« Convoi de la liberté » : une partie du convoi tente de rejoindre Bruxelles. D'autres parlent d'aller à Strasbourg !
Article rédigé par Le Monde le 14 février 2022 à 10 heures 30
Dernière minute : manif piétonne devant le Parlement européen à Strasbourg aujourd’hui, à 14 heures !
« Convoi de la liberté » contre les restrictions sanitaires : plusieurs véhicules interceptés en tentant de rejoindre Bruxelles
Des centaines de véhicules projettent de manifester dans la capitale belge, malgré l’interdiction, pour protester au niveau européen après une mobilisation très encadrée dans la capitale française
Des centaines de véhicules participant au « convoi de la liberté » parisien contre le passe vaccinal se dirigent vers Bruxelles, lundi 14 février, malgré l’interdiction, pour protester au niveau européen après une première tentative à Paris.
La police belge, déployée sur plusieurs autoroutes, a bloqué quelques véhicules qui s’apprêtaient à converger vers la capitale belge, a annoncé le bourgmestre (maire) socialiste de Bruxelles, Philippe Close, lundi matin. « Pour l’instant on a repéré 400 à 500 véhicules (…), voitures, camping-cars, petites camionnettes. Une trentaine ont été bloqués et les autres se sont un peu évaporés dans la nature », a précisé M. Close à la radio La Première (RTBF).
Lire notre le reportage : Article réservé à nos abonnés « Ras le bol d’être ridiculisées » : une journée dans les « convois de la liberté »
Selon lui, en début de matinée, une quarantaine de véhicules avaient rejoint le parking C, une aire de stationnement en périphérie de Bruxelles vers laquelle la police a décidé d’orienter les manifestants des convois. De là il sera possible de « négocier avec la police un parcours à pied », a précisé M. Close. « Mais il s’agit de ne pas prendre en otage la capitale » belge, a-t-il mis en garde.
« Ce qui est compliqué ici, c’est qu’on n’a pas de demande d’organisateur. En Belgique vous devez introduire une demande pour manifester. On est vigilant, c’est pour ça qu’on mobilise largement », a ajouté M. Close.
Vendredi, le premier ministre belge, Alexander De Croo, avait conseillé aux manifestants de renoncer à venir à Bruxelles. « Je dis à ceux qui viennent de l’étranger : regardez les règles en Belgique. Nous n’avons jamais eu de règles trop dures et nous n’en avons plus tellement. Alors plaignez-vous chez vous », a-t-il lancé.
Hésitation à rallier Strasbourg plutôt que Bruxelles
Les autorités belges ont rappelé dimanche aux participants du convoi qu’il était interdit de manifester lundi dans la capitale. La police de Bruxelles a mis en ligne sur les réseaux sociaux des consignes en quatre langues – français, néerlandais, allemand et anglais : interdiction de manifester avec les véhicules, conseil de ne pas se rendre à Bruxelles en voiture, canalisation des convois sur un parking du parc des expositions, à la périphérie de la ville, « seul endroit où une action statique sera tolérée ».
Par mesure de précaution, la police de Bruxelles a annoncé lundi matin la fermeture de l’autoroute européenne 40 (E40) dans le sens Louvain-Bruxelles. Il s’agit d’un grand axe empruntée notamment depuis l’est de l’Allemagne et la Belgique. L’aéroport de Bruxelles a également conseillé aux voyageurs de prendre leurs précautions lundi et de venir en train, par crainte d’un blocage des voies d’accès.
Lire notre reportage : Article réservé à nos abonnés « On a le sentiment d’être oppressés » : à Paris, les « convois de la liberté » convergent
Dimanche soir, environ 1 300 véhicules, selon la police française, ont fait escale près de Lille, non loin de la frontière. Arrivés dans un concert de klaxons, sur un parking à dix kilomètres de la métropole du nord de la France, les participants y ont manifesté dans la soirée aux cris de « On lâche rien ! », « Liberté ! Liberté ! », brandissant de nombreux drapeaux français.
« On ira à Bruxelles pour essayer de bloquer, pour lutter contre cette politique de contrôle permanente », affirmait à l’Agence France-Presse (AFP) Jean-Pierre Schmit, un chômeur de Toulouse de 58 ans qui a manifesté samedi à Paris. « Le programme, c’est petit à petit aller voir toutes les institutions européennes (…), on ne sait pas jusqu’où on va aller, mais on chemine et on fait entendre notre voix », expliquait à l’AFP Sandrine, une chargée de production de 45 ans venue de Lyon et refusant, comme beaucoup, de donner son nom.
Mais conscients des interdictions en vigueur en Belgique, certains occupants de ces véhicules se montraient indécis quant à leur destination finale. Parmi plusieurs propositions était évoquée l’idée de rallier Strasbourg, siège du Parlement européen.
Manifestations à Paris durant le week-end
Venu de toute la France, l’autoproclamé « convoi de la liberté », à l’instar des convois au Canada qui paralysent Ottawa et ont fait des émules dans plusieurs autres pays, avait convergé en fin de semaine vers Paris. Mais, si la police recensait vendredi soir 3 000 véhicules pour 5 000 manifestants autour de Paris, tous n’ont finalement pas rallié la capitale.
Samedi, plus d’une centaine de véhicules étaient finalement parvenus à rejoindre les très touristiques Champs-Elysées, avant d’en être progressivement évacués à coups de gaz lacrymogène.
Lire l’analyse : Article réservé à nos abonnés Entre apaisement et dénigrement, le gouvernement cherche le bon ton
Au Canada, où est né ce mouvement de blocage routier, la police a finalement délogé dimanche les manifestants qui occupaient depuis une semaine un pont frontalier stratégique avec les Etats-Unis, qui a pu rouvrir, sans pour autant décourager les protestataires à travers tout le pays et notamment à Ottawa.
Le mouvement français rassemble des opposants au passe vaccinal, qui réserve aux personnes immunisées contre le Covid-19 l’accès à bon nombre de lieux accueillant du public, mais aussi des manifestants aux revendications sociales. Ces dernières portant sur le pouvoir d’achat et le coût de l’énergie sont similaires à celles du grand mouvement de contestation populaire des « gilets jaunes » qui avait secoué la France pendant plusieurs mois à partir de l’automne 2018.
Notre sélection d’articles sur le Covid-19 et la vaccination Vérifications
« Convois de la liberté » : une centaine de personnes interpellées samedi à Paris
« Convois de la liberté » : plusieurs milliers d’opposants au passe sanitaire aux portes de Paris
« Convois de la liberté » : Marine Le Pen estime qu’Emmanuel Macron