Un « été du mécontentement » fait descendre le Peuple britannique dans la rue !
Début de l'article rédigé par Par Eric Albert (Londres, correspondance) du Monde du 12 août 2022
Transports, logistique, avocats… Le pays connaît sa vague de grèves la plus importante depuis des décennies.
La colère a fini par déborder, mercredi 3 août, dans l’entrepôt Amazon de Tilbury, à l’est de Londres, quand la direction a annoncé l’offre faite aux salariés : 35 pence (41 centimes d’euro) supplémentaires pour les manutentionnaires de base, portant leur salaire à 11,45 livres (13,55 euros) de l’heure. Soit 3 % d’augmentation, alors que l’inflation au Royaume-Uni a atteint 9,4 % en juin.
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Cette nouvelle a suscité l’émoi à la cantine d’entreprise. Des vidéos postées sur les réseaux sociaux montrent des cadres tentant d’apaiser le courroux ambiant. En vain. Une large partie des employés ont refusé de retourner à leur poste, ce qui a perturbé le fonctionnement de l’entrepôt pendant quarante-huit heures. La tension s’est propagée et des grèves sauvages ont brièvement atteint les sites de Coventry et de Bristol.
« Les gens sont dans des situations financières tellement tendues… Je vois tant de désespoir, explique Steve Garelick, représentant du syndicat GMB, qui suit la situation sur place. Alors, quand on leur propose 35 pence, bien sûr qu’ils sont en colère. » Il a remis une lettre au siège britannique du géant de l’e-commerce réclamant d’augmenter les salaires de base à 15 livres de l’heure. Amazon répond qu’il a « augmenté les salaires à un minimum compris entre 10,50 livres et 11,45 livres par heure, suivant les lieux, ce qui représente une hausse de 29 % depuis 2018 ».
Samedi 13 août, ce sera la quatrième fois depuis le 20 juin que le système ferroviaire est immobilisé
Le cas d’Amazon est symptomatique d’un mouvement de mécontentement social aussi large qu’inédit outre-Manche. Samedi 13 août, neuf compagnies de train – l’essentiel des trains britanniques – seront en grève. C’est la quatrième fois depuis le 20 juin que le système ferroviaire est immobilisé, deux syndicats alternant les débrayages. Ceux-ci ont également eu lieu dans les bus, le métro de Londres, certaines universités, des pubs, ainsi qu’à BT (anciennement British Telecom).
Même les avocats protestent depuis fin juin, faisant grève une semaine sur deux, afin d’obtenir une hausse des honoraires pour les dossiers commis d’office. « C’est l’été du mécontentement », estime M. Garelick, un terme qui fait écho à l’hiver du mécontentement de 1979, lorsque le pays était paralysé du fait d’arrêts de travail aussi bien dans les usines que du côté des éboueurs ou des fossoyeurs.
« Les syndicats ont été mis à genoux »
Ce n’est qu’un début. Les facteurs et les dockers ont annoncé des grèves pour le courant du mois d’août. Mardi 9 août, le Royal College of Nursing, le syndicat des infirmières, a, pour la première fois de son histoire plus que centenaire, recommandé à ses adhérents de cesser le travail, dans le cadre d’un mouvement qui devrait se dérouler en octobre. L’éducation nationale prépare aussi des actions sociales à l’automne.
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