chiffres n’avaient donc pas vocation à désinformer le public soviétique, qui n’y avait pas accès. Il n’y a donc aucun intérêt à mentir en relayant ces chiffres.
Et Zemskov de rejeter les chiffres de mots bidon avancés par Antonov-Ovseïenko et Razgone, les accusant de « pur charlatanisme ». Idem pour les chiffres de Medvedev et de Soljénistine. A propos de Soljénistine, Zemskov écrit : « Ni Soljenitsyne, ni les conseillers américains n’avaient accès aux archives secrètes de l’OGuépéOU, et par conséquent, toutes leurs « statistiques » ne sont que le fruit de leur propre imagination.(sic).
Zemskov accuse Soljénistine de lavage de cerveau. En effet, ce dernier passe à la télévision et estime que 66 millions de soviétiques sont morts à cause des famines. Et 44 millions pendant la seconde guerre mondiale, à cause d’une mauvaise et négligente gestion des dirigeants soviétiques. Soir 110 millions de morts au total qu’aurait voulu Staline. Et de Zemskov conclure : « sur la vague de ces fausses statistiques pseudo-sensationnalistes, l’idée de génocide contre son propre peuple est promue activement » (sic).
La planification d’une famine à des fins d’extermination collective n’a jamais existé. Soljénitsyne a assimilé tous les morts de la seconde guerre mondiale aux pertes humaines de la grande guerre patriotique contre les allemands.
Mais Soljenitsyne n’est pas le seul antisoviétique de service. O G Chatounovska, ancienne membre de Comité de contrôle du Parti près du Comité central affirme qu’entre le 1er janvier 1935 et le 22 juin 1941, 19,8 millions d’ennemis du peuple auraient disparu mystérieusement. Mais le document en appui de ses dires est introuvable.
Au prix d’une exagération consistant à multiplier par dix le nombre de détenus soviétiques, on fait oublier les six millions de morts dans les camps de concentration nazis. Par une escroquerie statistique, on éclipse le crime humanitaire le plus monstrueux du XXème siècle. Par cet artifice, Hitler et Himmler ne sont plus présentés comme les principaux criminels humanitaires de leur siècle.
Il est intéressant de noter que les chiffres de Zemskov ne font pas débat chez les grands scientifiques. Les critiques proviennent toujours d’un milieu amateur pseudo-scientifique.
Les conséquences politiques et idéologiques du livre de Zemskov sont incalculables. On n’est pas sûre que même l’éditeur de ce livre, Aymeric Monville, prenne la mesure de la véritable « bombe », qu’il vient d’éditer. Car, à partir du moment où il n’y a pas eu 100 millions de morts dans les camps soviétiques. A partir du moment où l’équation « Révolution = tueries de masse et charniers humains » se révèle être une fausse information historique, une opération psychologique, que l’on doit naturellement sévèrement critiquer sur ce blog : toute notre conscience politique nous interdisant -à tort- de penser la Révolution prolétarienne. A un autre espace des possibles politiques. A une rupture profonde avec le capitalisme mondialisé occidental actuel. Donc toute notre conscience se trouve « allégée ». Modifiée. Débarrassée de la culpabilité permanente, que tout militant de la gauche critique, pas seulement les militants communistes, traine dans sa tête depuis les années soixante-dix.
Soljenitsyne a donc clairement menti, en produisant une évaluation globale « sensationnalo-médiatique »(sic), pour reprendre le mot de Zemskov(1), à la différence des déportés des camps nazis. Comment, dans les années soixante-dix, son mensonge n’a jamais été critiqué, même de façon superficielle. Au contraire, l’Archipel du Goulag a été le fer de lance d’un formidable bourrage de crânes mené au nom de l’antitotalitaire, notamment par André Glücksmann, Jean Daniel, Claude Lefort et naturellement Bernard Henri-Lévy(2).
2-1-1°)- Comment Soljenitsyne a clairement menti, en produisant l’évaluation globale « sensationnalo-médiatique »(sic) de 100 millions de morts au Goulag, pour reprendre le mot de Zemskov(1), à la différence des déportés des camps nazis, qui, par honnêteté intellectuelle, n’ont jamais essayé de produire un chiffre global du nombre de morts dans les camps nazis.
Comment, matériellement parlant, techniquement, et alors qu’il était occupé à casser des cailloux au goulag, Soljenitsyne a-t-il fait pour élaborer, construire une estimation fiable du nombre de morts dans les camps soviétiques ? A aucun moment, la question ne fut posée, notamment lors de son entretien avec Pivot à l’émission « Apostrophes », ce qui montre l’extrême partialité, pour ne pas dire complaisance de ses intervieweurs.
En tant que prisonnier des camps, son attitude, consistant à imposer, brandir des chiffres globaux du nombre de morts en déportation ne va pas de soi. La lecture des témoignages, ouvrages des déportés dans les camps nazis montre au contraire de leur part, une grande réserve, et honnêteté intellectuelle. Jamais ils ne s’aventurent à proposer des chiffres globaux du nombre de morts à Auchwitz et des autres camps nazis, sauf à mentir comme des arracheurs de dents.
Le témoignage de Germaine Tillon, déportée au camp de Ravensbrück,
C’est notamment le cas du livre « Ravensbrück », rédigé par Germaine Tillon, déportée dans ce camp de femmes. Ethnologue de formation, et malgré toute la souffrance et les coups des kapos, qu’elle subit toute la journée, elle cherche à comprendre la politique d’extermination qu’elle subit. Elle réussit à identifier deux stratégies opposées d’extermination des déportés. Celle voulue par Hitler d’extermination rapide et totale de tous les prisonniers. Celle au contraire, voulue par Himmler de mise en esclavage de ces derniers. Ils sont chargés d’effectuer de lourds travaux de terrassement, la construction des V2, que personne d’autre ne voudrait faire.
Dans son livre « Le roman des damnés. Ces nazis passés au service des vainqueurs en 1945 », édition Perrin, Eric Branca, 2019, confirme cette seconde stratégie, expliquant comment Werhner von Braun passe de statut de pur génie à celui de parfait esclavagiste. Les prisonniers de guerre nazis utilisés au creusement de tunnels souterrains sont traités sans indulgence. Des milliers d’entre eux meurent d’épuisement, de privation et de manque d’oxygène.
Mais son analyse s’arrête là. A aucun moment, elle ne propose de chiffres globaux sur le nombre de morts au camp de Ravensbrück, voire dans les autres camps.
Le témoignage de Hermann Langbein, auteur de l’ouvrage « Hommes et femmes à Auchwitz », édition 10/18, 1975 et de Primo Lévi :
De la même façon, Hermann Langbein est auteur de l’ouvrage « Hommes et femmes à Auchwitz », édition 10/18, 1975. C’est un autrichien, prisonnier politique et figure de la Résistance de son pays, interné au camp d’Auchwitz. Il devient secrétaire d’un médecin SS de rang élevé, ce qui lui permet de recueillir une masse d’informations exceptionnelles. Il interroge d’anciens prisonniers ainsi que les bourreaux pour essayer de comprendre le système Auchwitz. Il consacre un chapitre intitulé : « la résistance », dirigée conjointement par les communistes et les socialistes ; Donne des statistiques du nombre d’évadés d’Auchwitz : 667 évasions. Il raconte l’incroyable dynamitage du crématorium n°3 opéré l’été 1944 par le sonderkommando, donnant lieu à une féroce répression : les kapos tirant au révolver et à bout portant sur les résistants. Lors du prochain appel, il manque plus de 227 détenus.
Le travail de Langbein est très minutieux. Dans la préface de ce livre, Primo Levi écrit que « l’autrichien a écrit le livre que lui rêvait d’écrire, mais dont il n’avait pas les informations nécessaires ». Mais ni Langbein, ni à fortiori Levi dans son livre : « Si c’est un homme », édition Pocket,1987, n’osent proposer d’estimation chiffrée globale, qu’ils n’ont pas les moyens intellectuels de produire.
Le témoignage de Charlotte Delbo et de Joseph Bialot :
Idem pour Charlotte Delbo dans ses livres : Aucun de nous ne reviendra, Auchwitz et après, aux éditions de minuit, 1970. Une connaissance inutile, édition de Minuit, 1970. Mesure de nos jours, édition de Minuit, 1971. Ou Le convoi du 24 janvier, édition de minuit, 1965. Idem pour le romancier Joseph Bialot, dans son livre de souvenirs à l’infirmerie du camp d’Auchwitz : C’est en hiver que les jours allongent, édition Point, 2002. Robert Antselme : L’espèce humaine, livre de la Pleiade, 2022. Jorge Semprun : l’écriture ou la vie, livre de la Pleiade, 2022, Elie Wiesel, la nuit, livre de la Pléiade 2022
Il existe donc une constance dans tous ces témoignages : une extrême pudeur dans les chiffres partiels cités. L’absence totale de chiffres globaux structurant tous ces témoignages.
Et donc, tout à coup, en rupture avec toute cette tradition de grande discrétion en matière de chiffres du nombre total de morts dans un camp de déportation par les prisonniers eux même, que Soljenitsyne, n’ayant fait que 13 mois de camp au Goulag, annonce le chiffre mirobolant de 100 millions de morts au Goulag. Chiffre sensationniste. Non sourcé. Non justifié. Non explicité. Comme un joueur de bonneteau sort un chiffre du chapeau. Et, à compter des années soixante-dix jusqu’à aujourd’hui 2023, plusieurs générations politiques prennent le chiffre de Soljenitsyne pour argent comptant. Comme le seul repère chiffré possible, lorsqu’on parle du nombre de morts au goulag.
Soljenitsyne n’est pas un prisonnier du goulag comme les autres : comme pourrait l’être par exemple un droit commun, comme le présente de manière fallacieuse la presse bourgeoise. C’est d’abord et surtout un idéologue de la droite la plus conservatrice. Il n’a de cesse, toute sa vie, de vomir sur le système et les dirigeants soviétiques qu’il exècre. Contrairement à une Germaine Tillon par exemple, il n’essaie pas de « comprendre » le système concentrationnaire dans lequel il vit. Ses contradictions, ses ambivalences. Il se venge, règle ses comptes avec un système idéologiquement différent du sien, nuance.
A partir de là, on ne peut pas attendre de lui des chiffres objectifs, une Vérité loyale, alors que lui en manque tellement vis-à-vis de l’URSS de son époque. A aucun moment il n’est objectif. Il ne cherche pas à dire la Vérité. Sa seule préoccupation, c’est de salir, diffamer pour toujours le régime soviétique.
Et en face de lui, les journalistes qui l’interrogent, style Pivot : au lieu de le remettre dans les clous de la réalité, le laisse parler avec complaisance. Dans la vidéo de l’INA, on voit Soljenitsyne caresser le bras de Pivot : une attitude qu’il n’aurait certainement pas si Pivot se conduisait en examinateur sérieux et impartial. Dans les années soixante-dix, toute la presse non communiste est complice avec lui.
En effet, comment expliquer notre naïveté à croire les bobards de Soljenitsyne ? Un élément de réponse vient de ce qu’on ne peut pas dissocier « L’archipel du Goulag » de toute la stratégie de mobilisation des idéologues antitotalitaires qui l’entoure afin de l’imposer aux français.
2°)-L’imposition du livre de Soljenitsyne est indissociable de toute une stratégie de mobilisation des intellectuels anti totalitaires (Jean Daniel, Claude Durand, Glücksmann, Claude Lefort, BHL…)
A ce stade, et devant les chiffres non sourcés manifestement erronés de Soljenistyne, toute la question est de savoir comment ils se sont imposés dans l’opinion publique française comme « allant de soi », détruisant du même coup tout le bien-fondé de la Révolution soviétique et de toute révolution à venir.
Nous faisons l’hypothèse que l’arrivée en France en 1974 du livre de Soljenitsyne L’archipel du Goulag est indissociable de toute une stratégie de mobilisation des intellectuels anti totalitaires (Glücksmann, Claude Lefort, BHL…), qui impose ce livre dans les têtes et dans les cœurs :
Pour rédiger cette partie de notre article, nous nous appuyons sur l’excellent ouvrage rédigé par l’historien américain Michael Scott Christofferson intitulé : les intellectuels contre la gauche, édition Delga, 2017.
M. Christofferson part du constat : « il est communément admis que l’Archipel du goulag a joué un rôle décisif dans la transformation de la vie politique et intellectuelle française au cours des années 1970 »(sic). Et de relater de façon très fine et concrète tous les débats intellectuels entourant la publication de ce livre.
Ce qui ressort de la lecture de ce chapitre du livre de l’auteur, c’est l’incroyable soutien dont bénéficie Soljenitsyne, -pourtant auteur inconnu de tous-, parmi les plus grands noms du champ intellectuel français. A la fin de l’année 1974, 600 000 exemplaires du livre sont déjà vendus sur les 1 million d’exemplaires que parviendra à vendre Soljenitsyne de son livre. On le rappelle : l’ouvrage fait mille pages, tapé serré.
Le rôle de fort soutien à Soljénitsyne joué par Jean Daniel :
Si le Parti communiste français, à travers les articles de Pierre Daix, critique sévèrement l’ouvrage, l’Archipel du goulag, dès sa publication, est fortement soutenu par Jean Daniel, Directeur du Nouvel Observateur, anti communiste notoire, dans une stratégie de mobilisation des intellectuels anti totalitaires (Glücksmann, Claude Lefort, BHL…). Celui-ci participe avec André Glücksmann, dès 1974 à une émission de Pivot : Ouvrez les guillemets, où il affronte Francis Cohen, Directeur de la revue communiste La nouvelle critique. Au cours de l’émission, Jean Daniel exprime sa frustration devant la disproportion tragique existant selon lui, entre l’importance de ce que nous apporte Soljenitsyne et la médiocrité des réactions qu’il suscite »(sic) : allusion à la polémique lancée par le PCF. Et d’ajouter que « la lecture de l’Archipel du goulag le tourmente comme un second holaucauste »(sic). Le soi disant mimétisme existant entre nazisme et communisme est mobilisé en guise de soutien à ce livre.
Jean Daniel est interviewé une seconde fois sur le livre l’Archipel du goulag par Pivot dans son émission Apostrophes du 11 avril 1975, ce qui montre le battage publicitaire à sens uniquement favorable, dont bénéficie le livre.
De son côté, Soljenitsyne est interrogé par la télévision française le 9 mars 1976 : autant d’interviews qui montrent tout le battage publicitaire, le bourrage de crânes à sens uniquement favorable, dont bénéficie le livre.
D’entrée de jeu, on nous « vend » le livre de Soljénitsyne comme LE livre du siècle, dont « l’importance » est reconnue par Jean Daniel, considéré alors comme le « grand intellectuel du moment ». Jean Daniel est alors considéré comme le must en matière de réflexion intellectuelle, malgré sa grande vacuité d’idées. On le sait car en 1974, on était abonnée au Nouvel Obs, à cause du renom de Daniel, même si, à la lecture on le trouvait déjà très vide, entre deux publicités de slips Mariner, l’édito creux de Daniel et un article mou de Jacques Julliard. Donc un avis favorable de la part de Jean Daniel était le meilleur sésame pour imposer l’Archipel du goulag dans les têtes et dans les cœurs, sans bénéfice d’inventaire critique.
L’appui enthousiaste de Claude Durand et des éditions du Seuil à l’Archipel du Goulag:
Le livre de Soljenitsyne est publié aux éditions du Seuil, excusez du peu pour un auteur inconnu des français. L’éditeur Claude Durand est l’infatigable promoteur de Soljenitsyne, car il détient non seulement les droits français de l’Archipel du goulag, mais aussi les droits internationaux. Il joue donc un rôle de soutien enthousiaste de ce livre, que l’on trouve dans toutes les librairies, y compris celles des petites villes de province et dans les grandes villes des pays étrangers.
L’appui du Monde, Serge July, Gilles Martinet, et de tous les intellectuels éminents du moment :
Le Monde fait une recension enthousiaste de l’Archipel du goulag. De son côté, Serge July défend activement le livre. Gilles Martinet, secrétaire national du PS entre 1975 et 1979, en charge des questions idéologiques, membre du conseil d’administration du Nouvel Obs critique à la télévision des remarques des communistes en défaveur de l’ouvrage de Soljenitsyne.
En 1974, Bernard-Henri Lévy juge que l’Archipel du Goulag offre la preuve irréfutable qu’il n’y a pas du bon et du mauvais, le socialisme et les camps…mais que la terreur (soviétique) n’est plus que l’envers de la doublure du socialisme sacro-saint »(sic). En clair le socialisme est mort.
Par ailleurs, arrêté par la police, Soljenitsyne est expulsé de l’URSS douze heures après. Cette expulsion donne lieu à la rédaction d’une pétition publiée par le Nouvel Obs n°503, le 18 février 1974. Parmi les éminentes figures signant cette pétition, on trouve Jean-Paul Sartre, J.M. Domenach, Pierre Daix, Germaine Tillion, Jacques Le Goff, Jean Cassou, Hélène Cixous, Dominique Desanti, Jean-Toussaint Desanti, Jean-Pierre Faye, Maxime Robinson, Alain Touraine, Pierre Vidal-Naquet, Michel Winock, Olivier Todd, Daniel Mothé, Paul Thibaud, Jacques Ozouf, Alexandre Astruc et Claude Bourdet.
On voit comment tout le champ intellectuel français se mobilise avec enthousiasme pour la cause Soljenistine, indépendamment de toutes les questions élémentaires de probité de ses chiffres jamais soulevés tout au long du débat public des années 1970.
Deux auteurs font de la défense de l’Archipel du Goulag leur fond de commerce : André Glüscksmann et Claude Lefort. Il faut savoir que Lefort est trotskyste, membre fondateur de la revue Socialisme ou barbarie avec Cornelius Castoriadis, qu’il quitte pour adopter un discours antitotalitaire virulent. De son côté, André Glucksmann, qui a grandi dans un milieu communiste, diplômé de philosophie, devient l’assistant de Raymond Aron, soutenu et financé par la CIA, comme le montre l’ouvrage de Jacques Pauwels : « 1914-1918, la grande guerre des classes », édition Delga 2016. Puis il milite pour la destruction de l’université de Vincennes et la Gauche prolétarienne. Il prône « la défense des salariés de LIP et des dissidents soviétiques comme Soljenitsyne sensés mener le même combat », ce qui montre le syncrétisme, pour ne pas dire la bouillabaisse de sa “pensée”. Comme Foucault, il abandonne toute idée de changement global au niveau national pour privilégier les micro-combats.
Claude Durand, éditeur on l’a vu de Soljenitsyne demande à Lefort et Glucksmann d’écrire un livre dans la collection « combats », qu’il dirige au Seuil, en faveur de Soljénitsyne. Glucksmann analyse le marxisme comme un langage du pouvoir qui l’empêche d’être du côté des persécutés de l’URSS »(sic).
La cuisinière et le mangeur d’hommes (Glucksmann) et un homme en trop (Lefort) sont les textes fondateurs du discours antitotalitaire des années 1970. Comme analyse le philosophe Alain Badiou, « BHL (mais le constat vaut aussi pour Glucksmann et Lefort) jouent le rôle en définitive très important de liquider tout ce que représentait l’intelligentsia révolutionnaire (de cette époque), du point de vue mondial (cf Eloge de la Politique, édition Café Voltaire, Flammarion, 2017.
On voit comment l’Archipel du goulag ne doit pas s’analyser comme un livre à part, mais comme la pièce maitresse de toute la stratégie anti totalitaire des années soixante-dix menée par des agents majoritaires du champ intellectuel français : parmi eux, notons le rôle actif joué par Jean Daniel, directeur du Nouvel Obs. Claude Durand, éditeur au Seuil, BHL, July, Le Monde, Pivot, BHL, Glucksmann, Lefort…
Résultat du matraquage scandé, répété depuis quarante ans, selon lequel il y eut 100 millions de morts au goulag: tous les équilibres politiques sont considérablement modifiés. Le parti communiste français s’effondre, d’abord sur le plan idéologique, puis électoral avec l’échec de Georges Marchais aux élections présidentielles de 1981. Le parti socialiste allié aux dirigeants états-uniens s’impose comme le premier parti de gauche. Hégémonique sur le reste de la gauche. Perçu « comme le seul recours possible » pour nombre de militants de gauche faussement, sciemment désabusés par l’idéologie anti communiste, fondée sur le seul mensonge. L’arrivée au pouvoir du PS en 1981 est vécue comme le seul changement possible à gauche. Et personne jamais ne proteste sur l’indigence et le caractère mensonger des chiffres de Soljenitsyne.
Conclusion :
Comment l’imposition et le succès du livre L’archipel du goulag et du Rapport Khrouchtchev participe de cette société du mensonge, qui est la nôtre depuis les années soixante-dix !
Dans les années soixante-dix, la recherche de la Vérité structurait encore officiellement nos consciences. Et celles de nos intellectuels français. On les pensait en lien avec ce culte de la Vérité, qui nous vient du siècle des Lumières. De Rousseau dont la devise était : consacrer sa vie à la vérité. Et de l’Encyclopédie de D’Alembert de Diderot. Les philosophes du XVIIIème siècle pensaient avec naïveté, qu’il suffisait de publier la Vérité, pour que les gens, non seulement connaissent, mais disent la Vérité. En revanche, ils pensaient qu’une société saine était une société qui disait la Vérité : et sur ce point, on ne peut que leur donner raison. Donc, par exemple, très concrètement, on pensait qu’un Jean Daniel, Directeur du Nouvel Obs, se revendiquant d’une culture humaniste, « ne pouvait pas mentir ».
De la même façon, dans les années 1970, on prend pour argent comptant le chiffre de 100 millions de morts au Goulag produit par Soljenitsyne, car il est soutenu par tout un aéropage d’intellectuels éminents. Par exemple, Le Nouvel Obs des années soixante-dix est considéré comme un « phare » de la pensée. Se réclamant de surcroît de la culture des Lumières : outre Jean Daniel, Gilles martinet, responsable au PS de l’idéologie, Claude Lefort, ex-membre de la célèbre revue Socialisme et Barbarie. Bernard-Henri Lévy, intronisé par Pivot grâce à la célèbre émission d’Apostrophes de 1977, dont personne dans les années 1970 ne remet en cause son soutien à l’Archipel du Goulag et à Soljenitsyne au motif que ce chiffre serait faux. Idem pour André Glucksmann. Même les intellectuels communistes comme Francis Cohen et Pierre Daix, critiquant ce livre, ne font une contre-analyse sérieuse du chiffre de 100 millions de morts, comme l’effectue plus tard l’historien russe Viktor Zemskov.
Résultat, et comme écrit Michael Christoffersen : « Présenté comme le nouveau Dreyfus ou le nouveau Dostoïevski, qui de surcroit a révélé la réalité sur l’Union soviétique, le communisme et la Révolution russe, Soljenitsyne devient inattaquable »(sic) (Les intellectuels contre la gauche, édition Delga, 2014).
Nul doute qu’aujourd’hui, avec nos catégories de pensée 2023, on perçoit le livre de Soljenitsyne avec beaucoup plus de méfiance. Il est vrai qu’entre-temps beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. On nous a tellement menti sur tous les sujets : la fausse « arme de destruction massive » soi-disant possédée par Saddam Hussein. Tandis que Colin Powell, sous le double mandat de Georges Bush, agite sa fiole de poudre blanche aux Nations Unis, contenant un échantillon supposé de l’arme de destruction massive. Les faux charniers de Roumanie. Les supposées chambres de torture qu’aurait imposé Poutine en Ukraine en 2022. Les dix cancers frappant le Président russe : on se demande même comment il est possible qu’il puisse seulement prononcer quelques onomatopées devant une télévision, sans aussitôt s’écrouler sous le poids de ses nombreuses maladies. Les faux chiffres du chômage (moins de 3 millions) et de la pauvreté (9 millions), alors que nos recherches montrent qu’il existe entre 6,5 et 9 millions de chômeurs. 15 millions de pauvres vivant en dessous du seuil de pauvreté.
Les faux chiffres des morts du Covid annoncés chaque soir en 2020 par le Directeur de la santé, Jérôme Salomon, comme le montre le statisticien Pierre Chaillot dans son livre « « . Les faux chiffres des morts de la canicule l’été 2022, moins de 5000, alors qu’une étude européenne, venant de sortir évalue à plus de 60 000 le nombre de morts européens à cause de la trop forte chaleur estivale. Soit en France le quadruple du chiffre officiel. Les faux chiffres de l’INSEE sur l’augmentation du coût des loyers, comme le montre de façon stimulante l’économiste du CNAM, Philippe Herlin dans son livre : « « , qui étudie l’augmentation du prix des loyers sur longue période. Faux chiffres de l’INSEE sur le nombre de sans-abris. Faux chiffres des inégalités sociales et des hausses des salaires. Faux chiffre de la pauvreté, dont le chiffre est inchangé depuis dix ans (9 millions de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté), alors que jamais les organisations caritatives n’ont reçu autant de monde, rien que pour manger.
Faux score de Macron le soir du premier tour des élections présidentielles du 23 avril 2017 : où le candidat LREM, crédité de 9% à 19 heures, “obtient”, grâce aux serveurs truqués SCYTL, 23% des suffrages exprimés, en siphonnant les scores des autres candidats, y compris ceux des petits candidats comme François Asselineau et de Philippe Poutou. Comment on le sait ? Un salarié de SCYTL confie même que Macron n’était pas le premier de la liste le soir du 23 avril 2023.
Sans oublier les tours de Manhattan, qui s’effondrent le 11 septembre, à cause d’un avion sensé les percuter. En vérité, les tours implosent à cause de la dynamite que l’on a préalablement entreposée à la base des deux immeubles. Ni la Cathédrale de Notre Dame de Paris brûlant curieusement en une heure top chrono, alors que son bois est réputé anti incendie. On n’a pas oublié le refus opposé par Macron et Véran, Ministre de la Santé de vendre de la Chloroquine au motif de sa supposée « dangerosité », alors que la Chloroquine est utilisée depuis cinquante ans, partout dans le monde, sans aucun danger. Mon ami Alain Kieffer me raconte comment il fait son service militaire à Madagascar, où il travaille à l’infirmerie. Chaque jour, lui et ses camarades prend de la Chloroquine. Pendant tout le temps passé, il ne note aucun malaise, tant de sa part que de celle des autres appelés. On n’a pas oublié non plus le décret de Véran refusant de vendre des antibiotiques, au motif de leur supposée « inefficacité ». Inversement, en pleine pandémie de Covid, le Doliprane est recommandé par la Macronie pour combattre le virus. De son côté, le Professeur Didier Raoult recommande chaudement l’utilisation des antibiotiques, tandis qu’il critique durement l’usage de Doliprane, comme il s’en explique dans son livre : « Epidémies, vrais dangers et fausses alerte »s, édition Michel Lafon, 2020.
On n’a pas oublié les mensonges en série vendus par la presse aux ordres et les chaines d’information, au point que nombre de mes amis et moi-même avons renoncé à regarder la télévision. Ni les mensonges sur les «passoires thermiques », obligeant le pauvre à isoler sa maison. Une hypocrisie et un mensonge de première ! Curieusement, le pauvre, qui n’a pas d’argent pour se payer du chauffage, aurait de l’argent pour calfeutrer sa maison. Le faux discours sur les passoires thermiques est, ni plus ni moins un transfert de culpabilité au sens Nietzschéen du terme. Depuis toujours, la lutte contre la pauvreté est de la responsabilité de l’Etat, non des particuliers. Par exemple, le programme des sociaux-démocrates suédois des années soixante prévoit zéro pauvre. Lorsqu’ils sont au pouvoir, ils appliquent leur programme. Avec le discours sur les passoires thermiques, l’Etat se dessaisit impunément de ses responsabilités historiques. Résultat : l’Etat ne cherche plus à bloquer les prix du chauffage, électricité, comme le faisait tous les dirigeants de droite et de gauche du capitalisme keynésien entre 1945 et les années quatre-vingts, analyse l’économiste de la régulation Robert Boyer dans son livre intitulé : « croissance, crise et accumulation », 1979. C’est au pauvre sans argent de se payer une maison « aux normes », avec le risque de ne pas pouvoir la vendre, si elle ne satisfait pas le « diagnostic », pour ne pas dire le contrôle tatillon et scandaleux, effectué auprès de chaque maison.
On n’est pas la seule à dénoncer le mensonge majuscule structurant notre société occidentale moderne. C’est le cas aussi de Chris Hedges, journaliste alternatif, ex-journaliste vedette du New York Times pendant quinze ans, qui écrit en 2015 : le mensonge est la pierre angulaire (sic) du capitalisme mondialisé occidental. On peut véritablement parler de régulation des peuples occidentaux par le mensonge, où la Vérité, comme la lumière du jour, n’a jamais sa chance.
Et Chris Hedges d’expliquer avec comment on en est arrivé là : « Le conflit en Ukraine a plongé le monde dans une crise géopolitique mais ce n'est pas, la seule crise que la guerre en Ukraine a exacerbée. La crise au sein de la presse occidentale inflige également des dommages qu'il juge irréparables. La presse aux États-Unis et dans la majeure partie de l'Europe fait servilement écho aux opinions d’une élite dirigeante et supervise un discours public, souvent déconnecté du monde réel, il discrédite ou censure ouvertement tout ce qui contredit le récit dominant sur l'Ukraine, même le plus factuel » cf vidéo 10 juillet 2023...
Dans son blog « La pompe à phynances », l’économiste Frédéric Lordon rédige un article très stimulant sur la « post-vérité », où il dénonce le renoncement des « élites » à dire la Vérité.
Même analyse venant de l’essayiste Lucien Cerise : « La réalité n’a plus aucune importance. Tout est fait pour créer des hallucinations collectives, partagées, normalisées. La réalité est falsifiée. On crée un monde parallèle de représentations venant se superposer sur la réalité des faits. Ce jeu d’écriture a ainsi permis de construire une « crise sanitaire » à partir de simples éléments de langage »(sic) (Gouverner par le chaos, ingénierie sociale et mondialisation, édition Max Milo, 2023.
Même critique de la part du marquis Louis de Dreslincourt, dont nous postons régulièrement les vidéos (Les entretiens du marquis) sur ce blog. Son analyse critique de l’actualité le conduit à dénoncer le mensonge permanent et quotidien imposé par la Macronie au pouvoir. Même topo de la part de Anne-Cécile Robert, journaliste associée au Monde diplomatique, auteur du livre : “dernières nouvelles du mensonges”, interrogée par el site ELUCID. Batiushka, prêtre orthodoxe russe, rédige un article intitulé : “l’art du mensonge” reposté ce jour sur le blog Lettre Politique Indépendante.
Même analyse aussi venant du journaliste Mickaël Faujour, auteur d’un article intitulé : « Post vérité : vers une non démocratie où les mots n’ont plus de sens », publié le 11 juillet 2023 sur le site ELUCID. Il écrit notamment : « De Biden à la valetaille LREM, il y a un même mépris des faits, de la vérité et du « principe de réalité », pour s'exprimer en termes freudiens. Si la presse parle de « post-vérité » et les citoyens de « gens sont déconnectés de la réalité », ce décrochement, cette absence d'expérience commune et partagée de la réalité est la source d'un délire. On croit – et pis, on croit convaincre – que ce qu'on perçoit et qu'on dit est la réalité – en dépit des preuves du contraire.
Et Denis Robert, fondateur de la Chaine Blast de tacler le mensonge permanent de Macron, titre d’une de ses vidéos.
Bien sûr, jusque-là, il y a des auteurs, qui dénoncent le mensonge, dans le cadre de leur analyse historique : on pense notamment à l’historienne Madame Annie Lacroix-Riz, qui pointe la corruption des élites de la IIIème République tout au long des années trente et leur choix de la défaite en 1940 effectuée en toute connaissance de cause. Ou la falsification de notre connaissance du communisme après-guerre, par les universités américaines prestigieuses : Berkeley, Yale, Hardford. On pense aussi aux analyses de Jacques Sapir, spécialiste de la Russie, dénonçant les mensonges occidentaux sur Poutine.
Mais ce qui est nouveau, c’est de voir toute une série d’auteurs (Chris Hedges, Frédéric Lordon, Lucien Cerise, Denis Robert, Batiushka, Anne-Cécile Robert…), qui dénoncnte le mensonge en tant que tel. On voit comment le mensonge s’autonomise des autres sujets d’étude. Est étudié en tant que tel, autonomisé du contexte qui l’a rendu possible.
Aujourd’hui, une véritable prise de conscience s’opère, dénonçant l’importance et l’immensité du Mensonge organisant, quadrillant, structurant nos vies occidentales.
Batiushka, prêtre orthodoxe russe, auteur d’articles de géopolitique de grande qualité, raconte comment les soviétiques lisaient la Pravda de l’époque de Gorbatchev, car ils savaient que la vérité « était l’inverse » de ce que disait le journal. Cette anecdote sur la Pravda est très intéressante, car elle montre que les peuples ne sont pas dupes des mensonges que leur impose le pouvoir du moment. L’attitude des américains puis des européens consistant à délaisser leur télévision participe de la même prise de consciences des fakes news qu’on se reçoit dans les oreilles chaque seconde, lorsqu’on écoute la TV. Comme disait Talleyrand : « on peut tout faire avec des baïonnettes sauf s’assoir dessus ». De la même façon, on peut tout faire avec le mensonge sauf s’assoir dessus. Sur la durée, les peuples, y compris les moins politisés, comprennent qu’on leur balance des bobards XXL. Et qu’il n’y a rien à attendre de la lecture de la presse ou du visionnage des télévisons du pouvoir.
Du coup, on regarde notre passé récent, les années soixante-dix/quatre-vingts, notamment le bourrage de crâne entrepris par certains intellectuels de gauche non communistes (Jean Daniel, Bernard Pivot, Claude Durand éditeur, BHL, André Glucksmann, Claude Lefort), afin de nous vendre le livre de Soljenitsyne L’Archipel du Goulag. Et surtout nous convaincre de l’existence de 100 millions de morts au Goulag d’un regard nouveau. Avec beaucoup moins de naïveté que l’on a pu avoir à l’époque, lorsqu’on « gobait » les paroles de Soljenitsyne comme parole d’évangile. Le mensonge de Soljenitsyne n’est, ni plus ni moins, qu’un petit mensonge dans l’océan de bobards assenés, matraqués chaque seconde par les médias aux ordres dans une société occidentale pilotée par le seul mensonge.
Conclusion :
En conclusion, on ressent comme un tournis, un vertige, face à cette réalité historique fallacieuse, structurant notre connaissance du monde communiste. Tout reste à reconstruire idéologiquement parlant, avec notamment un Staline, qui sans être une blanche colombe, ne mérite pas tous les crimes, qu’on lui attribue, autrement que sur le papier du rapport Krouchtchev.
Je me souviens d’un débat avec mon ami Jean-Pierre Combe, militant du Pôle pour la Renaissance du Communisme Français. Il me disait que “lorsque toutes les archives sortiront, on découvrira un Staline gris”(sic). Et ce sera déjà une immense avancée par rapport à l‘imaginaire actuel de chacune et de chacun dans la France 2023, qui en fait un monstre, avec une face à la Lucifer, des crochets en guise de mains. “Deux hémisphères du cerveau deux fois plus grands que la normale” dixit un auteur d’une “biographie” de Staline que j’ai lue. Et je commence à penser que Jean-Pierre a raison.
A ce stade, on ne peut que prendre la mesure des mensonges énormes, pris pour vérité historique depuis le lycée. Et au moins poser le problème de notre compréhension fallacieuse de l’URSS, notamment celui du rôle joué par nombre d’intellectuels” dits de gauche, contribuant, en relayant complaisamment le supposé chiffre de 100 millions de morts au goulag.
A ce stade, il y a tout un travail militant à effectuer , consistant à faire connaitre les livres de Madame Annie Lacroix-Riz, Viktor Zemskov et Grover Furr. Notamment leurs critiques méticuleuses des 100 millions de morts annoncés par Soljenitsyne et le caractère fallacieux du rapport Khrouchtchev. On a l’expérience avec les contre-chiffres du chômage et de la pauvreté, que nous avons élaborés en 2011-2012 : 6,5-9 millions de chômeurs et 15 millions de pauvres. Ensuite, on a eu de cesse de répéter ces vrais chiffres dans mes articles entre 2012 et aujourd’hui : de façon à ce qu’ils « aillent de soi », pour mon petit groupe des lecteurs et amis. De la même façon, il faut créer une critique routinisée pointant la fausseté de 100 millions de morts au Goulag, afin de convaincre les gens.
On parle d’expérience : le simple compte rendu des livres de Annie Lacroix-Riz, Furr et Zemskov, s’ils ouvrent une porte, une fenêtre, ne suffit pas, pour que les gens, comme par miracle, changent d’avis : alors qu’ils ont été matraqués de mensonges depuis 50 ans à ce sujet.