3. Lettre ouverte aux intellos de "gôche" félons, collaborant à Macron : le programme !
Aujourd'hui, à propos du sacre des intellos critiques auréolés de leur programme
Fais ton autocritique camarade. Tu les aimais bien les intellos de gôche soi disant “critiques”, qui rédigeaient des programmes. Tu les admirais. Soit. Un mélange de sentiment de midinette vis à vis des personnes qui pétillent : mon côté gros coup du côté du poumon pour Hippolyte Girardot.
Mais aussi, tu n’avez pas le choix. De tout temps, la confection d’un programme politique a été confiée à une happy few : des responsables politiques “richement dotés en capital social rare”, pour parler comme Pierre Bourdieu.
Prenons l’exemple du suffrage universel accordé au Peuple français en 1848. Comme l’explique Alain Garrigou, au mois de février 1848, le Peuple français est dans la rue pour des raisons économiques et sociales. Le Gouvernement provisoire leur accorde un suffrage universel qu’il ne demande pas. Le texte est rédigé par les constitutionnalistes modérés Louis-Marie de Lahaye de Cormenin et Isambert, qui sont tout sauf des “rouges”. Et ils n'étaient pas du Peuple. Malheureusement, ce n'est pas un cas isolé.
Ainsi, prenons l’exemple du Programme commun de l’union de la gauche : que proposait-il ? Sur le papier, il offrait des concessions majeures : “il y avait une renationalisation de la quasi-totalité du crédit. Il y avait des nationalisations de plusieurs grands groupes. C’était un programme formidable en vérité !” analyse Alain Badiou dans son ouvrage : “Eloge de la Politique”, édition Café Voltaire/Flammarion, 2017.
Ce qui l’était moins, c’est de savoir que, dans la délégation “socialiste”, il y avait un certain Laurent Fabius, fils de riche antiquaire. Possédant une belle maison dans le Vème arrondissement. Enarque. Dans sa remarquable biographie de Georges Marchais, intitulée “Georges Marchais, l’inconnu du Parti communiste français”, Paris, L'Archipel, 2001, 481 p, Thomas Hofnung raconte les longues négociations, qui ont permis au Programme commun de voir le jour. Et les amitiés inattendues, qui se nouent au fil de jours entre membres de la délégation communiste et délégation PS. Notamment entre Sartorius (communiste) et Fabius (“socialiste”).
Jusque là, pas de quoi fouetter un chat. Sauf que Fabius, devenu Premier Ministre en 1984, non seulement jette à la poubelle feu le programme commun. Mais, surtout, entreprend une politique ignoble de fermeture des grands fiefs industriels du Nord et de l’Est de la France. Aujourd’hui, si notre balance commerciale connait un déficit abyssal, 77 milliards d’euros, elle le doit d’abord au dénommé Fabius, qui a cassé délibérément l’industrie française, “mondialisation heureuse” et rentabilité à court terme du capital financier oblige. Le sieur Fabius est surtout responsable du chômage et de la pauvreté de masse sévissant dans le Nord de la France depuis son passage à Matignon. Comme me l’a raconté une amie Lilloise : “à la fin des années 70, la ville de Lille est comme les autres, c’est à dire prospère. Suite aux décisions de Fabius, du jour au lendemain, elle se couvre de sans abris, souvent des salariés licenciés”(sic).
Tout cela est froidement calculé, et j’ai souvenir d’avoir entendu Fabius dire cyniquement lui-même à la télé : “on prend le pouvoir sur la gauche, grâce à un programme très à gauche, type programme commun. Et ensuite, une fois au pouvoir, on fait une politique de droite” (sic).
C’est le mode opératoire de Mitterrand avec le programme commun, puis la rigueur entre 1983 et 1995. C’est aussi le mode opératoire de Jospin en 2017, élu sur le promesse de la RTT et des emplois jeunes. DSK, alors député du Val d’Oise et deux énarques rédigent le programme (1). Ensuite, Jospin impose une rigueur budgétaire de première avec le budget 2001, coupant de façon drastique toutes les enveloppes sociales. Laissant filer sans rien faire la courbe du chômage pendant 17 mois. Son élimination de la course le 21 avril 2002 l’empêche de continuer la rigueur : mais nul doute que c’est la politique qu’il aurait menée. C’est également le mode opératoire de Hollande en 2012, élu sur la promesse de combattre le chômage des jeunes, et qui ne fait rien du tout, dès le premier jour. C’est aussi le mode opératoire de Mélenchon et Corbière, troquant au mois de juin 2017, un programme social-démocrate au profit d’un programme PS bis !
Ce programme social-démocrate, c’est donc une belle pomme empoisonnée, pareille à celle qu’offre la méchante Reine à Blanche Neige ! Certains militant (e) s politiques, plus conscientisé(e)s que les autres le savent. Mais comme eux même ne disposent pas du capital politique nécessaire pour rédiger un programme (capital universitaire rare, titre d’énarque, rédaction de livres et passages média…), ils n’osent pas se lancer dans le rédaction d’un programme. Ou s’ils le font (“programme des Gilets Jaunes”, “programme du Rassemblement “Pouvoir au Peuple”), on leur/nous dit que ce n’est pas un “vrai” programme. Rédigé par un vrai professeur de droit constitutionnel, un énarque, patati patata.
En tout état de cause, les intellos de gôche soi disant “critiques”, rédigeant des programmes socio-démocrates, participant à l’insu de leur plein gré, ce n’est pas mon problème, à la tambouille politicienne du PS et de ses dérivés (LFI), revenant à trahir les intérêts populaires : je ne les aime plus. Je ne veux plus jamais entendre parler d’eux.
“Désormais, le petit bout de coeur qui me reste
Ne traversera plus l’équinoxe funeste
En battant la breloque, pensant à ces ripous.
Il a craché sa flamme et ses cendres s’éteignent
A peine y pourrait-on rôtir quatre châtaignes :
Les intellos critiques, aujourd’hui, je m’en fous”.
(A partir de Brassens : le 22 septembre)
(1)-En 1997, j’animais un réseau de chargés de mission insertion, un par département, chargée de réinsérer les publics les plus en difficulté, grâce au contrat emploi consolidé. L’un d’entre eux était au PS. C’est lui qui m’a racontée comme DSK, qui admirait beaucoup les contrats emploi consolidés en a fait les futurs emplois jeunes, au cours d’une réunion avec deux énarques qui a durée une heure.