ALAIN BADIOU : "A LA RECHERCHE DU REEL PERDU...!"
Compte rendu du livre très intelligent rédigé par Alain Badiou : " A la recherche du réel perdu", édition Fayard, 2015. 2°)- Article :
1°)- Brigitte Bouzonnie : Ce matin, dans mon billet sur Serge July, je parlai de l'ouvrage d'Alain Badiou : "A la recherche du réel perdu", Fayard, 2015. L'occasion pour moi de reposte le compte rendu de ce livre très intelligent.
2°)- Article :
Je trouve ce livre extraordinaire. Je vous le recommande tout particulièrement : il s'agit de l'ouvrage d'Alain BADIOU : "A la recherche du réel perdu", édition ouvertures- Fayard, 2015. Tout comme dans son excellent livre "Eloge de l'amour", chez Champs-Flammarion, 2008, et ce qui est épatant avec BADIOU, c'est qu'il est très riche, foisonnant : il aborde mille sujets politiques, en plus de parler très sérieusement, ici du Réel, là, de l'Amour...
1°)-Petite présentation du livre d'Alain BADIOU :
1.1°)- L'auteur parle d'une phrase de LACAN : "Le réel est l'impasse de la formalisation". Ainsi le réel en arithmétique exige qu'on admette une infinité sous-jacente, qui fonde le réel en calcul : le nombre l'INFINI est la réalité sous-jacente d'un calcul fini, précis.
1.2°)- Le réel d'une image ciné, c'est ce qui est HORS CHAMP. Le hors champ est ce qui est impossible à filmer, le hors champ est l'infini de l'image cinématographique.
1.3°)-Le Réel en politique, c'est ce point rejeté dans l'impossibilité latente de son pouvoir réel. MARX dit : " le réel de la politique révolutionnaire, c'est le dépérissement de l'Etat"'. Dans le champ politique, le hors champ, c'est ce qui est hors Etat, ce qui n'est pas sous la contrainte de l 'Etat. LE REEL EN POLITIQUE, C'EST LE DEPERISSEMENT DE L'ETAT, C'EST L'IDEE DE COMMUNISME....!
L'Etat n'est jamais que la finitude calculable de la politique, dont le communisme est en quelque sorte le nombre infini.
Pour faire advenir le réel, le communisme, il faut détruire la puissance de la première formalisation, celle de l'Etat. La Politique c'est l'art de l'impossible, l'art de faire advenir le hors champ dans le champ, le non Etat dans la politique limitée à l'Etat.
Le réel du capitalisme c'est l'EGALITE...
PASOLINI, dans un de ses poèmes, soutient que l'Histoire est finie, achevée. Qu'elle va se diviser, se défaire à l'épreuve du Réel. Le Réel n'est pas du tout ce qui structure notre vie quotidienne, c'est NOTRE LOINTAIN SECRET. PASOLINI, en tant que dirigeant communiste a voulu rendre possible l'impossible communiste. Or, dans notre société actuelle on se croit protégé du REEL (de la Révolution communiste). Tant le SEMBLANT a pris la place du REEL. Le monde décrit par PASOLINI dans son poème, est un monde orphelin de GRAMSCI, qui a déserte toute vocation à faire advenir le Reel (le Communisme) dans l'Histoire.
On a remplacé la vie par la survie, le réel par le divertissement des classes moyennes boboïsées. La vie est désorientée par l'absence de Vérité. Ce qui règle le monde, c'est le CONSENTEMENT qu'il en soit ainsi, sans Révolution. C'est "l'humble corruption" de chacun, pour reprendre le mot de BADIOU.
Une vie, abritée de tout réel, idée du Communisme, continue, perdure. Les gens s'installent dans l'existence, gèrent cette humble corruption. Renoncent à tort. LA SUBJECTIVITE DU RENONCEMENT S' IMPOSE...
En 1917, l'Histoire allait accoucher d'un monde nouveau, qui serait le réel du monde ancien. Il y a un héroïsme à affirmer que l'impossible existe. La petite jouissance de la classe moyenne exige que rien d'héroïque n'arrive ....
Le Réel ne sera découvert que si on pense que l'Histoire travaille pour nous. Il faut cesser de penser que l'Histoire a un sens : que par un seul effet de l'infrastructure, comme si on était sur pilote automatique, on va avoir la Révolution et tout et tout...!
Il faut également se soustraire à la propagande capitalo-parlementariste actuelle, à ce totalitarisme bestial. IL FAUT FAIRE UN BILAN CRITIQUE DU RENONCEMENT AUX IDEOLOGIES COMMUNISTES DEPUIS 35 ANS...l Et BADIOU de dire : "Nous ne pouvons pas souffler dans les mêmes trompettes que nos adversaires...! On ne peut pas accepter que tout soit jeté aux orties..!"
L'Histoire ne travaille pas toujours à l'émancipation de l'Humanité : il faut faire le deuil d'une historicité favorable. Pour PASOLINI, renoncer à une historicité favorable c'est terrible. Pas pour BADIOU.
2°)- Petits commentaires perso :
Ce que je retiens de l'ouvrage de BADIOU, c'est qu'il faut faire le deuil, l'examen critique d'une société sans idéologie, comme nous la vivons depuis Giscard. Société sans idéologie qui ne véhicule que la petite joie de la marchandise. Et dire aux gens : " voyez : on a renoncé aux " lendemains qui chantent", à l'idée de "Révolution" : mais la société que l'on a mise à la place est cent mille fois PIRE, car elle est totalement sans espoir d'une société nouvelle plus juste, proposant aux femmes et aux hommes de diriger ce pays. Et une vie décente aux 15 millions de pauvres que compte la société française. Et pas 9 millions comme le disait hier encore JLM sur France 3.
Il faut rompre avec LA SUBJECTIVITE DU RENONCEMENT QUI S' IMPOSE dans toutes les classes sociales....Y compris chez les militants de la France Insoumise, et leur programme PS bis. Une chose est de critiquer Mélenchon dans ses trahisons en 2017, sa “macron compatibilité” e néchange de l’argent au titre du financement de la vie politique. Une autre est de renoncer à TOUT projet politique alternatif...
Sans comprendre que ces désabusés/désabusants participent directement de l'idéologie dominante d'être goguenard(e), amertumés sur tout, c'est très "chic", très "tendance" dans les diners en ville, désabusés surtout sur tous LES REVES, les UTOPIES REVOLUTIONNAIRES de société meilleure d'émancipation des classes populaires...Ce sont les premiers manipulés par Macron et ses potes, pour qui ils font le jeu au delà de tout espoir....
Avec Macron, on a remplacé la vie par la survie. Idem pour les bobocrates de la FI, qui ont abandonné toute perspective de changement social et politique majeur, au profit de gadgets hilarants comme la “France non alignée” (sic) de Quatennens, sans sortir du corset européen). Ou la “désobéissance ponctuelle aux traités européens”(sic) de Mélenchon : là encore sans sortir véritablement de la dictature de Bruxelles. Il faut rompre avec la subjectivité du renoncement.
Comme on disait dans les années 70 :
ON A RAISON DE SE REVOLTER !