Arlette Laguillier : "les travailleurs fabriquent tout dans la société. On aimeriat qu'ils la dirigent"
Excellente interview de Arlette Laguillier sur France Inter du 20 janvier 2024 par Charlene Vanhoenecker. Comme "Pouvoir au Peuple", Arlette demande le pouvoir à la base !
Charline Vanhoenacker reçoit l'ancienne porte-parole du parti trotskiste; Lutte Ouvrière, première femme à s'être présentée à l'élection présidentielle. C'était en 1974.
Arlette Laguiller a débuté sa carrière au Crédit lyonnais à seize ans. Leadeuse du parti Lutte Ouvrière, première femme candidate à la présidentielle, elle s’y est présentée six fois, elle est devenue une icône de la lutte des classes. Modeste, elle dit que ce sont ses idées qui sont populaires. Si elle devait prononcer un discours, commencerait-elle encore par « Travailleuses, travailleurs … » ? Oui ! Et même si le mot 'entrepreneur' est à la mode, elle pourrait entamer un discours avec ces mots, vu que, selon elle, les auto-entrepreneurs ne vivent pas mieux que les travailleuses et travailleurs.
Les auto-entrepreneurs, les prolétaires ou ouvriers d'ajourd'hui
Arlette Laguiller : « On raconte beaucoup de bêtises sur la disparition du prolétariat. Or, j'observe qu' actuellement toutes les grandes enseignes de mode sont en train de licencier des centaines de travailleurs et surtout des travailleuses d'ailleurs. On estime à peu près à 5 millions les ouvriers aujourd'hui, c'est beaucoup déjà. Et puis en plus, comme ils sont regroupés, ils sont une force qui s'exprime dans tous les pays. En réalité, on dit qu’en France, on fait toujours grève. Mais en Angleterre et en Allemagne, aussi, il y a des grèves. Les travailleurs fabriquent tout dans la société. Donc nous, ce qu'on voudrait, c’est qu’ils la dirigent ! Et même si leurs tâches prennent d’autres formes comme les livreurs à vélo, ou les personnes qui prennent soin des personnes âgées, ces travailleurs ont les mêmes soucis que les ouvriers. »
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Mai 1968
À écouter : Arlette Laguiller : "Je veux bien reconnaitre que j’ai mis un petit coup de pied dans la fourmilière"
Femmes puissantes
54 min
Arlette Laguiller : « On n'imagine pas le bien que 1968 a fait aux travailleurs et aux travailleuses**. On avait envie vraiment de changer les choses. Moi, je militais déjà depuis 1960, mais c'est cette grève qui m'a donné confiance dans la classe ouvrière et sur sa capacité à changer le monde.** Du jour au lendemain, j'ai vu des gens qui se parlaient pas, qui avaient leurs petits problèmes, et qui, d'un seul coup se trouvaient engagés ensemble pour la même chose. Et nous avons créé des comités de grève parce qu'il y avait des divisions entre les syndicats. »
Dans son mouvement, une égalité femmes-hommes
Arlette Laguiller : « On avait cette particularité à ce moment-là, d'essayer d'appliquer dans notre petite organisation l'égalité hommes femmes. Les femmes n'étaient pas celles qui servaient le café à la fin de la réunion. C'était elles qui causaient et écrivaient les tracts comme les hommes**. Mai 1968, c'est un peu la revanche des femmes avec toutes ces luttes pour la liberté de l'avortement...** »
À écouter : Le trotskisme
La suite est à écouter…