Comment l’entreprise psychologique, derrière le rapport Khrouchtchev, visant à désespérer les militants communistes, a réussi à s’imposer dans les têtes et dans les coeurs.
Article rédigé par Brigitte Bouzonnie le 13 juillet 2023
On le voit : les réactions sont très différentes selon les pays et les partis communistes invité aux XXème congrès. Elles sont aussi très différentes, selon la catégorie sociale concernée : le peuple reste relativement indifférent aux accusations de Khrouchtchev, tandis que les intellectuels parlent aussitôt de « crimes »(sic) qu’aurait commis Staline.
On voit aussi, comment, sur la base d’un texte très médiocre, non chiffré, non sourcé, le rapport Khrouchtchev est magnifié, porté aux nues par tous les anti communistes de la planète, à commencer par le Département d’Etat, la presse bourgeoise. Un politologue et universitaire américain comme Bertram Wolfe (1896-1977) anticommuniste de premier plan : à qui il fait le jeu, au-delà de tout espoir. Où ceux qui veulent prendre leurs distances avec Moscou comme Togliatti, par des critiques de droite au communisme.
Conclusion :
A ce stade, on sait aujourd’hui que Khrouchtchev a menti. Comme écrit Domenico Losurdo, philosophe marxiste italien, en préface de l’ouvrage de Grover Furr : ‘il (Grover Furr) a déjà démontré, sans l’ombre d’un doute, que comme le dit le titre de son ouvrage : « Krouchtchev a menti ». Le fait que l’auteur du « rapport secret » se soit comporté avec la vérité historique avec désinvolture et sans vergogne est aujourd’hui reconnu par une large historiographie. Mais désormais, les manipulations, ; les demi-vérités, es mensonges de Krouchtchev sont démontés les uns après les autres, et cela, avec une documentation difficilement contestable (…). Mais désormais, grâce au travail de Grover Furr, les historiens peuvent également s’atteler à cette tâche, finalement débarrassés du poids des légendes privées de tout fondement » (sic).
Mais ceci dit, on ne dira jamais assez l’ignoble perfidie du rapport Krouchtchev, qui a fonctionné comme un poison lent dans les têtes et dans les cœurs : démonétisant, décanillant, rayant de la carte du monde l’aventure communiste qualifiée de « mémoire défaite »(sic). « D’un passé qui ne passe pas »(sic) par l’historien Bernard Pudal, auteur d’ouvrages sur le parti communisme français et ancien militant communiste. Mais aussi, faisant sombrer dans l’amertume et la dépression, nombre de militants communistes et de gauche critique, à la fois déchirés devant ce qu’il appelle : « les victimes du communisme »(sic) et « la face d’ombre des régimes soviétiques »(sic) (cf Le communisme français, mémoires défaites et mémoires victorieuses depuis 1989. La France et son histoire. Enjeux politiques, controverses historiques, stratégies médiatiques, édition La découverte, 2008. Ne pouvant plus croire à une vraie idéologie de changement populaire de société. Le témoignage de Bernard Pudal montre le profond désarroi dans lequel l’a plongé la publication de cette falsification de l’histoire, hélas prise au premier degré.
Et Vittorio Foa d’écrire : « Ils étaient des millions dans le monde entier, et aussi en Italie, les hommes et les femmes qui se disaient communistes : permanents, militants, électeur, sympathisants. Maintenant ils sont en partie silencieux. Leur passé est effacé de la mémoire . Ce silence, je le ressens avec acuité, presqu’avec obsession »(sic) (cf Le silence communiste). Le sentiment de gâchis terrible créé par ce faux rapport ainsi que les supposés 100 millions de morts au goulag annoncé par Soljenitsyne.