Affaire Bouhafs : règlements de comptes à la France Insoumise !
Article rédigé le 13 mai 2022 par Régis de Castelnau pour son blog Vu du droit
L’affaire concernant Taha Bouhafs qui vient de faire irruption dans l’espace médiatique raconte un certain nombre de choses qui ne sont pas très reluisantes concernant la « gauche culturelle » dans son rapport aux questions de l’immigration, de l’islam et des couches populaires.
L’auteur de ces lignes considère depuis déjà un moment Taha Bouhafs comme un petit excité peu recommandable. Et concernant le racisme et l’antisémitisme, il est quand même très souvent limite, voire carrément au-delà de la limite. On rappelle son parachutage triomphal dans une circonscription de la banlieue lyonnaise, histoire de capitaliser sur le vote des quartiers immigrés obtenus par Jean-Luc Mélenchon au premier tour de la présidentielle.
Aussi, lorsque l’on a appris, à la lecture le 10 mai au matin d’une lettre pleurnicheuse, qu’il renonçait au parachutage offert par LFI à Vénissieux, on pouvait être surpris. Le motif avancé était celui de la violence d’une campagne « raciste » qu’il aurait subie. Taha Bouhafs est incontestablement quelqu’un de combatif, pas grand-chose ne l’arrête, et en matière de harcèlement médiatique, c’est un pratiquant assidu.
Immédiatement, tout le petit monde représentatif de la petite bourgeoisie, les politiques, les universitaires, les people, les journalistes se sont précipités pour hurler au racisme et à la méchanceté à lui infligée parce qu’il était arabe, que le peuple français n’était qu’un ramassis de racistes indécrottables. Il ne manquait personne parmi les belles âmes pour participer à la clameur.
Il y avait pourtant lieu d’être surpris de cette défaillance, avancée pour motiver ce retrait.
Parce que la prétendue « tempête de merde » que lui et ses amis montaient en épingle apparaissait bien moindre que celle dont Mila ou plus récemment Coralie Dubost ont fait les frais. Ensuite, l’auteur de ces lignes ayant bien connu André Gérin, solide communiste old school et ancien maire de Vénissieux, et Michèle Picard qui lui a succédé ayant décidé de maintenir sa candidature, on voyait bien Bouhafs subir une défaite humiliante. Et on pouvait donc en conclure que c’était la crainte de la déconfiture qui l’avait fait renoncer.
Eh bien, pas du tout !
L’attention a d’abord été attirée par une épidémie de suppression des tweets de soutien qui avait déferlé sur le réseau après l’annonce de son retrait.
On a appris dans les colonnes de Mediapart, délateur habituel, qu’il était accusé par plusieurs plaignantes de harcèlement et de violences sexuelles. Immédiatement, nouvel incendie sur les réseaux. Les « droitards », à qui il ne faut pas trop en demander, buvaient du petit lait. Chez les petits-bourgeois, c’était la volée de moineaux. Il fallait les voir se précipiter pour effacer leurs tweets de soutien et les remplacer par des proclamations féministes en acier. Une superbe leçon de veulerie et de lâcheté.
Parce que finalement on en apprenait de belles. C’est la direction de LFI qui a décidé dès le samedi 7 mai de débrancher son candidat, et qui a mis en scène le retrait du 10 mai pour cause de « lynchage raciste » insupportable. La rédaction de la lettre publiée par Bouhafs n’est évidemment pas de lui. Par conséquent, toutes les déclarations la main sur le cœur des dirigeants « insoumis » tonnant contre cet horrible lynchage étaient autant de mensonges. Le voile a cependant fini de se déchirer et il a bien fallu mettre en place une nouvelle communication fondée sur les éléments suivants : LFI est irréprochable en matière de féminisme puisqu’elle a une cellule d’enquête interne pour traiter les questions relatives aux infractions sexuelles, et celle-ci est saisie. La campagne contre la candidature Bouhafs n’était quand même que du racisme dégoûtant.
Il se trouve que, probablement involontairement, Clémentine Autain a jeté un froid en publiant une vidéo dans laquelle elle raconte, que bien que ne faisant pas partie de la cellule d’enquête, elle a elle aussi été saisie par les plaignantes. Elle dit explicitement : « Nous n’avons jamais été confrontés à des éléments d’une telle gravité ». Et indique qu’elle a été elle-même « bouleversée ». Même s’il faut être prudent avec les rumeurs et les informations obtenues sous le sceau de la confidence, à partir bien sûr d’informations fragmentaires, on peut faire une triple constatation. D’abord, il semble bien que le dossier Bouhafs soit loin de sonner creux. Et la débandade de toutes les élites petites-bourgeoises qui s’étaient précipitées pour le défendre en hurlant au racisme après l’annonce de son renoncement était bien due au poids des accusations. Ensuite, il apparaît que dans l’entourage du groupe dirigeant du mouvement gazeux, tout le monde savait à quoi s’en tenir et depuis déjà un bon moment. Enfin, Jean-Luc Mélenchon et ses équipes se sont livrées à une manipulation passablement sordide. Ils ont pris la décision de débrancher Bouhafs et ont prétendu que c’était la sienne propre, motivée par la campagne « raciste » contre lui. Tous ceux qui de bonne foi s’étaient précipités pour le soutenir ont dû battre piteusement en retraite. On imagine qu’ils ont dû être ravi de s’être ainsi fait avoir.
Alors, il faut rappeler à Madame Autain qu’en tant que députée, elle est agent public au sens de l’article 40 du Code de procédure pénale. Et par conséquent, puisqu’elle a recueilli les confidences des « plaignantes » (que juridiquement on ne peut pas encore qualifier de « victimes »), ELLE EST TENUE d’informer immédiatement le parquet des faits portés à sa connaissance. Qui si l’on comprend bien sont susceptibles de recevoir des qualifications pénales. Le fait qu’elle s’en abstienne pour s’en remettre exclusivement à une « instruction interne » fait peser sur celle-ci le lourd soupçon de vouloir laver le linge sale en famille. Avec le risque de pressions sur les plaignantes au nom de l’intérêt politique. Il existe des procédures judiciaires qui permettent le libre débat contradictoire, constituant une garantie, pour le mis en cause et aussi pour les plaignantes, d’être entendus et d’aboutir à une vérité judiciaire.
Il y a aussi ce que rappelle cette affaire : le goût des élites petites-bourgeoises pour les racailles – comme on a pu le voir avec les affaires Medhi Meklat, Ladj Ly ou avec la complaisance vis-à-vis du gang Traoré. Et leur aversion pour les immigrés qui travaillent et veulent s’intégrer, qualifiés alors d’ « arabes de service » et de « collabos ». Ces couches privilégiées qui portent leur antiracisme comme un signe extérieur de richesse raffolent de ce lumpen, qu’elles tiennent par ailleurs soigneusement à distance. Il ferait beau voir, en effet, que ces gens-là résident dans le Marais ou soient scolarisés à l’École alsacienne.
Taha Bouhafs quant à lui va vers des temps difficiles, très difficiles. Le lynchage, le vrai, il va en faire l’expérience. Il va entendre la meute hurler tous crocs dehors, renforcée qu’elle sera par la droite passée en mode schadenfreude. Il va voir que ses amis, ceux sur lesquels il pensait pouvoir compter, ne seront pas les derniers à participer à la fête. C’est que désormais, il a la peste. Il est probable aussi qu’il doive faire une croix sur sa carrière de journaliste politique.
Bon, même si évidemment la présomption d’innocence n’est pas divisible, et qu’il ne faut pas hurler avec les loups, on va avoir quelque réticence à le plaindre.