2. Lettre ouverte aux intellos de "gôche", qui collaborent activement à Macron par le silence !
Aujourd'hui, à propos du sacre des intellos auréolés de leurs passages médias
Fais ton autocritique camarade. Tu les aimais bien les intellos de gôche passant à la télévision. Soit honnête, tu les admirais. Soit. Un mélange de sentiment de midinette vis à vis des personnes qui pétillent : mon côté gros coup du côté du coeur pour Hippolyte Girardot.
Mais aussi de ma triste expérience de militante du PSU. En 1974, Rocard quitte le PSU avec armes et fracas, pour rejoindre le PS. A la seconde, les journalistes, favorables, voire amoureux de Rocard (cela les gens l’ont oublié, pas moi !), déclarent séance tenante, que le PSU a cessé de vivre. Qu’il n’existe plus, quand bien même Rocard n’est parti qu’avec 2000 adhérents sur les 10 000 que compte alors le parti. A partir de ce moment fatal, le PSU ne fait plus jamais l’objet d’un passage média. On n’en parle plus jamais à la télévision. Il ne s’en est jamais remis. Quand Bouchardeau se présente aux présidentielles de 1981, elle “rassemble” 1,1%, soit moins de 700 000 électeurs. Dire que je suis traumatisée par cette triste histoire ayant provoqué la mort de mon parti préféré, relève de la litote.
Comme écrit René Char : “ma mémoire est une plaie à vif, où les faits passés refusent d’apparaitre au présent. S’ils y sont contraints, ils saignent et une chatte n’y reconnaitrait pas ses petits sanglants”.
A la fin du mois de novembre 2008, Mélenchon et ses lieutenants fondent le parti de gauche (PG). Comme je suis à Asnières dans la salle, je vous jure qu’il y a plus de 3000 personne : du jamais vu au PSU ! Mais ce n’est pas tout : contrairement au PSU, le PG et le Front de gauche disposent de passages médias fréquents et réguliers, notamment sur les chaines info : LCI, BFM-TV. Je suis très épatée d’entendre Mélenchon et ses proches aux 4 Vérités et ailleurs, dès le début du premier semestre 2009, alors que nous ne pesons rien, électoralement parlant. Il faudra attendre le 6 juin 2009, pour que le Front de gauche soit crédité de 6,3% aux élections européennes.
En 2017, la France Insoumise remporte 20% des suffrages, soit 7 millions d’électeurs. Je soutiens que c’est grâce aux passages médias du PG, le FDG et la France Insoumise, qu’on a pu obtenir pareil score. Sur Facebook, au lendemain du premier tour (23 avril 2017), un facebookien raconte comment tous les agents de la banque où il travaille ont voté Mélenchon. Que le vote FI ait infusé chez les salariés des banques, je suis très épatée. Au grand jamais, le vote PSU n’a flirté avec ce groupe social proche de l’idéologie dominante. La seule explication tient aux nombreux passages médias dont a bénéficié Mélenchon et son entourage, qui ont ”naturalisé, “dédramatisé”, le vote FI.
Voilà pourquoi, à tort ou à raison, j’accorde beaucoup d’importance à ces passages médias. Et aux intellectuels, je pense à Jacques Sapir, qui ont la possibilité de “parler dans le poste”, comme on disait dans les années 60. En particulier, je me souviens de ce passage média de Jacques Sapir sur BFM-TV, où ce dernier présente son livre : “La grande dissimulation”. Sapir a rédigé la préface d’un ouvrage rédigé par de nombreux étudiants et universitaires, montrant comment l’Europe “supra nationale”, “fédérale” (projet des américains depuis 1945 relayé par les traitres Monnet et Schuman), a été imposée aux peuples de l’Union européenne de façon sournoise. Souterraine. Pendant longtemps, on nous a fait croire que “l’Europe des nations”, c’était la fin de l’Histoire. Qu’il n’y aurait jamais de gouvernement au-dessus des états membres. D’ailleurs, les Peuples (français, allemand, etc..) ne voulaient pas de ce gouvernement supra national. Quelques temps avant de décéder, les larmes aux yeux, Helmuth Kohl lui-même reconnait que l’Europe supra-nationale a été imposée par la force et par la ruse aux peuples européens. Il s’agit donc d’une arnaque de première ! C’est ce qu’explique Jacques Sapir, bien sûr en des termes beaucoup plus modérés que les miens.
Ce que je pense de ce très beau passage média, c’est que Jacques Sapir joue à fond son rôle d’intellectuel critique. Il utilise les passages médias auxquels il a droit en tant que professeur de l’EHESS, pour casser l’idéologie dominante, eurolâtre.
Mais voilà, entre temps, les réseaux sociaux sont arrivés. Ils ont totalement rebattu les cartes. Créé, inventé, à force de comptes anonymes, un discours critique à l’idéologie dominante. Comme dit Pierre Bourdieu : la télévision a cessé d’avoir le monopole de la formation de l’opinion politique de chacun.
Très modestement, depuis 2009, tous les jours, j’écris sur mon mur Facebook, puis sur mon blog Médiapart jusqu’en 2021. Au début, avec 10 likes par jour. Aujourd’hui, grâce à ma lettre politique indépendante de Substack, j’ai 4,8 millions de lecteurs et 10 000 abonnés entre le 31 mai 2021 et le 10 janvier 2022.
Mon regard admiratif vis à vis des intellectuels critiques passant à la télé a changé. L’idéologie critique au capitalisme mondialisé et à Macron, elle se forge aujourd’hui essentiellement sur les réseaux sociaux. Les intellectuels dorés sur tranche, ils peuvent passer ou non à la télé. Critiquer ou non le système pourri dans lequel nous vivons. Faire de la révolte de TOP 50. Faire semblant de critiquer Macron : aujourd’hui je m’en fous. On n’a plus besoin d’eux, nous, l’opposition extra parlementaire, c’est à dire les Gilets Jaunes, les non vaccinés, les militant(e)s de contre information sur le net.
Mon regard admiratif vis à vis des intellectuels critiques, dorés sur tranche, a également changé, pour des raisons qui n’ont rien à voir avec Facebook. Depuis 2017, c’est à dire depuis l’arrivée de Macron au pouvoir, nos pseudo intellectuels de “gôche” observent un silence réitéré : malgré la violence inouïe de la politique anti sociale, anti humaine menée par le gangster Macron : casse de notre beau code du travail en 2017. Suppression du statut des cheminots. Gilets Jaunes traités pire que les peuples colonisés avant 1914. Fin de non recevoir opposée à huit semaines de mobilisation anti réforme des retraites à compter du 5 décembre 2019 : soit deux fois la durée de Mai 68. En 2020, confinement sévère et absence de masques. Et en 2021, obligation vaccinale à marche forcée.
Je l’ai dit : je n’ai pas pour habitude de brûler ce que j’ai adoré. Mais je romps pour toujours avec ces intellectuels félons, qui nous ont lâchés comme de vieilles chaussettes depuis 2017. Leurs passages média aujourd’hui pour ne rien dire, me laissent indifférentes. Comme aurait dit Brassens, (avec ce qu’il en reste dans ma mémoire), “à peine y pourrait-on rôtir quatre châtaignes” (le 22 septembre) : leurs passages média, aujourd’hui, je m’en fous !