ALDOUS HUXLEY : LE MEILLEUR DES MONDES !
Présentation du livre rédigé par Aldous Huxley par les équipes de ELUCID du 25 novembre 2022
Dans son célèbre roman Le Meilleur des mondes (1932), Aldous Huxley plonge son lecteur dans un Londres futuriste, mêlant progrès scientifique et totalitarisme.
Il imagine une société capitaliste triomphante, arrivée à l’apogée de la mécanique de production et de consommation, mais portant en elle les germes du totalitarisme. Dans ce futur dystopique, Huxley nous montre un homme dénaturé, assimilé à une machine, fabriquée par d’autres hommes selon des standards prédéfinis.
Biographie de l’auteur
Aldous Huxley (1894-1963) est un grand romancier et un philosophe britannique. Parmi la cinquantaine d’ouvrages qu’il a écrits, son roman Le Meilleur des mondes (1932) est le plus connu. Il est également l’auteur de nombreux essais sur des sujets spirituels et autour du thème de l’humanisme. Nommé sept fois au Prix Nobel de littérature, il est considéré comme un grand intellectuel de son époque. Il dénonce le progrès technique, critique ouvertement les normes, les traditions et les idéaux de la société et se bat sans relâche contre les différentes formes de domination.
Avertissement : Ce document est une synthèse de l’ouvrage de référence susvisé, réalisé par les équipes d’Élucid ; il a vocation à retranscrire les grandes idées de cet ouvrage et n’a pas pour finalité de reproduire son contenu. Pour approfondir vos connaissances sur ce sujet, nous vous invitons à acheter l’ouvrage de référence chez votre libraire. La couverture, les images, le titre et autres informations relatives à l’ouvrage de référence susvisé restent la propriété de son éditeur.
Synthèse de l’ouvrage
Chapitre 1.
Dans le centre d’incubation et de conditionnement de Londres en l’an 632 après Ford, le directeur fait visiter à un groupe d’étudiants une usine qui produit des êtres humains et les conditionne pour le rôle qui leur est destiné au sein de l’État mondial. Il leur explique que les êtres humains ne donnent plus naissance : en lieu de la reproduction naturelle, des ovules sont artificiellement fécondés avant d’être incubés.
Au cours de l’opération, chaque fœtus est assigné à une classe particulière parmi les cinq castes que constituent Alpha, Bêta, Gamma, Delta et Epsilon. Pour les individus assignés aux trois dernières classes, le processus de Bokanovsky est appliqué : le développement du fœtus est enrayé afin de créer plusieurs clones à partir du même embryon. Ce processus permet d’assurer la stabilité sociale en créant des clones conditionnés pour effectuer des tâches répétitives et identiques. Les embryons Alpha et Bêta, en revanche, ne sont pas soumis à ce processus, qui peut les affaiblir.
Le directeur introduit ensuite Henry Foster, l’un des employés de l’usine qui leur explique la suite du processus de reproduction. Il s’agit d’imiter les conditions de l’utérus humain, en prenant en compte la période de gestation, mais aussi l’imitation des mouvements d’une femme enceinte. Foster explique également qu’au cours du processus de distinction entre les fœtus féminins et masculins, les fœtus de sexe féminin sont pour la plupart stérilisés empêchant de facto toute reproduction. Afin de garantir une faible intelligence ainsi qu’une petite taille, les fœtus des futures castes inférieures sont parfois privés d’oxygène et traités avec de l’alcool. « Tel est le but de tout conditionnement : faire aimer aux gens la destination sociale à laquelle ils ne peuvent échapper. »
Le directeur et Henry Foster présentent ensuite aux élèves Lenina Crowne, chargée de vacciner les fœtus contre la typhoïde et la maladie du sommeil. Cette dernière fréquente Henry en dehors du travail, ce qui satisfait le directeur.
Dans ce monde dystopique, dans lequel la science a pris le pas sur la nature et la procréation, l’utilisation des technologies par l’État mondial est un moyen de maintenir une stabilité, conduisant à mettre en place une organisation totalitaire.
Chapitre 2.
Le Directeur conduit le groupe d’élèves vers les Pouponnières. Les élèves observent un groupe de Bokanovsky composé de bébés de huit mois de la caste Delta, portant des vêtements de couleur kaki. Des infirmières offrent aux bébés des livres et des fleurs. Alors qu’ils s’apprêtent à jouer avec, des alarmes retentissent et ils reçoivent des petites décharges électriques. Quand les infirmiers posent à nouveau les livres et les fleurs dans les berceaux, les bébés se mettent à pleurer et gémissent de terreur. Le directeur explique que cette pratique permet de créer une haine instinctive des livres et des fleurs pour les individus de cette classe. En effet, cette hostilité pour les livres est inculquée aux basses classes avec pour objectif de les empêcher de perdre du temps à lire des livres qui pourraient les "déconditionner".
La création d’une haine des fleurs pour les classes inférieures est plus complexe. Initialement, explique le directeur, les Gammas, les Deltas et les Epsilons étaient conditionnés à aimer les fleurs et la nature de manière générale. L’idée était de les obliger à se rendre souvent à la campagne et à emprunter et payer les transports. Cependant, comme les plaisirs de la nature sont gratuits, ils ne consommaient rien d’autre que du transport. L’altération de leur sentiment vis-à-vis des fleurs est ainsi une pure question de politique économique. Pour accroître la consommation de biens, l’État mondial a décidé de limiter l’amour pour la nature. En outre, des sports pouvant être pratiqués dans la nature, mais nécessitant l’utilisation d’appareils sophistiqués ont été créés, ce qui force les castes inférieures à payer à la fois le transport et les produits manufacturés lorsqu’elles se rendent à la campagne pour des événements sportifs.
Le directeur accompagne ensuite les étudiants dans la salle des dortoirs. Dans cette salle, une voix enregistrée explique à chaque caste son rôle dans la société. Les enfants Alphas sont destinés à travailler plus que les autres ; on leur apprend à dénigrer l’intelligence des autres castes. La caste Beta, caractérisée par la fierté et le bonheur, travaille moins durement que les Alphas, car ces derniers les surpassent en intelligence ; les Betas sont toutefois supérieurs aux Gammas, Deltas et Epsilons. Le directeur explique que la leçon sera répétée cent vingt fois, trois fois par semaine, pendant trente mois afin que les enfants incorporent complètement les codes sociaux. L’hypnopédie inculque les distinctions fines et les préjugés pour lesquels les décharges électriques et les alarmes sont trop complexes. L’hypnopédie, conclut le directeur, est « la plus grande force moralisatrice et socialisante de tous les temps ».
Chapitre 3.
Alors que le directeur conduit les étudiants dans un jardin d’enfants, où ces derniers jouent nus, il est interrompu par un garçon qui sort en criant d’un buisson. Ce dernier n’accepte pas les jeux érotiques qui ont, depuis l’instauration de cette société nouvelle, remplacé les jeux traditionnels. Le directeur explique aux étudiants qu’autrefois, avant Ford, les jeux sexuels pendant l’enfance et l’adolescence étaient considérés comme des pratiques anormales et immorales.
Entre alors en scène l’Administrateur Mustapha Menier. Ce dernier explique aux étudiants la raison pour laquelle l’histoire n’est plus enseignée. « L’histoire c’est de la blague », dit-il, citant Ford. Il commence alors à décrire la vie à l’époque qui a précédé l’État mondial de Ford, avant que ce dernier n’ait commencé sa politique de contrôle strict de la reproduction, de l’éducation des enfants et des relations sociales. L’atmosphère est tendue. Le directeur est nerveux en raison de certaines rumeurs selon lesquelles l’administrateur détiendrait des textes historiques, politiques et religieux dans son bureau. Mustapha Menier rassure alors le directeur et lui certifie qu’il ne va pas corrompre les étudiants. Il conclut alors son discours, en louant les bienfaits de la stabilité, essence de la pérennité de la civilisation : avant l’existence de l’État Mondial, l’instabilité causée par les émotions fortes a entraîné des maladies, des guerres et des troubles sociaux qui ont causé des millions de morts et d’innombrables souffrances et misères. Pour remédier à cela, les scientifiques ont mis au point un médicament parfait permettant à tout le monde d’être heureux, le Soma.
Dans le même temps, Henry Foster et Lenina Crowne se dirigent chacun vers les vestiaires pour se préparer à leur rendez-vous. Sur le chemin, Henry croise Bernard Marx et, Lenina, Fanny Crowne. Cette dernière reproche à Lenina de ne fréquenter qu’Henry Foster depuis plusieurs mois. Elle lui conseille alors d’être plus libertine, comme l’État mondial le préconise. Lenina lui fait alors part de la proposition de rendez-vous de Bernard Marx, qui lui aurait proposé de l’emmener dans une Réserve de sauvages. Fanny la prévient alors de la mauvaise réputation de Bernard, à qui on aurait injecté de l’alcool dans le sang durant le processus de gestation. Malgré ces mises en garde de Fanny, Lenina désire fortement se rendre dans une réserve, et accepte l’invitation de Bernard.
Bernard Marx hait le fonctionnement de l’État, en majeure partie parce qu’il en est isolé. Il se présente comme un rebelle. Cependant, cette rébellion n’est pas une objection idéologique, mais le fruit du ressentiment contre une société de laquelle il est exclu.
Chapitre 4.
Lenina annonce à Bernard qu’elle accepte de l’accompagner à la réserve des sauvages, avant de rejoindre Henry Foster pour leur rendez-vous. Au cours de celui-ci, ils s’envolent dans l’hélicoptère d’Henry et profitent paisiblement de la vue. Dans le même temps, Bernard est agacé de l’attitude de Lenina, trop respectueuse des injonctions étatiques. Il s’en va alors rendre visite à son ami Helmholtz Watson, ingénieur en émotion, qualifié « d’un peu trop capable » par ses supérieurs. À l’image de Bernard Marx, il a une plus grande conscience de son individualité. Cependant, alors que Bernard est trop petit et étrange dans sa caste, Helmholtz est, au contraire, trop parfait. Son succès avec les femmes, sa carrière brillante l’amènent à croire qu’il doit y avoir quelque chose de plus fort dans la vie. Il parle à Bernard parce que celui-ci partage son aversion pour le système, mais il est conscient que l’aversion de Bernard a un fondement différent du sien.
Une fois ensemble, Bernard annonce que Lenina a accepté son invitation et s’en vante. Mais, Helmholtz se montre peu intéressé. Il craint que son talent d’écrivain soit utilisé pour un dessein autre que celui des phrases hypnopédiques. Son travail lui donne un sentiment de vide et d’insatisfaction.
Persuadé que quelqu’un les écoute à la porte, Bernard devient nerveux. Il est tout à fait conscient des conséquences potentiellement graves de leurs croyances hérétiques – nouvelle preuve qu’il n’est pas un rebelle politique, mais un inadapté social qui ne cherche à changer la société que pour s’y intégrer.
Chapitre 5.
Henry et Lenina profitent de leur journée en s’adonnant aux pratiques classiques d’individus de l’État mondial. Ils participent à une partie de golf avant de se rendre au cabaret de l’abbaye de Westminster. Ils passent l’intégralité de la journée sous l’effet du Soma. Ils en consomment une telle quantité, qu’ils ne semblent pas conscients du monde qui les entoure, attitude habituelle pour les habitants de Londres.
Bernard est moins à l’aise avec ces pratiques. Il est forcé, un jeudi sur deux, de participer à une réception aux offices de solidarités. Les douze participants conviés, 6 femmes, 6 hommes, ont pour objectif de « se rapprocher, de se fondre, de perdre en un être plus grand leurs douze identités distinctes ». L’orgie laisse Bernard plus isolé que jamais.
Chapitre 6.
Avant leur voyage dans la réserve, Bernard accepte de partir en week-end à Amsterdam avec Lenina. Durant ce week-end, il refuse de consommer du Soma, préférant rester « lui-même, lui-même et désagréable et non un autre, quelque gai qu’il soit ». Sur le chemin du retour, il propose à Lenina de s’arrêter au-dessus de la Manche pour être « ensemble… sans rien d’autre que la lune et nous » – geste que Lenina ne comprend pas. Finalement, il se résigne, accepte de rentrer chez lui pour prendre du Soma et faire l’amour avec elle. Le lendemain, Bernard est pris de remords. Il aurait préféré ne pas coucher avec Lenina le premier soir. Lenina, de son côté, est inquiète du comportement de Bernard qu’elle considère être « incompréhensible et dangereux ».
Après cet épisode, Bernard se rend dans le bureau du directeur afin d’obtenir l’autorisation de visiter la Réserve. En donnant son autorisation, le directeur lui explique qu’il a, lui aussi, visité cette réserve vingt ans auparavant, avec une femme. Il poursuit en racontant comment cette dernière s’est perdue dans une tempête et a disparu. Le directeur se rend alors compte qu’il en avait trop dit sur sa vie et change de sujet. Il critique le comportement antisocial de Bernard tout en le menaçant de l’exiler en Islande. Bernard se sent revigoré d’être considéré comme un rebelle.
Lenina et Bernard se rendent ensuite, comme prévu, à la Réserve. Alors qu’ils se présentent au directeur pour obtenir une signature, ce dernier se lance dans un long discours, énumérant de nombreux faits sur l’endroit. Bernard se souvient soudain qu’il a laissé le robinet d’odeur ouvert dans son appartement, oubli qui pourrait lui coûter très cher. Lorsque l’interminable discours du directeur prend fin, il appelle Helmholtz pour lui demander de fermer le robinet pour lui. Cependant, Helmholtz lui apprend que le directeur a l’intention de mettre à exécution sa menace et de l’exiler en Islande. Bernard n’est plus fier d’être rebelle. Il est effrayé par la perspective de l’exil. Lenina le persuade de prendre du Soma.
Chapitre 7.
À la réserve, Lenina et Bernard assistent à une fête communautaire. La cérémonie est un sacrifice : un homme est fouetté jusqu’au sang avant de s’effondrer, mort. Cela choque profondément Lenina qui ne peut retenir ses larmes. Elle regrette de ne pas pouvoir prendre de Soma.
John, un beau jeune homme blond en costume indien, surprend alors Lenina et Bernard en parlant parfaitement l’anglais. Il explique que sa mère, Linda, est venue d’en dehors de la réserve. Lors d’une visite dans la réserve au cours de laquelle elle s’est blessée, les villageois l’ont secourue et amenée à leur village où elle vit depuis. Son père, également originaire de l’État mondial, s’appellerait Tomakin. Bernard fait alors le rapprochement avec le directeur. Tomakin ne serait autre que Thomas, le directeur. Il garde néanmoins le silence.
John présente Lenina et Bernard à sa mère, Linda. Elle est ridée, en surpoids et sans dents. Elle répugne Lenina. Linda explique que John est né parce que ses contraceptifs n’avaient pas fait effet. Elle ne pouvait avorter dans la réserve et avait trop honte de retourner dans l’État Mondial avec un bébé. Linda explique ensuite qu’en arrivant au village indien, elle a continué à vivre selon les conditionnements de l’État mondial, couchant avec tous les hommes qui lui plaisaient. Cependant, certaines femmes l’ont battue parce qu’elles prenaient leurs hommes au lit.
Chapitre 8.
John explique à Bernard qu’il avait grandi en écoutant Linda lui raconter la vie dans l’État mondial. Cependant, il se sent isolé et rejeté, en partie parce que sa mère couchait avec beaucoup d’hommes de la réserve. Il n’avait jamais été réellement accepté par les autres. En outre, sa mère était devenue alcoolique après qu’un de ses amants, Pope, lui ait fait goûter à l’alcool. Dans le même temps, bien qu’il lui soit interdit de participer aux cérémonies indiennes, John s’était imprégné de la culture qui l’entoure. Sa mère lui apprit également à lire et, ainsi, lorsque Pope apporta chez Linda les œuvres complètes de Shakespeare, John les lut et relut au point d’en mémoriser certains passages.
Bernard demande à John s’il aimerait rentrer à Londres avec lui. Il a une idée en tête : mettre le directeur dans l’embarras face à sa progéniture. John accepte la proposition, mais souhaite que sa mère l’accompagne. Bernard accepte alors d’en faire la demande.
John cite un vers de La Tempête pour exprimer sa joie de pouvoir enfin voir l’autre monde dont il avait entendu parler dans son enfance « Ô nouveau monde admirable, qui contient des gens pareils ! ». En rougissant, il demande si Bernard est marié à Lenina. Bernard rit et répond que ce n’est certainement pas le cas. Il conseille également à John d’attendre de voir l’État mondial avant d’en être enchanté.
Chapitre 9.
Lenina, dégoûtée par la Réserve, prend suffisamment de Soma pour perdre connaissance. Pendant ce temps, Bernard s’envole pour Santa Fé afin de rencontrer Mustapha Menier et le convaincre de sortir Linda et John de la réserve. Menier convient que John et Linda constituent un objet d’intérêt scientifique pour l’État mondial. Il demande à Bernard de se rendre chez le directeur de la réserve pour obtenir l’ordre de lui confier les deux individus.
Pendant ce temps, craignant que Bernard et Lenina soient partis sans lui, John s’introduit dans la cabane dans laquelle Lenina était toujours sous l’effet du Soma. Il fouille dans ses affaires avant de la trouver évanouie sur le lit. Il la regarde et la désire. Il a envie de la toucher, mais, suivant les principes qu’il a appris parmi les "sauvages", il se retient de peur de souiller la jeune femme. Ce n’est que lorsque l’hélicoptère de Bernard s’approche que John s’enfuit de la maison.
Chapitre 10.
Le directeur des Pouponnières annonce à Henry qu’il a l’intention de licencier Bernard devant des dizaines d’ouvriers de haute caste pour faire de lui un exemple public. Il explique que le comportement peu orthodoxe de Bernard menace la stabilité sociale. Le sacrifice d’un individu pour le bien de la société n’est pas une grande perte puisque la couveuse peut produire des dizaines de nouveaux bébés.
Lorsque Bernard arrive, le directeur le déclare "hérétique" parce qu’il refuse de satisfaire ses propres désirs. Il annonce à Bernard qu’il sera transféré en Islande. Bernard présente alors John et Linda et cette dernière l’accuse de l’avoir obligée à avoir un bébé. John tombe au pied du directeur et crie : "Mon père !". Les ouvriers éclatent de rire et le directeur quitte la pièce en courant.
La volonté de Bernard d’utiliser John et Linda pour son propre bénéfice contribue à le dépeindre comme quelqu’un prêt à tout pour gagner un statut social. En présentant Linda et John au directeur devant les travailleurs, il parvient non seulement à sauver sa propre position, mais aussi à attaquer le directeur.
Chapitre 11.
Peu après, le directeur démissionne ce qui permet à Bernard de conserver son emploi. John, surnommé "le Sauvage", devient une personnalité de premier plan pour les Alphas et Bêtas. Cet intérêt pour John augmente la popularité de Bernard qui, depuis l’arrivée du "Sauvage", a fait de ce dernier son protégé. Linda, de son côté, est constamment sous l’emprise du Soma, personne dans l’État mondial ne s’intéressant à elle. C’est Bernard seul qui profite de la popularité de John. Bernard abandonne ses idées rebelles et profite pleinement des avantages dont il jouit dans une société qui l’accepte enfin. Il rompt alors avec Helmholtz, qui, lui, n’a pas changé sa vision de la société et constitue ainsi une menace pour la réputation de Bernard.
Alors que John poursuit la découverte de ce « nouveau monde », il est particulièrement mal à l’aise face au conformisme et au processus de gestation. Il continue de rendre visite à sa mère, et, voyant les effets du Soma sur elle, refuse de consommer la drogue.
Parallèlement, Bernard écrit à Menier pour lui faire savoir que John est déçu de leur mode de vie, loin d’être aussi idéal qu’on lui avait décrit. Dans cette lettre, Bernard, enivré par son succès, se permet de faire un « cours d’ordre social » à Menier, ce qui déplaît fortement à l’administrateur. Ce dernier entreprend alors de donner une leçon à Bernard.
Le soir même, Lenina, qui n’est pas indifférente aux avances de John, obtient l’autorisation par Bernard de l’emmener au cinéma. Elle l’emmène voir un film intitulé Trois semaines en hélicoptère, qui raconte l’histoire d’un homme noir qui kidnappe une femme blonde Bêta-Plus pour son propre plaisir. John détesta le film, mais continua de cultiver sa passion pour Lenina. Toutefois, il refusa l’invitation de cette dernière à se rendre chez elle préférant retourner dans sa chambre pour lire Othello.
Chapitre 12.
Bernard organise une grande fête avec des personnages importants, leur promettant de rencontrer le Sauvage. Mais lorsque les convives arrivent, John refuse de quitter sa chambre et Bernard se retrouve humilié devant ses invités. Il retrouve la place qu’il occupait auparavant, celle d’un individu isolé et insignifiant. Il cherche donc à se rapprocher à nouveau d’Helmholtz.
Helmholtz a eu des problèmes en lisant des vers peu orthodoxes aux étudiants de l’université. Mais, il était très heureux de trouver enfin sa propre voie. De plus, il a immédiatement apprécié sa rencontre avec John, avec lequel il partage la même passion pour la poésie et les lettres. Cette situation rend Bernard jaloux qui n’apprécie pas la proximité entre eux. Plus tard, John lit des passages de Shakespeare à Helmholtz ce qui fascine Helmholtz. Cependant, lorsqu’il lui explique la relation entre Roméo et Juliette et entre Juliette et ses parents, Helmholtz ne peut s’empêcher de rire et de trouver l’histoire absurde. Même pour Helmholtz, les concepts d’amour et de famille sont inconnus et incompréhensibles. Cette réaction blesse John, qui transpose la relation de Roméo et Juliette sur celle qu’il entretient avec Lenina.
Chapitre 13.
Lenina, obsédée par John, souhaite ardemment coucher avec lui. Son amie Fanny lui déconseille de se focaliser sur un seul homme et l’encourage à trouver quelqu’un d’autre pour se changer les idées. Cependant, elle lui répond qu’elle ne désire que John. Elle décide alors de prendre du Soma et de se rendre chez John pour le séduire. Alors qu’elle arrive chez lui, John lui fait une déclaration d’amour en citant Shakespeare. Lenina ne partage pas la même forme de désir. Elle est horrifiée à l’idée de passer le restant de ses jours avec la même personne. Elle cherche malgré tout à assouvir son désir. Elle s’approche de John, retire ses vêtements et se frotte à lui. Cependant, le désir sexuel de Lenina dégoûte John. Furieux, il l’insulte et finit par la gifler. Elle s’enferme dans la salle de bains pour se protéger de lui, et ce n’est que lorsqu’il est appelé au téléphone et qu’il quitte la chambre que Lenina s’enfuit et rentre chez elle.
Déçu de voir détruite l’image de pureté qu’il se faisait de Lenina, John se réfugie dans la lecture d’Othello. Comme Othello, il oscille entre deux extrêmes : voir sa bien-aimée comme une statue chaste, ou comme une putain.
Chapitre 14.
L’appel qu’il avait reçu était en provenance de l’hôpital pour mourants : sa mère Linda était sur le point de mourir. Lorsqu’il arrive à l’hôpital, il demande immédiatement à voir sa mère, terme qui met l’infirmière mal à l’aise.
John, en larmes, s’assied aux côtés de sa mère et essaie de se souvenir des bons moments qu’ils ont passés ensemble. Une troupe de garçons Bokanovsky de huit ans se rassemble autour de Linda, lui demandant pourquoi elle est si grosse et si laide. John frappe alors un des enfants d’énervement. Lorsque Linda s’éteint, il sanglote de façon incontrôlable tandis que l’infirmière s’inquiète pour les enfants.
Chapitre 15.
À l’hôpital, John rencontre deux groupes de jumeaux Delta qui viennent chercher leurs rations de Soma après leur service. John leur crie d’arrêter de prendre ce poison destiné à les asservir. Il leur demande de choisir la liberté ! L’homme qui distribue le Soma appelle Bernard, chez lui. Helmholtz répond au téléphone et transmet à Bernard la nouvelle des déclarations de John. Ils se précipitent ensemble à l’hôpital.
Pendant ce temps, les visages incompréhensifs des travailleurs Deltas ont rendu John furieux. Il jette les rations de Soma par la fenêtre. Face à cela, les Deltas se précipitent sur lui. Helmholtz, qui vient d’arriver, se jette dans la mêlée pour défendre John. Bernard est quant à lui hésitant. Il sait que John et Helmholtz pourraient être tués s’il ne les aide pas, mais il craint d’être tué en essayant de les aider. La police arrive et pulvérise de la vapeur de Soma pour calmer la situation. Très vite, les Deltas pleurent, s’embrassent et s’excusent. Ils récupèrent finalement leurs rations de Soma. Dans le même temps, la police demande à Helmholtz et John de les suivre. Bernard essaie quant à lui de fuir, mais il se fait voir par les policiers et rejoint finalement ses deux camarades.
La tentative de John de pousser les travailleurs du Delta à la rébellion en jetant leur Soma symbolise sa lutte contre le bonheur comme but ultime.
Chapitre 16.
La police laisse Bernard, Helmholtz et John dans le bureau de Mustapha Menier. Menier arrive et s’adresse à John : « Vous n’aimez donc pas beaucoup la civilisation. » John acquiesce, mais rétorque qu’il aime certaines choses, comme le son de la musique. Menier lui répond par une citation de La Tempête de Shakespeare : « Parfois, un millier d’instruments vrombissent à mes oreilles, parfois des voix. » John est agréablement surpris de constater que Menier a lu Shakespeare.
Menier lui indique que Shakespeare est un texte interdit. Il poursuit son explication. La littérature de manière générale est proscrite dans l’État mondial pour plusieurs raisons. D’abord, les belles choses ont tendance à durer ; les gens continuent à les aimer en vieillissant. Or, une société fondée sur le consumérisme, comme l’État mondial, a besoin de citoyens qui veulent perpétuellement consommer de nouvelles choses. La nouveauté est donc plus importante que la valeur intrinsèque, et le grand art doit être supprimé pour faire place à la nouveauté. En second lieu, les citoyens de l’État Mondial ne seraient pas en mesure de comprendre Shakespeare, car les histoires qu’il écrit sont basées sur des expériences et des passions qui n’existent pas dans l’État Mondial. Les grandes luttes et les émotions fortes ont été sacrifiées en faveur de la stabilité sociale. Elles ont été remplacées par ce que Menier appelle le "bonheur", par lequel il entend la satisfaction infantile des appétits.
John est enclin à penser que cette forme de bonheur crée des êtres humains monstrueux et repoussants. Il interpelle l’administrateur en lui demandant si les citoyens ne pourraient pas au moins tous être créés comme des Alphas. Menier répond que l’État mondial doit avoir des citoyens qui seront heureux de remplir les fonctions qui leur ont été assignées. Pour garantir leur bonheur, ces individus chargés d’effectuer les tâches les plus ingrates doivent être dégradés et rendus stupides.
La science et la technologie ont également dû être supprimées pour créer une société heureuse et stable. C’est particulièrement ironique, car on apprend aux citoyens de l’État Mondial à vénérer la science comme l’une de leurs valeurs les plus fondamentales. Cependant, aucun d’entre eux ne possède une formation scientifique, de sorte qu’ils ne savent même pas ce qu’est la science. Menier n’explique pas ce qu’elle est, mais fait des allusions à sa propre carrière de jeune scientifique qui s’est attiré des problèmes en remettant en question la sagesse et la stabilité de l’État mondial. Autrement dit, la science, au sens de la recherche de la vérité, n’est pas acceptable au sein de l’État mondial, car elle nuirait au bonheur.
Menier annonce ensuite à Helmholtz et Bernard qu’ils seraient exilés. Bernard a commencé à le supplier de changer d’avis. Les trois hommes lui administrent alors du Soma pour le faire dormir. Menier explique alors à Helmholtz que Bernard ne se rendait pas compte de la chance qu’il avait de se rendre dans les îles. Elles regorgent des personnes les plus intéressantes du monde, qui n’ont pas trouvé leur place dans les communautés des pays de l’État mondial. Menier se dit presque jaloux de leur position. Helmholtz se permet alors de lui demander, pourquoi il ne choisit pas lui-même l’exil. L’administrateur lui explique qu’il préfère le travail qu’il fait en gérant le bonheur des autres.
Chapitre 17.
John et Mustapha Menier poursuivent leur discussion alors qu’Helmholtz retrouve Bernard. Ils discutent des expériences religieuses, qui ont également été supprimées de la société de l’État mondial. Menier montre à John sa collection d’écrits religieux interdits et soutient que la religion dans une société comme celle édictée par l’État mondial ne peut être viable. Les citoyens n’ont pas besoin de croire en quoi que ce soit puisqu’ils sont conditionnés et prennent leur Soma pour être heureux. Si, par accident, quelque chose de négatif se produit, le Soma permet d’oublier et de ressentir du plaisir et de la joie. Dans l’État mondial, le Soma permet un « christianisme sans larmes », explique Menier.
John proteste. Selon lui, si les habitants de l’État Mondial croyaient en Dieu, ils seraient chastes et n’agiraient pas comme des enfants. John ne comprend pas que les citoyens de l’État mondial ne sont pas sans valeur. Leurs valeurs sont seulement différentes des siennes : là où John veut Dieu, la poésie, le vrai et la liberté, les habitants de l’État mondial préfèrent croire à une existence dirigée par le bonheur, grâce au conditionnement et au Soma.
Chapitre 18.
Bernard et Helmholtz disent au revoir à John avant de s’exiler. John souhaite accompagner ses deux amis dans les îles, mais Menier refuse, car il souhaite poursuivre l’acclimatation du Sauvage à la société. John, dégoûté de la civilisation, quitte Londres pour vivre dans la campagne anglaise, là où personne ne vit puisqu’il n’y a rien à consommer. Il cultive son propre jardin et pratique les rituels qu’il avait appris dans la réserve, cherchant à se purger de la civilisation. Il redevient alors le sauvage que l’on avait connu au début du roman.
Au début de sa retraite, John est seul et n’a aucun contact avec la civilisation, jusqu’à ce que des journalistes le retrouvent. Au harcèlement des journalistes, s’ajoute le souvenir douloureux de Lenina. Cette dernière rend visite à John, et, malheureusement, leur entrevue se conclut à nouveau par des insultes de la part de John. Peu après, le Sauvage est retrouvé pendu.
*